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De la même farine ?

par Ali Brahimi

Une orge, cela ressemble à une fille : elle s'accroît rapidement Alors que le blé, c'est comme un garçon : il grandit lentement « Adage d'anciens céréaliculteurs »

En fin de la semaine écoulée, des déclarations contradictoires comme celles qui ont été déjà exprimées par le passé, pour le seul intérêt de charmer les uns et contrecarrer les autres, se sont reproduites dans le même sillage, mais cette fois-ci en dévoilant clairement et sans ambages les limites de nos moyens de stockages et conservation, pluriannuelle, de nos produits céréaliers altérables notamment en saison estivale a cause, de moyens appropriés et, surtout, du manque de suivi permanent du taux d'humidité des silos et sur d'autres facteurs nuisibles en découlant dont les insectes granivores dénaturant sérieusement par leurs souillures, notamment engendrées par les trogodermes, la qualité des grains entreposés .

 A ce sujet, des utilisateurs en la matière ont remarqué que les impuretés, multiples grains de mauvaises herbes et autres poussières nuisibles à la bonne panification, lèsent sensiblement la qualité marchande de nos céréales. Ainsi, d'après eux, ils ont relevé jusqu'à 20%, la présence de ces malpropretés, soit 20 Kg par quintal notamment pour l'orge et même pour les blés de certaines régions.

Ce qui est, effectivement, énorme voire inimaginable et mérité d'être discuté et vérifié.

 En ce qui concerne les farines de blés, ce taux ne devrait pas dépasser 2% pour qu'il soit optimisé spécifiquement en terme d'uniformité granulométrique, pour qu'il soit fermentescible, sans ajouts exagérés de levures chimiques et autres « améliorants » comme cela est pratiqué actuellement par une grande majorité de boulangers.

 La récente chute des cours du blé, de haute qualité boulangère, fausse tous les calculs de l'OAIC - Office algérien interprofessionnel des céréales-qui avait pris l'habitude d'accepter tout en vrac les céréales sans distinction qualitative, ou peu, à l'échelle de ses différentes CCLS - Coopérative de céréales et légumes secs - versant souvent dans la complaisance ? sassée selon les têtes des clients. A ce propos, des mélanges de blés, aux différents calibres et de distinctes qualités boulangères, sont dans un même? sac, et ce, au prix plafond et soutenu de surcroît !

 Par conséquent, affirmer qu'on avait économisé pour plus de 1 milliard de dollars d'importation de blés - d'autant plus que cela s'inscrit en droite ligne dans les consignes données en haut lieu pour alléger la facture - c'est aller vite en besogne voire prête à confusion pour la simple raison que leur calcul semble être fait sur la base d'un prix d'acquisition d'un boisseau de blé autrefois élevé et soutenu, faut-il le rappeler, alors que ces derniers temps sa valeur boursière dégringolé et fluctue considérablement, au niveau des marchés mondiaux, et que ce blé importé, qu'on le veuille ou non, reste de meilleure qualité boulangère que celui produit localement et soutenu également de surcroît, et ce, pour les raisons invoquées ci-dessus.

 Ces surprenants retournements de situations, pourraient s'apparenter à: Perdre le beurre et l'argent du beurre ou encore l'adage suivant:

 Le chat s'est enfuit avec la corde qui le tenait ! Le tout « bien emballé » au mépris du bon sens. Comme d'habitude.

 A l'image, justement, et sur un tout autre sujet non moins important, des déclarations opposées de deux ministres avec à chacun ses soi-disant arguments sur les dépôts financiers estimés par notre argentier, intérêts y compris, à plus de 160 milliards de dollars pour 2010 et à plus de 190 milliards de dollars prévus en 2013. Dépôts opérés auprès des institutions financières internationales dont celles des USA, en pleine crise dollaresque, et qui sont en train de les marchander à leur manière atavique. En cow-boy ! Pour d'autres « poignées de dollars ».

 Aux USA et dans certains pays de l'Europe, des officines liées à d'immenses intérêts financiers, à travers le Monde, sont mises au courant au jour le jour par des analystes qui sont tellement informés qu'ils leur étalent tous les secrets des petits aux grands, au moindre détail, des gouvernants notamment ceux supervisant directement les matières énergétiques en premier lieu.

 Ces derniers sont pressurés comme le voudraient ces «chasseurs de primes » de l'ombre, et ce, en utilisant des moyens de chantages infaillibles, imparables, dont le terrorisme, la dépendance alimentaire et bien d'autres choses d'ordre personnel. Les exemples en foisonnent en Afrique surtout après la disparition des dirigeants et parfois de leurs vivants. Les banques suisses et autres paradis fiscaux en témoignent également dans ce sens ! Ci-après de larges extraits d'un de nos articles, parmi tant d'autres parus tous au Quotidien d'Oran de ces trois dernières années, sur la dépendance alimentaire liée aux gigantesques intérêts ci dessous esquissés.

