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Pénurie de levure chimique: Les boulangers craignent pour leur pain

par H. Barti

La filière boulangerie est entrain de connaître des jours difficiles. Les professionnels ont lancé, hier, un premier signal d'alarme en direction des pouvoirs publics.

Outre les fluctuations devenues maintenant habituelles des prix de certaines matières premières rentrant dans la fabrication du pain, comme l'huile ou le sucre, les professionnels constatent depuis plusieurs jours maintenant, une sévère pénurie d'un autre produit non moins essentiel : la levure chimique. Une pénurie qui, comme il fallait s'y attendre, a été accompagnée d'une montée substantielle des prix. De 220 à 240 dinars le kilo, le prix de la levure est passé en quelque jours à 350 dinars, soit jusqu'à 1.300 dinars supplémentaires pour chaque carton de 10 kg. Sur la place d'Oran, plusieurs boulangers ont été contraints à laisser hier leur rideaux baissés faute de disponibilité de cette matière première indispensable. Certains d'entre eux ont dû faire, la veille, des chaînes interminables (jusqu'à 22 h) devant les grossistes spécialisés, avant de revenir bredouilles, témoignent-ils. Une tension qui n'a pas laissé indifférents les représentants de la profession, notamment ceux de la section boulangerie de la wilaya d'Oran affiliés à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), qui a fini par rompre le silence, à la suite d'une réunion extraordinaire tenue avec les boulangers de la wilaya.

Dans une correspondance adressée à la direction du Commerce de la wilaya, les représentants des boulangers signalent que cette pénurie «inexpliquée» de la levure chimique, et la montée des prix qu'elle a engendrée, «a fait grimper le coût de production de la baguette de pain de 250 gr, jusqu'à 11,8 dinars». Un surcoût qui se greffe, ajoute la même source, «aux autres dépenses auxquels doivent faire face les professionnels : facture d'électricité et de gaz, salaires des employés, loyers, coût des équipements et entretiens». C'est ce qui explique, selon les rédacteurs de cette lettre adressée aux pouvoirs publics, le fait qu'un nombre important de boulangers de la wilaya ont dû fermer boutique, car, expliquent-ils, «la profession est devenue trop coûteuse pour rester rentable».

Deuxième point évoqué par les boulangers, c'est cette contradiction qui fait que l'ensemble des produits de composition du pain, à l'exemple du sucre, de l'huile, du sel, de la farine et de la levure, bénéficient de la liberté des prix et ne répondent qu'à la seule loi de l'offre et de la demande, alors que le prix de la baguette est fixé par l'Etat à 8,5 dinars. Pour les boulangers, « il est grand temps pour les pouvoirs publics d'intervenir et rectifier cette anomalie, en réglementant la commercialisation des produits de base, au profit des professionnels, afin de mieux maîtriser les coûts ».

La section boulangerie de l'UGCAA se dit « contre toute augmentation du prix de la baguette de pain », mais fait une série de propositions à même de garantir une stabilité optimale au secteur et aux prix.

Parmi les mesures préconisées par les représentants des boulangers, « la création de dépôts de réserve de ces produits de base, dont l'Etat serait le gestionnaire et le régulateur des prix, tout en prévoyant un mécanisme de distribution de ces matières premières qui s'adresserait directement aux boulangers, pour éviter les intermédiaires et la spéculation ».