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Mendiants d'ici et d'ailleurs !

par Cherif Ali

En règle générale, nos villes, nos rues et nos marchés sont sales ; elles sont surtout envahies de cohortes de mendiants !

Il est, certes, évident et on ne peut l'ignorer, que la fermeture d'entreprises, conjuguée au désastre occasionné par la décennie noire avec son lot de déracinés, d'handicapés, d'orphelins et de veuves, ont contribué à gonfler le rang de ces derniers.

Ce fléau de la mendicité a dépassé tout entendement et ses ramifications semblent sans limites. Car c'est bien d'une profession ignoble dont il s'agit, même si bien sûr il ne faut pas oublier qu'il y a encore des nécessiteux qui s'abstiennent souvent de tendre la main et, s'ils s'y résignent, c'est en désespoir de cause, et pour le moins, provisoirement pour la plupart.

Cette organisation de la mendicité, outre ses moyens matériels, obéit à une structuration rodée et hiérarchisée avec des leaders, des kapos et des besogneux avec à la clef, des recettes à faire pâlir les capitaines d'industrie les plus entreprenants: de 8000 à 10 000 dinars par jour et par mendiant.

Organisés en bande, transportés et ventilés par des réseaux maffieux, ils agissent comme des employés modèles, structurés et soumis à des obligations professionnelles et même à une obligation de résultat ou de quota à atteindre. Dans ce ramassis, on ne peut, par exemple, ne pas remarquer à Alger et ailleurs, la présence de jeunes femmes avec des nourrissons marmonnant quelques litanies pour faire pitié. Cet étrange attelage «mère-bébé», à croire qu'il a été cloné pour la circonstance, s'essaime sur les voies de circulation.

En fait, il n'est pas difficile d'observer que l'enfant porté n'est pas celui de la mendiante, dès lors qu'elle ne manifeste aucune affection particulière à son égard !

Si l'on ne met pas le curseur sur la mendicité, notamment celle prise comme métier, avec ses raquetteurs et ses besogneux, pourra-t-on parler, décemment, de politique nouvelle de la ville, d'investissement touristique ou globalement de développement ou d'amélioration du cadre de vie en Algérie ?

Concernant aussi la mendicité des mineurs ou l'exploitation d'enfants et même si on est loin, très loin même du Maroc où la mendicité infantile, qui bien que coutume ancestrale, est extrêmement gênante notamment pour le touriste qui se voit sollicité à chaque pas, il y a urgence absolue à intervenir devant ce péril auquel il faut opposer une tolérance zéro, pour sauvegarder ces enfants de la rue, qui sont déjà stigmatisés par une image de déchéance, la leur et celle de leur exploiteur, avant d'avoir un peu de prise sur leur propre vie.

Un chantier sur mesure pour le gouvernement d'Abdelaziz Djerad en général et Kamel Beldjoud, le ministre de l'intérieur, des collectivités locales et de l'aménagement du territoire en particulier, d'autant plus que l'ordonnance nº 69-51 du 17 juin 1969 portant l'interdiction de la mendicité et du vagabondage stipule :

- dans son article 1er « la mendicité et le vagabondage sont interdits sous quelque forme que ce soit, sur toute l'étendue du territoire »,

- et dans son article 2 que «toute infraction est passible d'emprisonnement de 2 mois à 2 ans et en cas de récidive, la peine pourra être portée à 5 ans ».

De plus, même si la loi algérienne criminalise la mendicité, le législateur ne doit pas être en reste concernant l'ampleur du phénomène et doit, plancher rapidement sur «l'exploitation de la mendicité et son organisation en réseaux » et combler ainsi le vide juridique en la matière.

A ces mendiants locaux, s'ajoutent, également, des migrants étrangers qui s'adonnent «à la manche», dans les tramways, métro, cafés et tous les espaces publics !

Cela en devient agaçant !

Notre pays, «l'appel d'air» aidant est de nouveau, assailli par des grappes d'Africains, majoritairement Nigériens qui ont élu domicile dans les rues. A croire que le mouvement migratoire, même s'il a connu des reflux ces dernières années à l'occasion d'opérations de retour enclenchées conjointement par l'Algérie et le Niger, reste malgré tout en croissance continue et s'installe dans la durée dans le pays !