STATISTIQUES AGRICOLES ET INTRIGUES TOUT AUTOUR DE LA FARINE DE KHOBZA

 A ce propos, en fin de la semaine écoulée, il a été question encore une fois, lors de la réunion des cadres céréaliers, du bilan de la campagne moissons battages 2008/2009 et sur bien d'autres sujets liés. En effet et d'après M. le Ministre chargé de ce département, via le journal télévisé de 20 h en date du 24 septembre 2009, il parait que le pays aurait une production de prés 60 millions de quintaux toutes céréales confondues. Du jamais vu, depuis l'indépendance nationale ! D'autres disent depuis 1970.

Cependant, et d'après ses mêmes déclarations , l'orge vient en tête en terme d'autosuffisance - au profit du bétail bien évidemment - pour une durée de quatre années - 3 ans rapporté par le quotidien El khabar du 25/09/2009 - alors que pour les blés, constituant la base de notre pitance quotidienne, ils ne pourront satisfaire les besoins grandissants de la population que pour 7 mois seulement tout en sachant qu'ils ont atteint un chiffre record estimé à 3,5 millions de tonnes d'après le même responsable soit 35 millions de quintaux de blés, soit un quintal/habitant/an. L'orge, quand à elle, a atteint le chiffre de 24 millions de quintaux soit 2,4 millions de tonnes.

 Dans ce même sillage, nous tenons à rappeler les actes du symposium tenu à Alger le 28/10/2008 et regroupant plus de 250 participants spécialistes céréaliers dont des cadres dirigeants de l'Association française de promotion céréalière. Ce séminaire avait fait l'objet d'un article, de notre part, intitulé « laissez-passer laisser-faire !», paru au Quotidien d'Oran du 13/11/ 2008.  

Le président, de ladite association, stipulait: « L'investissement réel et concret doit être fait par les entrepreneurs algériens. Ce n'est qu'après que l'interprofession française apportera son aide technique pour les semences et sur les investissements de recherches ». Et de notre part de remarquer: « A notre connaissance, le nerf de la guerre - du savoir lié à l'intérêt marchand - ne s'octroi jamais. Mais alors pas du tout semble insister de par son message tout en clarté. C'est du tout franc ! » Et au dit président de dévoiler : « La France à livré à l'Algérie en 2007/2008, plus de 2 millions de tonnes de blé tendre et 400 000 tonnes de blé dur »

 Selon leurs informations données, lors dudit séminaire, cette volumineuse quantité ne représentait que 50% de nos importations en ces deux sortes de blés. Logiquement, et selon ses dires, nous importons donc globalement 48 millions de quintaux.         De l'inimaginable ! Par contre, durant 2009/2010, nous allons, en principe, importer 35 millions de quintaux de blés au lieu de 48 millions de quintaux environ l'année précédente, soit un gain estimé à 13 millions de quintaux ; soit exactement 50% des 70 millions de quintaux jugés suffisants pour nos besoins annuels, et ce, d'après toujours le responsable dudit département ministériel.     Et?d'une certaine méthode d'établir des statistiques ainsi branlantes voire fluctuantes au gré des circonstances, des humeurs et craintes du moment. Dans une telle ambiance, allez donc sasser le blé de l'ivraie !

 Dans le sens de ce dernier propos, il est utile d'insister pour que toute la quantité moissonnée, en blés, ou bien seulement estimée grosso modo par des? sondages souvent bâclés, malheureusement, soit effectivement engrangée pendant un laps de temps optimal et qu'elle présente toutes les bonnes qualités boulangères. Ce qui n'est pas du tout évident au vu du pêle-mêle défini en déclarations faisant état du manque de silos suffisants pour emmagasiner l'exceptionnelle récolte de cette année. Et au journaliste du quotidien l'Expression, du 29/10/2008, rapportant les actes dudit colloque, d'ajouter avec pertinence : «Au vu des explications fournies par les experts en céréales, nos responsables devraient rougir pour ne pas avoir su exploiter nos richesses naturelles. Quel gâchis ! » . Et d'ajouter de notre part : « Mieux, de l'inconscience généralisée aussi bien au plan de la valorisation de nos ressources, malgré quelques initiatives généreuses qui restent en deçà des enjeux, que des échanges marchands insuffisamment maîtrisés car non basés sur de la négoce pénétrante conjuguée pertinemment à des rapports de force intelligemment entretenus, soit en cartel ou à part entière à notre avantage ».  

