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La bonification fait décoller le crédit immobilier

par Yazid Taleb

Le crédit immobilier est en plein boom depuis la fin 2010, boosté par la mise en place des crédits bonifiés qui ramène les taux d'intérêt sur l'immense majorité des prêts à 1%. Tous les acteurs bancaires s'y mettent, même les banques privées qui ont fini par prendre le train en marche.

La Banque d'Algérie a déjà signalé, il y a plusieurs semaines, une croissance accélérée des crédits immobiliers aux ménages en 2011. L'augmentation est estimée à près de 19% pour l'année dernière. Les derniers chiffres communiqués par les banques, notamment la CNEP-Banque et la BDL, confirment la tendance. Et pour cause, depuis deux ans les pouvoirs publics n'ont pas ménagé leurs efforts. La LFC 2009 a créé un dispositif de bonification des taux d'intérêt extrêmement avantageux pour les emprunteurs. Ce dispositif dont est exclue la seule auto-construction se traduit dans la plupart des cas (98% des prêts) par un taux d'intérêt effectif qui ne dépasse pas 1%. Après avoir connu quelques retards, la mise en place de ces mesures est effective dans la plupart des banques publiques depuis le début de l'été 2010. Les banques privées ont été un peu plus longues à l'adopter.

LA CNEP TOUJOURS LEADER

Les bilans disponibles traduisent un engouement incontestable. Le palmarès reste dominé par la CNEP. En 2010 la «Banque de l'habitat» annonçait déjà un peu plus de 17 000 dossiers traités et 24 milliards de dinars de crédits en revendiquant près de 55% de part de marché. Les performances enregistrées en 2011 marquent une amélioration spectaculaire de ce bilan. Le nombre de crédits accordés l'année dernière est en hausse de près de 25% avec plus de 21 000 dossiers traités. Le montant des crédits accordés explose littéralement. Il représente désormais plus de 36 milliards de dinars, en hausse de 50% par rapport à 2010 en raison à la fois de l'augmentation du nombre de dossiers et du montant moyen des prêts qui dépasse désormais légèrement 1,7 million de dinars. Plus de la moitié des crédits accordés par la CNEP en 2011 sont des crédits bonifiés. Ils portent sur environ 12 000 dossiers traités pour un montant un peu supérieur à 17 milliards de dinars. La banque dirigée par M. Djamel Bessaa s'est également efforcée l'année dernière de gérer l'afflux des demandes de crédits bonifiés qui ont doublé en un an. Les délais de traitement ont été fortement réduits et varieraient aujourd'hui selon la CNEP entre 2 et 4 jours ouvrables. La CNEP a surtout été concurrencée au cours des dernières années par la plus petite des banques publiques algériennes, la BDL, qui a fait de ce créneau l'un des moteurs de sa croissance. Une stratégie confirmée et renforcée en 2011. La BDL a accordé l'année dernière plus de 6 600 crédits immobiliers aux ménages pour un montant total de 7,6 milliards de DA en hausse de 54% par rapport à 2010. L'importance de l'augmentation observée dans ce type de crédits en 2011 s'explique selon le directeur des crédits aux particuliers de la banque, M. Nouredine Neddir, par «la mise en place du crédit immobilier à taux bonifié qui a dopé le marché des demandes de crédits logements». Sur les 7,6 milliards de DA de crédits immobiliers accordés par la BDL en 2011, plus de 60%, soit 4,8 milliards de DA, sont des crédits à taux bonifiés.

LES BANQUES PRIVEES SUIVENT...

Les banques privées avaient manifesté, jusqu'à une période récente, plus de réticences vis-à-vis d'un produit dont le développement restait, selon un banquier privé, contrarié principalement par «l'insuffisance de l'offre de biens ainsi qu'une spéculation importante qui fait que le prix des biens disponibles dépasse souvent de beaucoup la capacité d'endettement des clients des banques». Certaines de ces banques, à l'image de Société Générale Algérie ou de BNP Paribas El Djazair semblent depuis le dernier trimestre 2010 avoir changé leur fusil d'épaule et s'inscrire désormais résolument dans le nouveau dispositif mis en place par les pouvoirs publics. Ainsi qu'en témoignent les vastes campagnes publicitaires lancées dès le dernier trimestre 2010 pour la promotion des produits «Marhaba» et «Immo +». Explication d'un spécialiste du dossier: «Les augmentations de salaires des dernières années combinées à la réduction des taux d'intérêt ont changé la donne et renforcé sensiblement la solvabilité des demandeurs de crédit». Dès l'été dernier, Société Générale Algérie annonçait une production doublée en une année avec près d'un millier de dossiers et 1,5 milliard de dinars accordés à fin 2010. BNP Paribas est sur la même pente avec 1,3 milliard de dinars de crédits immobiliers accordés à fin 2010. Les résultats pour 2011 attendus prochainement seraient en forte augmentation pour les 2 leaders du secteur privé.