Après s'être
abstenu par deux fois d'apporter son soutien au projet d'une force
d'intervention au Mali, présenté par l'Union africaine (UA) et la Communauté
économique des Etas d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), le Conseil de sécurité de
l'ONU s'est dit prêt à soutenir l'envoi de troupes au Mali pour combattre les
rebelles touareg et les islamistes armés.
Dans un communiqué
rendu public, le Conseil de sécurité a indiqué que ses membres sont prêts à
étudier la requête de la Cédéao une fois que des informations supplémentaires
lui auront été fournies quant aux objectifs, aux moyens et aux modalités du
déploiement envisagé. La Cédéao dit compter près de 3.300 hommes prêts à
intervenir au Mali pour combattre les insurgés qui contrôlent le nord du pays.
La semaine passée, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est abstenu par deux fois
d'apporter son soutien au projet d'une force d'intervention, le jugeant
notamment trop imprécis. Le Conseil a, par ailleurs, dit lundi «partager les
inquiétudes» de l'Afrique de l'Ouest concernant la situation au Mali, où dans
la foulée du putsch du 22 mars, l'immense région désertique du nord du pays est
tombée aux mains du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA,
rébellion touareg) et surtout d'Ansar Dine et de son allié Al-Qaïda au Maghreb
islamique (Aqmi). En outre, le Conseil de sécurité «encourage une solution
politique de la crise» et soutient les efforts fournis par le président
burkinabais, Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao dans la crise malienne. La
Cédéao et l'UA devront étroitement collaborer avec les Nations unies et les
pays de la région afin de se préparer à plusieurs «options» quant à une action
au Mali, souligne le communiqué. Lors d'une réunion à Abidjan, samedi, le
général Soumaïla Bakayoko, chef de l'armée ivoirienne, avait indiqué que la
force ouest-africaine servirait à «stabiliser et consolider» les institutions
de transition à Bamako et, aux côtés de l'armée malienne, à «engager la
reconquête du Nord-Mali». Selon le général Soumaïla, l'effectif estimé pour
cette opération est de 3.270 hommes. Les «gros effectifs» seront «fournis par
le Nigeria, le Sénégal, le Niger, mais tout le monde participera, y compris la
Côte d'Ivoire», a-t-il ajouté. Le même responsable militaire a affirmé que, dès
la semaine prochaine, des éléments de l'état-major de la Cédéao iront à Bamako
travailler avec leurs camarades de l'armée du Mali pour voir les modalités
pratiques de l'envoi de la force. La «dernière planification» de l'opération
aura lieu à Bamako, a-t-il précisé, soulignant que le chef d'état-major du
Mali, présent à la rencontre, «a montré la volonté de l'armée malienne
d'accueillir» cette force, qui devrait intervenir en soutien à l'armée
régulière. Le Mali a insisté jusque-là sur le fait que tout éventuel déploiement
d'une force ouest-africaine devait se faire à sa demande. La réunion d'Abidjan
devait servir à valider le «concept d'opération» élaboré ces trois derniers
jours dans la capitale économique ivoirienne par les militaires de la Cédéao,
assistés d'experts de l'ONU, de l'UA et des Etats-Unis, entre autres. Le chef
d'état-major de l'armée malienne, le colonel major Ibrahima Dahirou Dembélé, a
jugé devant la presse «très difficile» que la situation au nord se dénoue «sans
une solution militaire». «Même s'il y a négociation, je ne compte pas beaucoup
sur la bonne foi» des groupes armés, a-t-il souligné. Lundi, les islamistes
d'Ansar Dine, l'un des groupes armés contrôlant le nord du Mali, se sont dits
prêts à négocier avec le médiateur, le président burkinabais Blaise Compaoré,
qui leur a demandé de rompre avec les terroristes d'Aqmi. Médiateur de la
Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) dans la crise
malienne, M. Compaoré pousse au dialogue au moment où la Cédéao accélère le pas
en vue de l'envoi éventuel d'une force dans le nord du Mali, tombé aux mains de
groupes armés depuis fin mars.