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Le peuple cubain n'est-il pas ce merveilleux exemple qui indique la voie à suivre? La volonté de survie dans la dignité tout en marquant sa solidarité à l'international par élan humaniste

par Abdelkader Khelil*

Au moment où le monde entier est secoué par la pandémie du coronavirus, il me plaît de souligner qu'en matière de santé publique, tout le monde s'accorde à dire (O.M.S comprise) que l'internationalisme médical de Cuba, ce pays ami de l'Algérie, est une référence dans le monde malgré bien des critiques. Elles proviennent surtout, de l'Occident et des États-Unis avec à leur tête, le pyromane Donald Trump ce va-en-guerre, lui, le « courtier » servile de la finance internationale et du sionisme. Cet apôtre de l'ultra-violence du libéralisme sauvage, a laissé son empreinte en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Iran et a même cherché à se frotter à la Corée du Nord ...

Pour tout dire, selon les statistiques du Ministère cubain de la Santé, dès 1959 une moitié des 6.000 médecins cubains a quitté l'île pour fuir le régime castriste. Pour remédier à cette hémorragie, Fidel CASTRO le champion humaniste avait alors mis sur pied un système de formation médicale important et révolutionnaire, faisant de ce secteur vital, avec l'Éducation, la Formation, la Recherche et le Sport, une des priorités du pays. Depuis, l'exportation de ce savoir-faire médical partout dans le monde, dans la sous-région des Caraïbes mais aussi, dans les pays les moins développés d'Afrique et d'ailleurs, est une des premières ressources financières de Cuba. Désormais, les médecins et spécialistes cubains officient dans des dizaines de pays africains et d'Amérique latine.

C'est dire que les pages de l'internationalisme médical cubain sont nombreuses et glorieuses, à commencer par l'envoi de missions en Algérie dès 1963 et dans les années 80, l'exemple le plus probant étant l'aide apportée aux victimes de Tchernobyl.

POLITIQUE IMMORALE, ILLÉGALE ET INJUSTE DU BLOCUS

Ce geste humanitaire d'ampleur est particulièrement remarquable lorsqu'on sait qu'il a commencé avec la perestroïka (nom donné aux réformes économiques et sociales) du président Mikhaïl Gorbatchev et qui s'est soldée par le démantèlement de l'Union soviétique, entraînant par voie de conséquence, des pertes considérables sur le commerce de Cuba sous embargo américain et occidental. Ce blocus de près de soixante ans a lourdement affecté négativement les moteurs et leviers de l'économie cubaine, au premier rang desquels : le tourisme, les investissements directs étrangers (IDE), les transferts de devises, l'industrie pharmaceutique et les biotechnologies où Cuba dispose d'un fort potentiel attractif. La réduction de la disponibilité des biens a exacerbé les privations et manques pour la population, ce qui menace en permanence sa sécurité alimentaire, son équilibre nutritionnel et son état de santé.

Ce drame humanitaire qui paraît bien être l'objectif implicite de l'embargo, n'a été évité de fait, que grâce à la volonté de l'État cubain de maintenir coûte que coûte les piliers de son modèle social et économique, lequel garantit à toutes et à tous, une alimentation de base à prix modiques et une consommation gratuite dans les crèches, les écoles, les hôpitaux et les foyers du troisième âge. C'est la réaffirmation de la priorité donnée au développement humain qui explique l'excellence confirmée des indicateurs statistiques de développement humain de Cuba en matière de santé, d'éducation, de recherche, de culture notamment et ce, malgré des ressources budgétaires extrêmement limitées et les multiples problèmes consécutifs à la disparition du bloc soviétique. Et pourtant ! Malgré ce blocus intolérable, les cubains ont une espérance de vie supérieure à celle de leurs « geôliers » yankees. Toutefois, la poursuite des progrès sociaux à Cuba est compromise par l'extension effective de l'embargo qui fait subir d'injustifiables souffrances au peuple cubain.

