
Depuis que
l'Algérie a commencé à construire des logements sociaux pour les «distribuer»
(selon l'expression populaire) aux citoyens non aisés, nous entendons parler de
ces imperfections, ces finitions qui laissent à désirer et ces manquements à
toute déontologie envers ces citoyens qui se considèrent, à juste titre, de
seconde zone.
En effet, on se
souvient des pièces minuscules, des portes en mauvais bois, des fenêtres qui ne
ferment pas, des robinets inexistants, de la salle de bain que nous ne voyions
que dans les films et aussi d'une isolation quasi-inexistante. Puis, petit à
petit, l'exigence citoyenne a fini par être un tant soit peu prise en compte et
les responsables concernés ont commencé à intégrer des ?options' dans le
logement social, comme la faïence sur les murs de la cuisine ou des toilettes
et salle de bain. Une recherche plus poussée dans la disposition des pièces,
dans l'architecture, dans la peinture des murs, l'aération et même les diverses
installations sont faites maintenant. Au cours des visites sur le terrain, les
walis ou le ministre insistent beaucoup sur la finition des constructions, sur
la qualité des matériaux utilisés et aussi sur la beauté des sites ainsi que
les normes urbanistiques et architecturales. Mais il faut dire qu'en réalité
très peu a été fait en ce sens et la plupart des entreprises détentrices de
marchés de construction de logements sociaux essaient par tous les moyens de
frauder sur la qualité des matériaux, sur la finition, sur le design et la
réalisation en elle-même, pourvu que cela ne se voit pas. Un exemple probant a
été donné par un bloc, le dernier à avoir été livré d'un total de 15
représentant la cité 200+100 à L'Arba et qui a vu sa réalisation passer par une
péripétie que les lieux ne sont pas prêts d'oublier. En effet, la
superstructure bétonnée a déjà été refaite à cause de la qualité du béton qui a
été refusée par le CTC. Le projet en entier ayant connu un retard considérable,
le contrat fut rompu avec l'entreprise chargée de la réalisation et la
réalisation confiée à plusieurs autres entreprises, dont le bloc en question.
La quasi-totalité des autres blocs ont été terminés presque dans les temps
impartis, sauf le fameux bloc qui connut des retards considérables arrivant à
plusieurs mois. Finalement, les bénéficiaires ayant été positionnés dans ce
bloc reçurent leurs clefs et commencèrent à emménager. Mais les problèmes
commencèrent à surgir aussitôt et des réclamations furent déposées auprès des
services de l'OPGI. Dans certains logements, c'est la tuyauterie qui est mal
branchée et des habitants ont été surpris de voir l'eau surgir des tuyaux
réservés au ? gaz ! Ils ont été obligés de remettre les choses à leurs places
mais ils n'étaient pas au bout de leurs peines, contrairement à ce qu'ils
pensaient. Sans parler des portes d'entrée qu'ils ont été obligés de changer
car si fragiles qu'elles ne pouvaient leur garantir ne serait-ce qu'un semblant
de sécurité, ils ont été vite submergés par les eaux usées qui suintaient
d'abord des plafonds puis coulaient en flots importants et continus des tuyaux
en PVC et même des plafonds, constituant même un danger car noyant les lampes.
Le carrelage à l'intérieur des logements garde des traces repoussantes de
saleté, car il n'a pas subi de ponçage-lustrage comme prévu dans le cahier des
charges. Mais ce sont toujours les infiltrations d'eaux usées qui constituent
une gêne pour les habitants, surtout que certains risquent de voir leurs
plafonds tomber sur les occupants de la pièce ou de la salle de bain. Mais le
plus dangereux reste les cheminées sensées évacuer les gaz brulés des poêles et
autres appareils utilisant le gaz de ville et qui sont bouchées, parfois
volontairement par les ouvriers car on a même retrouvé des blocs de béton à
l'intérieur. Et ceci, sans citer la peinture très mal terminée, les portes qui
ne ferment pas, les robinets qui fuitent de partout, et même les lampes qui
sont de la qualité la plus médiocre qui puissent exister sur le marché. Ce
n'est pas tout, car même dehors la finition laisse à désirer, que ce soit pour
les montants des cages d'escaliers, les marches, la pente ou le décor, rien
n'est fait selon les normes ou le cahier des charges. Ceci d'un coté, car, de
l'autre, on se retrouve perplexe quand on visite les logements réalisés par des
entreprises étrangères et qui sont vraiment différents question finition,
réalisation ou matériaux utilisés. C'est une question qui taraude l'esprit de
tous ceux qui ont eu à voir les deux revers : les logements construits par nos
entreprises et ceux par des entreprises étrangères, et qui est: Pourquoi ?
Malheureusement l'exemple que nous avons donné n'est pas le seul, ces
mésaventures arrivent à presque tous ceux qui ont bénéficié de logements
sociaux, de telle sorte que c'est entré dans les mœurs et que chacun prévoit un
budget pour ?la mise en forme' du logement social dont il bénéficie. Jusqu'à
quand allons-nous subir cette médiocrité ?