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Abdelhamid Temim, en route vers la sous-traitance des équipements pétroliers

par Brahim Baahmed

Polycad produit des pièces de caoutchouc pour plusieurs filières industrielles. Une aventure entrepreneuriale locale qui a grandi. Abdelhamid Temim en est la cheville ouvrière. Portrait en action d'un chef d'entreprise que le contexte hostile des débuts n'a pas stoppé. Aujourd'hui il s'apprête à placer ses produits dans l'amont pétrolier.

Abdelhamid Temim a lancé à Draâ El Mizan (Tizi Ouzou), en 1994, la Sarl Polycad dans un environnement économique national en pleine mutation. «L'idée de créer une entreprise est venue en discutant avec des amis. J'ai choisi le créneau de la fabrication de pièces en caoutchouc parce que c'est mon domaine et c'est un domaine porteur difficile à conquérir aussi.» L'investissement en Algérie était en 1994 au point mort. Nonobstant des embûches et un marché exigeant, un regard positif sur l'avenir caractérisait le manager de la Sarl Polycad. Il a su surpasser depuis la création de son entreprise plusieurs entraves. Abdelhamid Temim a résisté avec lucidité et a lutté contre la disparition de son entité. Il totalise actuellement plus de 18 ans d'expérience dans la fabrication de pièces à base de caoutchouc naturel, synthétique et autres produits chimiques destinées aux différentes machines industrielles, secteur pétrolier et à l'industrie automobile. Ça n'était pas facile. Le savoir-faire lui était une source de consonance et de force. La fabrication des pièces en caoutchouc reste une technique difficile à maîtriser.

Depuis la création de son entreprise, Abdelhamid Temim ne cesse de diversifier ses produits. «Je suis ingénieur en mécanique de formation. J'ai travaillé dans le secteur pétrolier. Après, j'ai occupé plusieurs postes de responsabilité dans le secteur de la plasturgie et caoutchoucs à l'ENPC de Rouiba et Draâ El Mizan, principalement». Pour le patron de Polycad, le succès ne vient qu'avec de la persévérance et du travail hardi, mais aussi d'un certain sens du mixage des talents : «Il faut intégrer le métier et l'art du management pour aller de l'avant».

LA DIVERSIFICATION AU C?UR DU DEVELOPPEMENT

Tout au début de la création de Polycad, le marché ne lui a pas ouvert ses grands bras. Cela laisse des souvenirs. «Le premier marché que j'ai eu, raconte Temim, c'était avec l'entreprise publique Naftal. Cela concernait la livraison de 500 000 joints pour bonbonnes de gaz butane. Le montant de l'affaire s'élève à 4 millions de dinars. C'était une bouffée d'oxygène déjà pour l'entreprise.» Il faut dire que le secteur d'activité de Polycad est exigeant en matière de technicité. Il est en perpétuel instabilité puisque la matière première coûte cher et cotée en Bourse mondiale. Le développement par la diversification de produits est inscrit, pour M. Temim, dans sa stratégie. «Nous avons le savoir-faire. La prospection de nouveaux clients reste un travail dur. Nous avons travaillé pour de nombreuses entreprises nationales et privées à l'instar de Anabib de BBA, Complexe des tracteurs de Constantine et la SNVI de Rouiba et autres. Je précise que malgré la compétitivité de nos produits par rapport aux produits importés, le produit importé reste préféré pour des causes discriminatoires», dira notre interlocuteur. La politique recrutement est à l'aune de la gestion de la Sarl Polycad. «Notre entreprise a bénéficié d'un projet d'appui de l'Etat engagé dans le cadre de EDPME-MEDA1. Nous avons contribué de 20% de la somme allouée à l'étude réalisée par des experts algériens dans le domaine de la gestion des entreprises. Suite aux résultats de l'étude, nous avons recruté trois ingénieurs : en génie mécanique, électrotechnique et génie des procédés. Nous avons formé sur place une dizaine de machinistes. Une démarche qui nous a permis d'améliorer notre compétitivité. Il nous a permis aussi de gagner du temps sur le plan conception de pièces techniques. Nous avons mieux organisé notre entreprise en commençant de la conception, fabrication et commercialisation. Ce qui s'est répercuté sur notre portefeuille clients qui a été développé de manière notable. Nous avons formulé une demande pour une deuxième étude dans le cadre EDPME-MEDA2, nous voulons aller vers la certification de notre système de gestion selon la norme internationale ISO 9001 versions 2008. Nous avons les moyens et nous sommes prêts à occuper plus d'espace et gagner d'autres parts de marché et pourquoi pas exporter».

«LE SECTEUR PETROLIER DOIT PRIVILEGIER LE PRODUIT NATIONAL»

Le secteur pétrolier, selon M. Temim, consomme annuellement plus de 2 milliards de dollars en toutes pièces de rechange confondues. «C'est dans une réunion de travail, devant un parterre d'industriels, que l'ex-ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil en l'occurrence, a déclaré que le secteur pétrolier a un besoin annuellement de 2 milliards de dollars en différentes pièces de rechange. La quasi-totalité des pièces sont importées !». En dépit des réticences affichées par les responsables de ce secteur, M. Temim a su comment prospecter ce marché porteur et attend la promulgation de son produit, destiné aux pipes, afin de lancer une production en série tout prochainement. Dans le cadre du programme allemand GIZ, Polycad est inscrit dans «Cluster auto-mécanique» épaulé par le ministère de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, plusieurs rencontres ont été organisées regroupant une panoplie d'entreprises activant dans le même secteur. «Le dernier regroupement du «Cluster auto-mécanique» a été organisé, le 27 février dernier, à l'hôtel Sofitel d'Alger. L'échange d'expériences et les communications présentées étaient fructueuses». Tout est cependant loin de baigner dans l'huile. Le patron de Polycad souffre du manque de viabilisation de la zone d'activités de Draâ El Mizan. C'est la raison pour laquelle quatre machines ne sont pas opérationnelles. «Nous pouvons faire mieux. L'administration doit assurer un terrain adéquat au travail».