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Réseaux, immeubles, commerces...La rue Larbi Ben M'hidi en chantier

par T. Lakhal

Au vu des différents chantiers ouverts par la SEOR tout au long de la rue Larbi Ben M'hidi, d'aucuns, surtout les riverains et notamment les commerçants, attendent de ce grand toilettage, un nouveau visage de la rue.

L'intersection, qui fait jonction avec le Boulevard Emir Abdelkader, est complètement bouchée. Pare-choc contre pare-choc et ce, en dépit des feux tricolores et la présence de l'agent de l'ordre, les véhicules peinent à passer pour entreprendre le trajet sur la rue en défriche. La SEOR est présente à tous les coins de rue. Déjà, une pancarte de l'entreprise accrochée à l'entrée de la rue s'excuse pour les éventuels désagréments que peuvent occasionner ces travaux. Sur les trottoirs, on n'a pas encore refait le revêtement après avoir ouvert de petites tranchées pour réparer les canalisations ; on attend la fin de tous les travaux pour revêtir toute l'artère de ses plus beaux apparats. «Beit El Machrik», un restaurant en construction, à la place de l'ancien et mythique magasin de chaussures «Bata» devenu ensuite Districht. Une construction huppée et un pan d'histoire de la ville qui s'efface avec la disparition de l'un de ses nombreux repères. La pharmacie Brachemi, là où on préparait le médicament sur place, n'est plus là également. A la place, un grand magasin de vente de vêtements d'une célèbre marque. L'Hôtel Windsor, défiant le temps et les hommes, est toujours là, témoin de ce que fut cet endroit.

On avance avec peine, même les passants doivent jouer du coude pour se frayer un passage. Mira crémerie a muté et s'appelle désormais El Amira. Elle ne désemplit guère de ses nombreux et fidèles clients. En face, les Galeries algériennes, un haut lieu de commerce étatique jadis avec ses étals en verre, ses escaliers, son ascenseur style Belle Epoque et ses accoudoirs en bronze, ne sont plus qu'un lointain souvenir. Portes fermées. Plus loin, le café Clichy qui a perdu entre-temps sa célèbre terrasse. Des barrières métalliques avec des balises portant des plaquettes SEOR signalent aux passants les travaux en cours et qui consistent à refaire le réseau de canalisation, vieux comme Oran.

L'eau à Oran a toujours constitué une question de vie ou de mort. Ibrahim Tazi, ce grand homme, bras droit de Sidi Houari, venu de Mascara, est le premier à avoir installé une canalisation d'eau potable et d'assainissement à Oran au 14ème siècle. C'était une nouveauté à l'époque où, ailleurs, on mourrait en vrac de peste et de choléra. L'eau et cette rivière disparue, Oued Rouina, qui coule inutilement vers la mer, laissant les habitants d'Oran fantasmer comme un égaré assoiffé dans un désert. Au 12ème siècle, la population d'Oran au nombre de 3.000, encerclée de partout par des assaillants pendant plusieurs jours, est morte de soif. Histoire ou légende, mais Oran doit compter toujours sur les autres pour étancher sa soif. En 1952, l'eau douce, qui arrive de Béni-Bahdel de Tlemcen, est fêtée comme un grand événement. On marche encore plus et on voit le cinéma Balzac devenu autre chose, faisant autre chose que sa vocation initiale. Les films d'antan qui faisaient descendre le tout Oran n'existent plus. Un filet vert de protection couvre deux immeubles en plein milieu de la rue Larbi Ben M'hidi. SEOR n'est pas seule sur le terrain. L'OPGI participe à l'effort de toilettage d'une ville qui n'a pas encore perdu tous ses attraits. A partir du cinéma Maghreb (ex-Régent), la circulation automobile se fait plus fluide et les passants ne font plus du coude-à-coude. Les chantiers, partiellement, défigurent les rebords des chaussées comme c'est le cas au niveau des arcades. Oran compte ausculter ses entrailles. Quelques immeubles en construction, en hauteur, laissent présager l'engouement pour le toujours plus grand, le toujours plus haut. Les devantures se font plus modernes et beaucoup plus attirantes. Le Printania est devenu une pépinière d'entreprises et la cinémathèque, malgré les vicissitudes du temps, continue vaille que vaille à égayer les cinéphiles. Avec le chantier du tramway et ses multiples désagréments, ceux de la SEOR, ainsi que l'opération réhabilitation du vieux bâti, Oran est en course contre la montre et essaye de se montrer sous son plus beau visage.