La levée immédiate du blocus, réclamée à la majorité écrasante de la communauté mondiale par l'Assemblée générale des Nations Unies du 7 novembre 2019 pour la vingt-huitième année consécutive (187 voix pour, contre l'opposition des États-Unis, du Brésil et d'Israël et l'abstention de la Colombie et de l'Ukraine) n'a pas été suivie d'effet. Et dire qu'en 2015, le monde saluait la décision historique et mémorable des États-Unis d'Obama et de Cuba de rétablir leurs relations diplomatiques. Pour beaucoup de pays épris de paix, de liberté et de justice, c'était le début d'une coexistence pleine d'espoir et d'attentes. Hélas ! Avec l'arrivée de Trump, les espoirs se sont estompés et les attentes sur la levée de l'embargo illégal et injuste qui condamne le peuple cubain depuis près de soixante ans, se sont évanouies.

SOLIDARITE SOCIALE ET INTERNATIONALE AVANT TOUT

Malgré cela, force est de constater que ce petit pays des Caraïbes d'une superficie d'à peine 114.500 Km2 pour une population de 11,5 millions d'habitants, plus petit que la Wilaya de Béchar (162.200 Km2 pour 275.000 habitants) qui ne compte pas moins de 34 Universités de Médecine, place la solidarité sociale et internationale devant bien d'autres considérations, par esprit humaniste. N'est-ce pas que ce sont les autorités cubaines qui ont accepté d'accueillir le 18 mars 2020 le navire de croisière britannique dont personne, même leurs « alliés naturels » les États-Unis plus préoccupés à suivre le « yoyo » de la bourse, n'en voulaient ? En ces temps de crise pandémique, même les sociétés occidentales médusées alors que d'habitude si égoïstes, redécouvrent les vertus de l'entraide et de la solidarité. En exportant leur savoir-faire, les médecins cubains relèvent ainsi de façon admirable le défi du blocus en administrant une « cinglante gifle » à Trump, cet oligarque impénitent qui n'a rien compris aux valeurs humaines de solidarité et de partage des biens communs de l'Humanité...

L'Italie pays le plus touché par le coronavirus a bien compris qu'il n'a rien à attendre de ses voisins Européens qui pataugent dans la « gadoue ». Il a fait appel à une cinquantaine de soignants venus de Cuba ; le 21 mars 2020, afin d'apporter leur aide au personnel médical de la Lombardie, cette région italienne qui compte le plus de victimes. L'arrivée des médecins cubains a été abondamment saluée dans la presse transalpine. Dans un éditorial pour le quotidien « La Stampa », l'écrivaine Antonella Boraveli écrit ceci : « Les touristes occidentaux ont visité Cuba avec cette supériorité, déguisée en empathie, qui se cache derrière des petites phrases assassines comme : « Regardez comment vivent ces pauvres gens ». Les pauvres gens maintenant, c'est nous. Nous l'Italie, un pays riche. Nous qui n'avons pas pu arrêter ce virus à temps (...). Et d'ajouter : « Les médecins cubains qui sont venus risquer leur vie pour nous ont été salués par des applaudissements, d'abord incertains puis écrasants ».

Réputés pour leur compétence, les soignants cubains ont aussi été appelés à la rescousse dans d'autres pays touchés par la pandémie : l'Espagne, la Jamaïque ou le Nicaragua notamment. En France, des députés de tous bords politiques ont écrit au premier ministre Édouard Philippe pour demander en urgence leur aide pour faire face à l'épidémie de coronavirus. Les médecins cubains sont maintenant autorisés à intervenir en Martinique. C'est là, un véritable camouflet pour le « coq gaulois » qui fut contraint d'appeler à la rescousse, ce petit État socialiste des Caraïbes considéré jusque là, comme pays misérable plongé dans la dèche de par la faute des yankees. On apprend aussi, que dans cette France donneuse de leçons, le CHU de Dijon cherche des couturiers pour fabriquer des blouses réutilisables et qu'il a été décidé par le Gouvernement, de l'importation d'un milliard de masques made in china. À noter que pour Cuba qui n'est pas encore sortie de son « confinement politique », les derniers chiffres de contamination au coronavirus font état de 40 cas de personnes touchées et un mort seulement. Ne dit-on pas : « Qu'à quelque chose malheur est bon ! »

