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Livres
(LANGUE FRANÇAISE. Fiches de lecture complètes in www.almanach-dz.com/bibliotheque dalmanach ou in archives " Le Quotidien d'Oran ", rubrique " Médiatic ", tous les jeudis) 1/ HISTOIRE, MÉMOIRE ET COLONISATION. Essai de Hosni Kitouni, Chihab Editions, Alger 2025, 221 pages, 1.200 dinars On le connaissait infatigable chercheur de références historiques ayant trait à la période coloniale. C'est pour cela que la dernière œuvre de l'auteur n'étonne pas. S'appuyant sur des sources historiques souvent méconnues (cachées dans des archives presqu'interdites à la consultation ou délibérément ignorées par les historiens d'outre-Méditerranée), l'auteur s'en est allé à nous faire découvrir les pratiques concrètes du colonisateur au fur et à mesure de la " conquête ", avec son cortège de violences inouïes... En historien rigoureux, il examine de manière critique et avec minutie, parmi tous les multiples " massacres en vase clos ". L'Auteur : Etudes en économie (Paris VIII Vincennes), enseignant durant quelques années avant de rejoindre la Télévision algérienne où il écrit et réalise des émissions culturelles et de nombreux documentaires historiques et sur le patrimoine, chercheur associé à l'Université d'Exeter en Angleterre entre 2018 et 2021. Chercheur indépendant en Histoire du fait colonial. Déjà auteur d'une monographie sur " la Kabylie orientale dans l'histoire " (2013) et d'un essai sur le " Désordre colonial " et de plusieurs études consacrées à la violence et aux changements induits par les dépossessions massives au cours du XIXème siècle Avis : Passionnant ! Intéressant sur le plan méthodologique avec une autre façon méticuleuse d'analyser et d'écrire l'histoire de la colonisation. A lire absolument et ne pas se décourager face au style assez académique et émouvant mais très pédagogique. 2/ AMIN. UNE FICTION ALGERIENNE. Roman de Samir Toumi. Editions Barzakh, Alger 2024, 247 pages, 1.000 dinars. Un écrivain à succès, ça n'attire pas forcément les amitiés désintéressées et c'est ce qui est arrivé à Djamel B, dans une société totalement soumise (sic !) aux pouvoirs d'un groupe d'oligarques mafieux. Écrivain à succès ? C'est du moins ce que pensent de lui ceux qui font tout, pour exploiter à leur avantage, ses " qualités ". Pour sa part, sa réussite est simplement le résultat d'un concours de circonstances favorables à l'émergence, dans une société locale habituellement peu disposée à l'endroit du livre en particulier et de l'écrit en général, et, dans une société étrangère, à l'affût, d'outils de pénétration. Donc, en panne d'inspiration, notre homme est contacté par Amine, un bonhomme énigmatique, sorte d'intermédiaire en tout et rien, " samsar " vivant entre les eaux claires et/ou polluées de la vie politique, économique et financière du pays, mais extraordinaire personnage de roman, sur fond d'oligarchie mafieuse et de gouvernance malsaine. L'Auteur : Né le 7 juin 1968 à Bologhine, vit et travaille à Alger où il dirige une entreprise de conseil. Déjà auteur de deux romans, " Alger, le cri " en 2013 et " L'Effacement " en 2016, ce dernier ayant été adapté au cinéma par Karim Moussaoui. Image de couverture de Azeddine Krim (" It Kills ", 2024). Avis : Il n'y a que les bons écrivains qui arrivent à transmettre -clairement- au grand public (celui qui lit) une réalité pourtant évidente, grâce à de la fiction. Des choses que l'on " savait " mais qui sont, dans ce livre, bien décrites et toutes dites. Pour bien savoir, il s'agit seulement de le lire. " Amin ", pas si fiction que ça ! 