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Visage découvert

par El-Guellil

Le dicton bien de chez nous nous conseille de croiser l'ennemi le ventre creux, mais très bien sapé. «Souffrir de faim chronique et faire bonne figure». Voilà donc que l'habit, contrairement à d'autres cultures, fait le moine. La sagesse de notre chez nous nous conseille de porter un masque. Ce masque qui marquera la différence entre l'acteur apparent et l'acteur intérieur. La vie devient ainsi un carnaval. Une vie spectacle. Les psy sont clairs à ce sujet : «Un masque peut colorer une vie, il peut être utile à certains moments et dans certains lieux. Le masque permet de faire illusion, il permet de faire croire à l'autre quelque chose qui n'est pas. En ce sens, il est manipulatoire. Nos masques permettent essentiellement d'obtenir des choses des autres et ils sont circonstanciés. Ils permettent d'éviter des peurs d'assumer sa vie, en particulier lorsque nous nous sommes rendus dépendants, lorsque nous nous montrons passifs, indifférents, ou encore lorsque nous nous économisons, c'est-à-dire en faisant le moins possible.

Obtenir des autres, quoi ? C'est relatif à l'environnement et à la situation. Etre reconnu, occuper le terrain. «S'occuper des autres pour se vivre comme le centre d'intérêt», «avoir des problèmes pour qu'on s'occupe de soi», «manipuler les autres et les mettre à notre service, pour se sentir puissant», «montrer un masque de tristesse pour être aidé», «le masque de la passivité, de la souffrance, du handicap, de la vieillesse, de la retraite pour s'économiser, pour en faire le moins possible, pour être pris en charge». Mais voilà, le jour où on voudra enlever le masque que l'on a porté la vie durant, il a collé à notre visage, et s'obstiner à l'enlever, l'arracher, on s'arrache la peau du visage avec et là, c'est le monstre qui apparaît.