Par ailleurs, le magazine américain Newsweek rapporte qu'un remède, appelé « Interferon Alpha-2b Recombinant » a été développé par des scientifiques cubains et chinois. L'utilisation de cet éventuel médicament « prévient l'aggravation et les complications chez les patients qui atteignent ce stade et qui peuvent finalement entraîner la mort », a déclaré l'expert cubain en biotechnologie Luis Herrera Martinez, dans un article du blog de la presse de l'Université de Yale. Si son efficacité pour traiter ce coronavirus n'a pas été encore prouvée, elle l'a déjà été auparavant contre des virus similaires. Cuba a, en effet, utilisé des techniques avancées d'Interferon pour traiter la dengue, combattre le VIH, le papillomavirus humain et d'autres maladies. Il a été sélectionné par la Commission nationale chinoise de la santé, avec 30 autres médicaments, pour traiter le coronavirus. Quant au niveau mondial, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) étudiera l'efficacité de l'Interferon, ainsi que trois autres médicaments, contre le coronavirus, rapporte toujours Newsweek.

LECONS TIRÉES DE L'EXPERIENCE CUBAINE

Il est bon de rappeler aux décideurs et gouvernants de notre pays, cet exemple cubain qui semble dire que grâce à la détermination d'un peuple pourtant confiné, malgré lui, à son territoire durant près de soixante ans, non pas de par la faute du coronavirus mais de ces présidents américains et surtout du tout dernier, Trump le haineux, ce gendarme du « deux poids deux mesures » dénué de tout sentiment humaniste, le monde peut s'en sortir.

Il faut avoir pour cela, une gouvernance acceptée et menée par des hommes et des femmes intègres, non démagogiques et non opportunistes qui font passer l'intérêt public et le bien commun avant tout autre considération. Ils doivent pour cela, tourner le dos et combattre énergiquement toutes les idéologies et les politiques destinées exclusivement au service égoïste, de la prédation des richesses de leur pays, en faisant appel à des hommes et des femmes qui ont toujours refusé d'être des commis de l' État zélés, conscients et/ou inconscients, du grand capital ultralibéral exploiteur et rentier, qu'il soit laïc ou pseudo religieux à l'image de ces islamistes corrompus et corrupteurs.

Faire appel à des hommes et des femmes sans étiquettes ostensiblement affichées qui n'auront pour souci premier, que de défendre leur pays et leur peuple en croyant que seuls ses grandes capacités humaines, son intelligence, son savoir-faire, son modernisme et sa soif de se former à toutes les techniques lui permettront de progresser, de se développer, de lutter contre la misère, la pauvreté et le sous-développement matériel et immatériel.

In fine, seuls des hommes et des femmes de la trempe de Fidel CASTRO et de son Peuple vaillant, qui ont l'HUMAIN chevillé au corps et qui sont guidés par une idéologie claire et progressiste pourront bâtir individuellement et collectivement, le bien-être pour toutes et pour tous... Sans exclure les relations de coopération internationale inscrites dans le respect mutuel et dans le principe du « gagnant-gagnant », notre avenir dans l'après pandémie est avec nos amis traditionnels, ceux qui nous ont aidé durant la guerre de libération nationale et en tout premier lieu : La Chine, Cuba, la Russie, le Vietnam ... Certainement pas avec « nos frères » du Golfe et à leur tête la Monarchie saoudienne, ces roitelets qui s'accoquinent avec Trump et Netanyahou pour brader le pétrole sur injonction de leur mentor qui pompe sans considération de l'environnement, le gaz et le pétrole de schiste.