3/ RAI, OH ! MA DÉRAISON. UNE HISTOIRE ALGÉRIENNE. Essai de Mohammed Kali. Chihab Editions, Alger 2024, 174 pages, 1.000 dinars. Le 1er décembre 2022, à Rabat même, au pays qui avait revendiqué la marocanité du Rai, ce dernier est reconnu par l'Unesco à la fois authentiquement algérien et patrimoine immatériel de l'humanité. Un genre " qui a franchi toutes les barrières géo-ethniques, et y compris fécondé la World Music, sans entraîner aucun conflit sérieux d'ordre culturel, mais seulement quelques débats qui firent craquer la vieille crispation, la vieille digue face à la poussée irréfragable du réel, débats annonciateurs d'autres irruptions " (Marie Virolle, citée, p 47). Et pourtant, ce n'était là qu'une bataille de gagnée pour un genre musical (qui, après avoir été l'objet d'un musicide avorté, est certifié politiquement correct en 1980 seulement) à l'écho planétaire. L'Auteur : Journaliste professionnel depuis plus de trente ans, spécialiste en critique théâtrale et cinématographique. Plusieurs études, articles et ouvrages. Avis : Enfin, un ouvrage à la portée du commun des lecteurs -bien sûr, intéressé par le patrimoine immatériel national et la musique Raï- qui détaille, de manière lisible (presque !) l'histoire mouvementée d'un art au succès planétaire et durable, ce qui n'a pas plu à tout le monde. 4/ ALGÉRIENNES DE MÈRE EN FILLE. Roman de Hind Soyer. Casbah Editions, Alger 2024, 236 pages, 1.300 dinars. Elle est née à (Colomb-) Béchar, alors coupée en deux (une " moitié d'un blase emporté dans leurs valises par les colons déchus en 1962 ") aux portes du désert algérien, d'un père qui a vite abandonné la maman et l'enfant. Heureusement, il y a, plus de 827 km plus loin, Alger où habitent au Centre-ville, dans un bel et grand appartement, des arrières grands-parents déjà très âgés qui vont l'élever et la chouchouter. Elle découvre, peu à peu, (et c'est ce qu'elle nous raconte) le déroulement de la vie de la famille... : ses origines, la solidarité, les carrières, les heurs et malheurs, l'école, la réappropriation de la langue, les études et surtout la guerre de libération nationale avec ses femmes -courage de la Bataille d'Alger dont des parents, les Lakhdari (surtout les iconiques Samia et sa maman), les Hassani et les Boutaleb. Une lignée qui remonte à l'Emir Abdelkader. En fait, nous avons là l'Histoire de l'Algérie contemporaine racontée aux descendants de manière en apparence anecdotique, à travers des moments et des évènements clés, mais très instructifs et facilement retenus. L'Auteure : Née à Béchar. Ayant grandi entre l'Algérie, la France et le Brésil. D'abord ingénieure agronome puis professeur des écoles (en France). Quatre enfants. Déjà auteure d'un roman (" Née Enfant du Diable ", en 2021) et d'un recueil de nouvelles (" Les Intraitables ", en 2023) Avis : Une belle et bonne écriture de l'histoire contemporaine du pays si originale et si attractive pour ne pas dire succulente !, malgré quelques (rares) jugements à l'emporte-pièce de certains moments. Une manie -pardonnable- de bien de nos écrivains " exilés " qui émettent des critiques politiques en veux-tu, en voilà. Heureusement, un certain humour fait passer les pilules. A lire absolument. 5/ Jubilé de diamant. 60ème anniversaire de la création du quotidien El Moudjahid. Volume 1. Numéro hors-série. El Moudjahid, Alger juin 2025, 130 pages. A travers le gros lot de " papiers ", on a presque toute l'histoire de la presse nationale et du journalisme algérien, tout particulièrement à partir du 22 juin 1965, date de création officielle et publique du journal, une création décidée bien avant le 19 juin (note : La fusion Le Peuple -Alger Républicain, avec pour titre El Moudjahid, a été annoncée déjà le 6 juin 1965 par H. Zahouane, alors président de la Commission Orientation du Bp du Fln). Il faut, bien sûr ne pas trop confondre avec El Moudjahid-Historique, lequel, créé en 1956 par le Fln, d'abord en français, au plus fort de la Guerre de libération nationale, dirigé par Redha Malek, s'était arrêté juste après l'indépendance (juillet 1964 ?) après quelques numéros tirés à Tunis et à Constantine et seul l'hebdo en langue arabe avait continué de paraître en tant qu'organe central du parti du Fln, cessant de paraître en 2016. Une histoire extraordinaire racontée du dedans. Avis : Diffusion limitée et gratuite. Dommage ! Du très beau travail. Il faut seulement espérer voir les autres organes de presse (publics et privés, lourds et légers) suivre l'exemple et adopter cette démarche