Les Algériens, de manière générale, ont éprouvé beaucoup de compassion envers ces étrangers qu'ils aident au mieux, non sans s'interroger, disons-le, sur l'étrange facilité avec laquelle ils ont atterris dans la capitale et les principales concentrations urbaines du pays.

La multiplication des dispositifs de contrôle n'a pas, à l'évidence, réussi à juguler leur flux.

Certains croient savoir que les migrants en provenance du Niger, ne sont pas des réfugiés de guerre ou des sinistrés de la sécheresse mais plutôt des mendiants professionnels qui se livrent à cette activité depuis toujours dans leur pays, à partir de la ville d'Arlit.

L'Algérie est, à l'évidence, leur nouveau terrain de chasse depuis qu'ils ont appris de la part de certains d'entre eux, revenus «fortune faite » au pays, que les Algériens sont généreux. Voilà pourquoi ils viennent en masse avec femmes et enfants.

Pourtant, rien de la situation au Niger, actuellement, ne justifie ce déferlement de migrants sur l'Algérie ! Aux migrants nigériens, il faut aussi prendre en considération les Syriens, en grand nombre dans notre pays.

L'Algérie leur a ouvert ses bras, eux qui ont fui les combats dans leur pays. Beaucoup d'entre eux ont refusé d'intégrer les structures d'accueil qui leur ont été préparées, notamment à Sidi-Fredj.

Une partie est, aujourd'hui, réduite à vivre d'expédients, voire à mendier aux portes des mosquées !

Leurs motivations sont toutefois indéchiffrables :

1. veulent-ils rester en Algérie ou poursuivre leur exil au Liban ou ailleurs dans le monde?

2. S'apprêteraient-ils pour partie, comme 200 de leurs congénères, à rejoindre la Libye pour se rendre en Italie, après avoir établi une connexion et même plus, signé un pacte avec des milices libyennes ?

3. Ce qui a fait dire aux services de sécurité qui les ont arrêtés, avec leurs complices algériens, qu'ils font partie d'un vaste réseau de financement du terrorisme, dans le cadre d'un plan financé par «Daech» !

A exiger plus de fermeté aux frontières et demander, à minima, l'expulsion de tous ces Africains en situation irrégulière, il va se trouver quelques « humanistes » pour dire qu'il ne faut surtout pas le faire !

Pourtant, la grande majorité d'entre ces migrants n'a ni diplôme, ni formation encore moins un métier la rendant éligible au séjour régulier dans notre pays.

L'opération prend à l'évidence l'aspect du « Tonneau des Danaïdes » !

Un certain nombre de ces migrants clandestins continue à séjourner dans le pays. Beaucoup travaillent clandestinement et constituent une force non négligeable dont profitent, essentiellement, les entrepreneurs privés, sans scrupules.

Pendant ce temps-là, des secteurs comme l'agriculture et le bâtiment connaissent un ralentissement en l'absence d'une main-d'œuvre adéquate !

Beaucoup de Subsahariens ont quitté la Libye en guerre et se sont retrouvés en Algérie avec l'espoir de décrocher « un contrat de travail » : le gouvernement pourrait faire l'effort de « régulariser » tous les Africains qualifiés qui expriment le souhait de rester en Algérie pour y travailler ?

Cela passerait par la révision des textes réglementaires concernant le séjour, la circulation et l'emploi des étrangers. L'initiative doit émaner du département de Kamel Beldjoud.

Malgré les avertissements lancés par notre ministre des affaires étrangères Sabri Boukadoum qui à l'occasion de son déplacement en Turquie a parlé d'une forte concentration de migrants subsahariens à nos frontières, le gouvernement, pour le moment, continue de tolérer cette migration clandestine, entrecoupée d'opérations ponctuelles, d'arrestations et de reconduites aux frontières, signe manifeste qu'il n'est pas disposé à la régulariser.

Les pouvoirs publics sont nous dit-on, pour « un règlement global » de l'émigration clandestine à travers, notamment, le développement des économies subsahariennes et le renforcement de la stabilité interne des pays concernés.

Stabilité repoussée aux Calendes Grecques tant au Mali avec les événements que l'on sait, que dans la région du Sahel dont les richesses sont exploitées par ceux qui, paradoxalement, justifient leur présence en ces lieux par leur volonté d'y apporter la paix !