Ce cow-boy prive aussi, le Peuple palestinien martyr de ses droits à la vie, dans un État national souverain ...

À partir de cette expérience cubaine, nous pouvons dire que le capital humain a plus de valeur et impacte plus le bien-être d'une société que le capital financier exploiteur et spéculateur des actionnaires des grandes multinationales, y compris celles qui interviennent dans la Recherche médicale. Voilà pour nous, une première leçon à retenir. Cela veut dire qu'il faut s'éloigner au plus vite du mirage de la mondialisation inhumaine et de la course effrénée à l'enrichissement facile qui a fait perdre à de nombreux pays les valeurs humaines fondamentales et dont le nôtre n'est pas en reste.

Il faudra aussi que l'on se rappelle que le capital humain implique non seulement des connaissances, mais aussi, la conscience, l'éthique, la solidarité, c'est-à-dire tous ses sentiments humains auxquels il faut ajouter l'esprit de sacrifice. Cette seconde priorité est donc celle de la mobilisation de toute notre ressource humaine d'ici et d'ailleurs, sans exclusive ni calculs bassement politiciens !

Cela dénote du travail sérieux qu'il nous faudra accomplir, pour mettre tout d'abord à niveau notre secteur de la Santé mais aussi, de la Recherche scientifique et de la Technologie auxquels s'ajoutent ceux de notre sécurité alimentaire; ces secteurs qu'ont a consciemment détruit depuis les années 80 et dont le rythme s'est accéléré avec l'arrivée du « boutéflikisme » ... Des efforts considérables sont attendues des nouveaux dirigeants auxquels le peuple semble leur accorder, tout juste un sursis. Ils doivent montrer leur bonne volonté quant à la rupture avec le système rentier et prédateur qui a fait perdre à notre société, ses marques et ses repères humanistes de naguère. L'école algérienne restaurée et réhabilitée dans sa dimension citoyenne, doit être au cœur du grand chantier à ouvrir, car demain sera fait de plus en plus de solidarités agissantes, ou de distanciations sociales à hauts risques. C'est sur le choix pertinent du système de gouvernance que seront jugées les politiques publiques et la réactivité des gestionnaires de la vie publique.

Le défi dans ce cas, est d'éviter de laisser en marge de la marche du pays, des pans entiers de notre société. Cohésion sociale, égalité des chances, équité et solidarité sont alors, les maîtres mots dans la conduite des politiques publiques. Beaucoup plus d'hôpitaux mieux encadrés et opérationnels et moins de bitume semble être le choix à faire...

Oui ! Pour nous aussi, le capital humain est déterminant et ceux qui durant les deux dernières décennies ont favorisé son départ en exil doivent assumer la lourde responsabilité face à l'Histoire. C'est qu'ils ont fait le choix de la dilapidation des richesses de « leur » pays au détriment d'un authentique développement pour toutes et pour tous ... Saurions-nous être cette fois-ci capables de prend la mesure de ce grand défi ?

Pour finir je dirai : « ... Gloire à toi Peuple cubain merveilleux, fourmi ingénieuse durant plus d'un demi-siècle de résistance héroïque au blocus injuste qui te fut imposé par les yankees arrogants et va-t-en-guerre. Gloire à ton dirigeant Fidel CASTRO, le valeureux commandante qui a su simplement et par l'exemple, indiquer la voie à suivre, à ceux qui le veulent bien... Celle de l'Honneur, de la Dignité et du compter-sur-soi pour survivre en peuples libres et souverains ... Il est mort comme il a vécu, Grand parmi les plus Grands du 21ème siècle, chez-lui dans son lit et çà me plait de le souligner ... Très certainement, l'Histoire des justes évoquera son nom et l'on se rappellera toujours de lui ... » (1)

* Professeur

1. Extrait de mon roman « cigales médusées » Sarah édition - 2017