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Mourad Moula, PDG de Vénus Sapeco, un persévérant qui fait école

par Amar Ingrachen

Mourad Moula est pionnier dans ce qui touche à la tête. Beauté et savoir. Fondateur en 1981 de Vénus Sapeco, le laboratoire qui emploie aujourd'hui 300 personnes, il est l'initiateur d'une première licence professionnelle en cosmétique à l'université de Blida. Il n'a pas attendu une ressource humaine bien formée qui n'arrivait plus. En impénitent homme de mouvement, il va de l'avant.

Costaud, bien moulé dans son costume, les traits imposants, Mourad Moula fait encore jeune. Il a 61 ans. Et des tonnes d'optimisme. Issu d'une famille de commerçants spécialisés dans la distribution de produits d'entretien, il a pris le temps d'une formation en économie avant de se lancer dans l'entreprenariat ambiant. Après un passage à la tête d'une entreprise publique il crée, en 1981, le laboratoire Vénus Sapeco spécialisé dans la fabrication de produits cosmétiques. Le saut d'obstacles pour lancer une entreprise, il l'a connu au pire moment. «Au début des années 80, l'émergence inattendue de la crise économique a rendu encore plus dure la création d'entreprises. Toutefois, notre ténacité pour faire aboutir notre projet a permis de démarrer graduellement notre activité dans des conditions très difficiles et parfois insupportables.» Aujourd'hui, Vénus Sapeco est une affaire qui marche. Et Mourad Moula s'en réjouit. «L'Entreprise a débuté en 1981 avec trois shampooings pour aboutir à une variété de 80 produits entre soins dermiques, capillaires, dentifrices, déodorants et parfums. A sa création, Vénus était composée de 10 travailleurs alors qu'en ce moment, nous sommes à plus de 300 travailleurs, tous des nationaux, dont 40 universitaires de différentes spécialités». 300 emplois et une politique salariale hardie. «Le système salarial que nous appliquons répond aux exigences légales. Il est semblable à celui appliqué au niveau des entités économiques» Conséquence, «à part quelques réclamations liées au déroulement des carrières», Vénus Sapeco cultive la paix sociale.

UN DEVELOPPEMENT SUR FONDS PROPRES REINVESTIS

Depuis sa création, l'entreprise «a traversé plusieurs étapes qui ont participé à sa maturation et qui ont fait que Vénus constitue une référence en étant le leader dans le domaine des cosmétiques au niveau national. Notre modèle de gestion n'est pas étranger à cette performance appréciable du fait que notre système de management a été crédité de deux certifications en 2003 et 2008 respectivement pour la qualité et l'environnement (9001 et 14 000)». Le secret ? Mourad Moula n'est pas tout à fait prêt à nous le donner. En revanche, celui-ci pense que «les investissements formalisés qui sont non négligeables sont réalisés sur fonds propres du fait que tous les bénéfices réalisés sont systématiquement réinvestis dans l'outil de production.»

Mourad a tenté de se déployer à l'international. La chose n'est pas facile et il en est conscient. «Nous avons commencé l'exportation de nos produits en 1994 dans le cadre du remboursement de la dette avec la Russie. Cela a été une première expérience qui nous a permis de cibler d'autres pays, notamment le Maroc et dans une moindre mesure la France. Si nous avons pu atteindre le marché français notamment, c'est que nous fabriquons des produits de qualité dont certains en partenariat avec une entreprise française depuis plus de quinze ans. Cependant, la pénétration du marché extérieur est difficile.» Les raisons ? «Cette difficulté est due, d'une part, à notre manque de professionnalisme en la matière. D'autre part, à l'inertie des missions économiques de notre pays à l'étranger.» Handicap de taille, Vénus trouve beaucoup de difficultés à recruter un personnel qualifié, notamment en ce qui concerne certaines spécialités pointues telles que le management, le marketing et la production, et ceci se répercute directement sur son rendement.

PARTENARIAT AVEC L'UNIVERSITE DE BLIDA

Cette entreprise, cependant, contrairement à plusieurs autres au niveau national, n'est pas restée les bras croisés sur cette question de la rareté de la ressource humaine qualifiée. Elle a cherché des solutions et elle en a trouvé. Mourad Moula en est résolument satisfait. «Tous les observateurs avertis s'accordent à reconnaître l'absence de synergie entre les opérateurs économiques et les universités algériennes. Conscients de ces insuffisances, les Laboratoires Vénus Sapeco ont été les premiers à initier la mise en place d'une licence professionnelle en cosmétologie avec l'université de Blida et dont la première promotion est sortie au courant de l'année 2010. Cette initiative salutaire qui a été couronnée de succès a servi d'exemple pour la mise en place d'actions similaires avec d'autres opérateurs économiques.». Lorsqu'il évoque des écueils, Mourad Moula enchaîne toujours en ouvrant des pistes de solution. Une nature. «Les investisseurs privés sont confrontés à d'innombrables entraves pour mener à terme leurs projets. Les plus significatives à mon sens concernent le foncier et les lenteurs bureaucratiques qui caractérisent les démarches liées aux investissements.» Mais dans le même temps le patron de Vénus Sapeco encourage les jeunes, notamment universitaires, à se lancer dans l'investissement. «Confiance en soi», «pugnacité», «persévérance», sont pour lui les gages du succès. Son optimisme n'est pas béat. Mourad Moula évoque de vraies raisons de croire à un progrès de l'économie algérienne compte tenu «des énormes opportunités qui demeurent encore inexploitées. Pour notre part, il est indéniable que nous continuerons à persévérer dans notre démarche d'investissement continue.»