Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Suspicions sur un putsch

par Mahdi Boukhalfa

Ce qui se passe à l'APN a toutes les formes d'un putsch, d'une action tout à fait illégale au regard de toutes les lois de la république. Après une sédition de la majorité parlementaire fomentée de «bric et de broc» qui aura étonné plus d'un quant aux vraies raisons qui ont amené les patrons du FLN et du RND à demander la tête de Bouhadja, l'Assemblée nationale s'achemine vraisemblablement vers l'élection d'un nouveau président.

Dans le scénario prévu par les «anti-Bouhadja» d'un jour et ses adversaires de toujours, un nouveau président devait être proposé à l'issue de la réunion, hier mercredi, du bureau de l'Assemblée nationale chargé de «constater» la vacance de la présidence de l'APN. Le prochain président du perchoir serait ensuite élu dans les tout prochains jours pour accélérer le retour à la «normale» au sein de l'Assemblée nationale et éviter un éventuel «second souffle» d'un Bouhadja qui n'accepterait toujours pas son exécution politique.

Pour autant, la morale dans cette histoire s'en trouve éclaboussée et tous les principes d'une gestion démocratique de l'hémicycle, le Parlement, où se décident les lois du pays, partent en vrille quand le président de l'APN est physiquement empêché de rejoindre ses bureaux, et qu'ensuite une vacance de la présidence est prononcée par ses adversaires politiques en ayant fermé les portes du «château» sans possibilité à M. Bouhadja de prouver le contraire d'une vacance de la présidence de l'APN illégalement prononcée. A moins que le président de l'APN n'abdique en fin de compte de lui-même et déclare se retirer, il ne peut dès lors s'agir que d'un constat d'une vacance provoquée par la force mais nullement conforme au règlement.

Quel étrange scénario de changement à la tête de l'APN, une année après les dernières législatives ! Beaucoup au sein de la classe politique ne pensent qu'à un simulacre, un de plus, de démocratie, parlementaire s'il en est. Comment, en effet, tolérer et justifier cette violation flagrante, publique, en direct, des lois de la république, dont la Constitution et le règlement de l'APN, par des partis se réclamant de la majorité présidentielle ? Est-ce possible dans cette Algérie que les responsables des partis, qui ont hurlé à Bouhadja de «dégager», ont classée au-dessus d'une des plus grandes démocraties actuelles dans le monde ? Pour être sorti en ville prendre un café, le président de l'APN avait été voué aux gémonies par des apparatchiks du FLN.

Plus que toute autre considération, organiser une «vacance» de la présidence de l'APN ne peut ne pas être un funeste putsch politique, qui a tous les contours d'une forfaiture jamais enregistrée jusque-là au sein du Parlement de notre pays. A moins que cela n'obéisse, d'une manière comme d'une autre, au dessein de mettre hors circuit un président de Parlement devenu inutile, ou gênant.

Mais, dans tous les cas de figure, pourquoi ce changement, et avec une telle insistance, à quelques mois de la présidentielle, d'autant que le personnage est également l'un des plus solides soutiens à la poursuite du mandat du président ? Bouhadja, on ne sait pas pourquoi réellement, est devenu soudain «persona non grata» depuis qu'il a décidé d'évincer son S.G. Pour autant, organiser sa destitution à la hussarde, comme si l'Algérie n'avait aucune loi, ni principes, paraît bien suspect.