instructive de la mémoire et du souvenir. Documents à signaler : Le " papier ", p 11 à 16, d'un directeur emblématique du journal (1971-1980 puis 1983-1990), en l'occurrence Nourredine Naït Mazi (publié le 11 septembre 1997, l'occasion du n°10.000) qui raconte " la naissance du quotidien national, une gestation momentanée pour un accouchement prématuré ". Il y a, aussi, le récit du premier directeur général du journal, Rafik-Bey Bensaci qui raconte (El Moudjahid du lundi 23 juin 2025, p 6) les circonstances de sa désignation " inattendue ", par feu Houari Boumediène et Bachir Boumaza, ce dernier, alors ministre de l'Information et de la Culture, après le " Réajustement révolutionnaire ", ou " coup d'Etat ", c'est selon, du 19 juin 1965. 6/ Mémoires. L'Histoire comme miroir. 2007-2019.Tome V. Récit de Said Sadi. Editions Frantz Fanon, Boumerdès 2025. 395 pages, 2.500 dinars. 78 ans en juillet 2025. Et, 23 années de responsabilité partisane (jusqu'au 9 février 2018, lors du 5ème Congrès du parti) et bien plus en activités politiques. Une retraite qui ,en réalité, n'en est pas une. Et, pour les mordus de la vie politique nationale, un cinquième (et dernier ?) tome de ses mémoires. Couvrant la période allant de 2007 à 2019. Ce cinquième tome n'est pas très différent de ceux qui l'ont précédé : un gros pavé. Heureusement, on est saisi, dès l'entame, par un récit facile à lire. L'Auteur : Né le 26 août 1947. Médecin psychiatre. Plusieurs fois emprisonné pour son militantisme pour la langue et la culture berbères, les Droits de l'Homme et les libertés démocratiques. Fondateur, en février 1989, du RCD dont il sera président jusqu'à mars 2012. Il a été, aussi, député (Apn) et candidat à une élection présidentielle. Auteur de plusieurs ouvrages. Avis : Encore un pavé (le dernier ?) fourmillant d'informations sur la vie politique contemporaine -perturbée- du pays. Un peu trop de détails éloignant de l'essentiel. Peut-être ? Mais nécessaire. Se lit d'un trait. Prix de vente élevé et ne pas tenir compte des élans-légitimes- d'auto-satisfaction et de l'obsession sécuritaire. 7/ Algérie 1955. Un appelé s'insurge contre la torture. Témoignage de Stanislas Hutin. Koukou Editions, Alger 2025, 143 pages, 1.000 dinars. Côté français, il faut le dire et le répéter, jusqu' à un certain moment pas très lointain, on n'a jamais parlé de " Guerre d'Algérie ", mais seulement d' " Évènement ". De ce fait, dans toute l'écriture de l'Histoire, on s'est contenté de la Grande Histoire, " celle qui fait fi du détail, de l'individu isolé, des sentiments inavoués, des blessures intérieures, des larmes retenues, des deuils impossibles ". Et, malheur à celui qui sortait des rangs de cette pédagogie détournée, se retrouvant boycotté, ignoré, cloué au pilori échappant de peu à la guillotine médiatique et/ou académique. Tout cela n'a que mieux mis en exergue le travail de résistance de chercheurs qui ont osé aller encore plus loin, encore plus vrai. Tout en sachant que le travail sera rendu difficile en raison d'un certain silence, des acteurs vrais, comme les soldats français, appelés ou volontaires. Quant aux politiques, mieux vaut ne pas en parler. Puis, tout d'un coup, grâce à mon avis, à la montée au créneau, en France même, des résistants algériens, ce fut le grand déclic. L'Auteur : Né à Rennes (France) en 1930. Père, fondateur et directeur du journal " Ouest-France ", député Mrp démissionnaire du Morbihan. Séminariste chez les jésuites, passé par Madagascar colonisée, il fait partie des " appelés maintenus " (sous l'uniforme militaire de l'armée coloniale) de l'automne 1955 et envoyés en Algérie. Il dénonce, déjà à partir de 1957, la torture pratiquée dans une brochure " Des appelés témoignent ". Depuis 2004, Stanislas Hutin milite dans l'association 4ACG (Anciens appelés en Algérie contre la guerre et leurs amis), et il intervient dans les lycées et collèges pour témoigner. Avis : Enfin, un (autre) livre -écrit dans un langage simple, sans fard, ni artifice - qui raconte de l'intérieur de l'armée coloniale, les comportements horribles, inhumains (torture, viols, rapines, razzias, exécutions sommaires...).Toute la panoplie de la répression-extermination. Une lecture difficilement supportable. Un livre écrit par un militaire français qui n'a pu supporter de telles injustices. A lire absolument mais ne pas laisser entre les mains des enfants et des âmes sensibles. 