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Alerte à la mouche espagnole dans plusieurs wilayas : La tomate fait des siennes

par H. L. & R. N.

Après avoir été détecté dans plusieurs wilayas du pays, le parasite ravageur de la tomate, le «Tuta Absoluta» ou «mouche espagnole», a été repéré dans trois grandes wilayas du sud du pays : Biskra, El-Oued et Ouargla.

Ce parasite aperçu en Espagne dans la région de Valence en 2006, puis au Maroc en 2007 et en Algérie, à Mostaganem, vers 2008, serait originaire d’Amérique du Sud. C’est un parasite dévastateur sérieux, disent les spécialistes. Ses larves s’alimentent de toutes les parties des plants de tomate, au niveau des feuilles, dans des tiges, les bourgeons apicaux, et des fruits verts et mûrs. A lui seul, ce parasite peut détruire une récolte jusqu’à 100 %. Son principal hôte est la tomate mais il peut également attaquer la pomme de terre, l’aubergine, les poivrons. Il fait partie des espèces nuisibles qui s’accommodent aux conditions climatiques de l’Afrique du Nord et de l’Europe du Sud. Ses papillons adultes mesurent 6 à 7 mm de long et environ 10 mm d’envergure, ils sont gris argenté avec des taches noires sur les ailes antérieures. Ils ont une activité nocturne et se dissimulent pendant la journée. Cet insecte oppose une grande résistance aux produits chimiques, mais peut être détruit par d’autres insectes prédateurs.

 Selon certaines sources, le «Tuta Absoluta» aurait été introduit dans notre région par inadvertance dans des caisses de tomate importées d’Amérique Latine. D’autres agriculteurs avancent que l’introduction du «Tuta-Absoluta» dans la région serait préméditée pour nuire à la tomate maghrébine, rappelant que la tomate espagnole est très critiquée en Europe, notamment en Hollande à cause de sa forte teneur en pesticides.

 Les services du ministère de l’Agriculture ont mis en branle toute la logistique nécessaire pour éviter une multiplication de ce ravageur. Ainsi, il a été mis à la disposition des fellahs des pièges à phéromone (Signal odorant adresse à l’insecte pour le piéger).

 A Biskra, l’ITEDAS (Institut technique de développement de l’agronomie saharienne), qui a pris la chose très au sérieux, a mené, en concertation avec la station régionale de l’INPV (Institut protection des végétaux), les CAW (Chambres d’agriculture de wilaya) et les DSA (Direction des services agricoles), dans une première phase, une campagne de sensibilisation auprès des fellahs de la région sur les mesures à prendre durant la phase de fin de cycle et la préparation de la prochaine campagne.

 Les premières mesures préconisées consistaient en l’incinération des restes de plans contaminés et la mise en place de pièges : des filets «insect-prof» des pièges avec de l’eau (des récipients contenant de l’eau au-dessus desquels sont fixées des capsules de phéromones). Les papillons mâles ainsi attirés se noient.

 Le mois dernier, M. Saouli Noureddine, directeur de l’ITEDAS, accompagné des spécialistes de l’institut, a mené campagne dans la wilaya de Biskra dans les communes de M’ziraa, Tolga, Leghrous, Doucen, et coopéré avec les services de la wilaya limitrophe d’El-Oued, où Merara et Débila ont été prises comme contrées pilotes pour une sensibilisation des fellahs sur la nature du ravageur, les dégâts qu’il occasionne et les mesures de lutte préventive.

 Continuant sur sa lancée dans la lutte contre ce fléau, la direction de l’ITEDAS vient de mettre en circulation des affiches d’information et des dépliants mettant en exergue les mesures préventives contre le «Tuta Absoluta», suivis de flashes lus à la radio de Biskra.

 Pour le mois de septembre, M. Saouli préconise la mise en branle de brigades itinéraires, pour encadrer au mieux les producteurs, parer aux ravages de ce parasite et assurer ainsi une campagne maraîchère de qualité.

 Pour rappel, le tuta absoluta a été déjà signalé dans plusieurs wilayas du pays, à l’instar de Constantine, Jijel, Skikda, Annaba et même à El-Tarf, Biskra, M’sila, Mila, Guelma, Tipaza et Oran, causant d’importants dégâts. A Constantine, la mouche a été détectée au début du mois dans 28 serres de tomates. A Tipaza, la mineuse de tomate aurait ravagé des centaines d’hectares. Enfin, il est soutenu que cette maladie n’est pas étrangère à l’envolée du prix de la tomate.