MALVERSATIONS DE LAUDATEURS ET DES BONIMENTEURS INVETERES AUX ALENTOURS DE «KHABZA»

 Comprendre de par ce dernier vocable : Une aubaine ! Une devise d'or stipule : « Le menteur est écouté par le convoiteur ». C'est tellement représentatif de la politique agricole, de ces dernières années, ressemblant de plus en plus à un circuit fermé ou complimenteurs et trompeurs se sont ligués, «merveilleusement », pour se duper mutuellement en encensant le cheikh personnifie au système, dans son ensemble, qui les protégent voire les gâtent ; et qu'il se complait souvent dans le rôle de complice invétéré mais au dessus de la mêlée, comme on dit dans de tels cas de gouvernance. Une sorte de zaouïa ou le son du bendir et les mouvements de danses des courtisans et autres derviches font rage et brouillent tout entendement.

 A ce propos, le crédit agricole est devenu une sorte de tambourin faisant, de par ses sons stimulant la « hadhra », danser aussi bien bonimenteurs que laudateurs autour du cheikh de la zaouïa.

 Seulement, après le festin, ils commencent à sommeiller et beaucoup dorment, rassasiés, puis quittent carrément les lieux tout en souhaitant au cheikh longue vie jusqu'à la prochaine « zerda ». Peut-être que nous versons trop dans la caricature mais cela reflète l'amère et terrible réalité. Une haute personnalité avait dit un jour : « il nous suffit de commander les gens selon leurs différents penchants y compris celui du gaspillage et autres mystifications zaouistes ». Terrible aveu !

Prés de cinquante milliards de dinars, octroyés au cours de cette dernière décennie, ont été soi-disant épongés par le trésor public. Or, il se trouve que des crédits intitulés de campagne n'ont pas été remboursés.          Pourtant, des agriculteurs ont affirmé qu'au cours de la campagne moisson battage de cette année, le rendement des céréales a atteint jusqu'à 60 quintaux/ha. ! Cela dit, pas moins de 25% d'agriculteurs, voire plus, d'après les sources dudit Ministre, n'ont pas honoré ce genre d'avances sans intérêts de surcroît. Encore moins qu'ils ont remis une part de leur récolte à l'organisme céréalier. Jusqu'à quand cette gabegie - khabza - programmée ?

 En fin de compte, quoi dire de plus ? La vérité ! Celle-ci exige tout naturellement du courage, de la franchise et surtout de l'indépendance vis-à-vis de n'importe quelle tendance, chapelle, sortilèges émanant de l'exercice du pouvoir et ses tentations matérielles, tout en sachant que c'est bien difficile pour les uns de s'en prémunir, mais pas impossible pour les autres ayant la volonté inébranlable d'en échapper de ce cycle infernal défini en obsessions ne menant qu'au fourvoiement et la destruction des vertus dont justement la vérité !

 Par conséquent, c'est tout à fait légitime et honorable pour ceux voulant baliser, dans la mesure du possible et sans animosité envers quiconque, souligne-t-on, des lignes de conduite conjuguées à de l'honnêteté et la sérénité. L'important est de se diriger dans le bon sens pour allez vers de nouveaux horizons prometteurs. Et non à contresens pour n'aller nulle part voire tourner en rond et de surcroît piètrement devant beaucoup de gens de moins en moins dupes, et de plus en plus informés sur la déliquescence des rouages institutionnels de l'Etat aussi bien dans ce domaine qu'est l'Agriculture que dans d'autres tout en sachant que, malgré tout, de belles choses ont été réalisées,bien qu'insuffisantes, depuis l'indépendance et notamment ces dernières années, et tant d'autres ont été, malheureusement, perdues dont la vitalité de nos paysages ruraux envahis inconsidérément voire anarchiquement par les ensembles d'infrastructures routières et d'habitats mastodontes.

 Lors d'une réunion officielle, avec les cadres du secteur d'une wilaya du pays, un ancien ministre de l'Agriculture avait formulé à propos des énormes investissements injectés dans l'arboriculture fruitière au lieu d'assurer l'autosuffisance alimentaire de base, la phrase «lumineuse» suivante : «eh bien ! Si ça ne vous plait pas, allez arracher les arbres plantés !». Pas de commentaires. Alors laisser dire du n'importe quoi ? Non, sûrement pas, et en aucun cas !! . Fin des extraits.

 Alors, aujourd'hui, la question lancinante, à plus d'un titre, qui demeure posée serait : l'actuel locataire, du département de l'Agriculture et, notamment son staff chargé du suivi en la matière, sont-ils de la même farine que leurs prédécesseurs comptabilisant beaucoup d'impairs ? Espérons que non, tout en sachant qu'ils sont de la même veine malgré toutes leurs chicanes d'hier. Donc, les ententes liées aux charmes de rester au sein du pouvoir, elles ne sont pas de la même nature que celles des pays possédant effectivement des traditions démocratiques. Chez nous, ces accords sont précaires et violement versatiles selon le bon vouloir du maître du moment !