8/ Ce que disent les morts. Roman de Jugurtha Abbou. Editions Dalimen, Alger 2025, 229 pages, 1.400 dinars C'était le temps de la pandémie du Covid. Des morts par centaines à travers le monde et par dizaines en Algérie. En plus du confinement, on s'est retrouvé obligé d'enterrer les morts à la va-vite, souvent sans la présence des parents, des proches et des amis (lorsqu'ils étaient eux-mêmes encore en vie !). On s'est retrouvé aussi face à une pénurie de places dans bien des cimetières. Se basant sur cette réalité (?), l'auteur a profité du large (sic !) public (sept décédés -appartenant à des familles différentes - enterrés dans une même tombe..., une fosse commune), pour déclencher un véritable débat sur la vie de chacun d'entre-eux, ses problèmes, ses espoirs, ses relations avec les autres, mais aussi sur la société en général. Le grand déballage, quoi ! En toute liberté, bien sûr. Donc, sept spectres et sept histoires Tout cela écouté par Rezki, un petit commerçant amateur d'alcool, se réfugiant dans le calme du cimetière, loin du tumulte des vivants de son village, avec l'accord du maître des lieux, le fossoyeur... un solitaire... dépravé clandestin. En définitive, les morts de nos cimetières racontent la vie beaucoup mieux que les vivants eux-mêmes. Il est vrai qu'ils n'ont plus rien à craindre...de ceux qui ne savent pas leur " dernière heure ". L'Auteur : Né en 1984. Spécialiste en psychologie sociale. Il a été membre du Conseil national puis Secrétaire national à la communication du Ffs. Déjà plusieurs ouvrages dont un de poésie (2019), deux romans et plusieurs contributions journalistiques. Il anime aussi un club de lecture pour enfants. Avis : Une tombe (ou fosse) collective (durant la pandémie du Covid), voilà un biais assez original pour raconter -en toute liberté- la vie. Attention, pas mal de coquilles, ce qui rend la lecture malaisée ! L'impression numérique a pas mal de jours devant elle avant d'atteindre le (presque) parfait. De plus, une mise en page " expédiée ". Et, indication de l'imprimerie absente. 9/ La joie ennemie. Récit de Kaouther Adimi. Editions Barzakh, Alger, 2025, 239 pages, 1.200 dinars - Photo de couverture : Ahmed Adimi (le papa), Annaba 1992. On dit qu'il ne faut jamais juger un livre à sa couverture. La couverture, c'est comme les titres en Une d'un journal. Ça doit attirer, susciter de la curiosité, accrocher. Eh bien, la couverture de l'ouvrage présenté répond parfaitement à la définition. Elle est simple, instantanée, chargée d'émotion et d'amour... la naïveté artistique naturelle d'un papa pour sa toute jeune progéniture. Naïveté et spontanéité chargées de couleurs... correspondant très parfaitement à l'œuvre de Baya... visitée en solitaire et de nuit par l'auteure à l'Institut du Monde arabe (Paris), un " endroit lugubre " et il y fait froid. Mais, aussi, et c'est ce qui fait la force du récit, c'est la " confession " de l'auteure elle-même qui nous raconte son enfance et sa jeunesse, en France puis en Algérie... durant les années de terrorisme islamiste. " Je voulais écrire sur elle, et pourtant, je n'écrivais que sur moi ", avoue-t-elle. Résultat final : un texte puissant où l'art est un contrepoint lumineux à l'obscurantisme. L'Auteure : Née en 1986 à Alger. Etudes de littérature. Vit et travaille à Paris. Déjà auteur de plusieurs ouvrages dont le remarquable " Nos richesses " (Prix Renaudot des Lycéens, Prix du Style et Prix Beur Fm, en 2017), " Les Petits de Décembre (2019), " Au vent mauvais " (2022. Prix Montluc Résistance et Liberté 2023), " Des ballerines de papicha " (2010). Tous parus, aussi, en Algérie. Kaouther Adimi est aussi nouvelliste avec " Le Chuchotement des anges " et " Le Sixième œuf ". A son actif aussi deux pièces théâtrales intitulées : " Le dernier quart d'heure " (2009) et " Le quai des fleurs " (2022). Avis : Une forme assez originale de récit alternant, avec art, le présent et le passé, le sujet central chargé de beauté et des souvenirs d'enfance et de jeunesse souvent tragiques. 10/ Ce que la mort m'a pris de toi. Roman de Hosni Kitouni (Préface de Amin Khan). Casbah Editions, Alger 2025, 159 pages, 1.300 dinars. Plusieurs décennies après, et malgré la mort matériellement constatée, l'auteur, bien qu'il s'y soit habitué -ayant étudié et écrit plusieurs ouvrages et/ou études sur la période coloniale et ses atrocités et sur la guerre de libération nationale - est resté, non pas prisonnier d'un traumatisme datant de son enfance (à peine sept ans, deuxième enfant d'une fratrie de quatre mais enfant mâle ardemment attendu) suite à la brusque séparation avec son père, forcé de rentrer dans la clandestinité afin de poursuivre son combat - mais surtout d'un amour infini doublé d'une admiration sans bornes à l'endroit de son père-héros et de sa maman-courage. " Il y avait le soleil et Père, l'un rythmait les jours et l'autre nos vie. Depuis qu'il était parti, je me sentais comme une espèce de chose sans nom, inutile; un jouet démembré qu'on aurait oublié dans un coin de la chambre. Je n'étais plus rien, une loque pleureuse qui n'intéressait personne " , écrit-il. On a donc un récit relativement court, clair et direct (romancé afin, surtout, de faciliter la lecture et de faire corps avec le lecteur) très personnel à la subjectivité pleinement de l'intime. Tellement intime qu'il nous paraît très difficile de le commenter. L'Auteur : Etudes en économie (Paris VIII Vincennes), enseignant durant quelques années avant de rejoindre la télévision algérienne où il écrit et réalise des émissions culturelles et de nombreux documentaires historiques et sur le patrimoine, chercheur associé à l'Université d'Exeter en Angleterre entre 2018 et 2021. Chercheur indépendant en " Histoire du fait colonial ". Déjà auteur d'une monographie sur " la Kabylie orientale dans l'histoire " (2013), d'un essai sur le " Désordre colonial " (2018) et d'une étude sur " l'Histoire, mémoire et colonisation " (2024) ainsi que de plusieurs études consacrées à la violence et aux changements induits par les dépossessions massives au cours du XIXème siècle. A, aussi, réalisé des émissions culturelles et des documentaires historiques et sur le patrimoine. Avis : Un grand bonhomme qui raconte sa douleur d'enfant (et celle de sa maman) après le départ à la guerre et la perte de son papa. Un récit terrible d'émotion. Car, une douleur qui, on le sent avec lui, perdure encore. Texte plus qu'émouvant car on vit, avec lui, sa douleur. Âmes sensibles, à consommer avec modération. Note complémentaire : La photo de couverture exprime, par ailleurs, tout l'amour et toute la fierté du père 11/ L'Amour en guerre. Souvenir d'elle. Roman -Récit de Abdelkrim Ghezali. Casbah Editions, Alger 2025. 137 pages, 1.300 dinars. Le prénom en lui-même est assez significatif, portant en lui une grosse somme d'amour (de la part des parents qui le lui ont donné) mais aussi et surtout l'annonce d'un parcours de vie dominé par le courage, la persévérance, la solidarité familiale... Rebelle ? Non, seulement et surtout le désir permanent de vérité, de liberté et de justice. De plus, elle était si belle. L'Algérienne amazighe digne descendante de la Kahina et Fatma N'soumeur ! Une rebelle qui n'a pas arrêté de lutter et ce, même après 62. L'auteur de ce roman-récit n'est autre que son fils cadet qui, grâce à ce qui lui a rapporté sa maman (qui savait y faire), mais aussi grâce à ce qu'il a pu voir, entendre ou récolter comme informations, en tant que journaliste, a pu reconstituer, les parcours jalonnés certes d'amour, mais aussi de douleurs et de sacrifices. Saltana ! Orpheline de père et de mère. D'abord mariée à un cousin débile qui n'a jamais pu consommer le mariage. Puis, refusant d'être l'épouse d'un vieillard (fortuné). Enfin, convolant en justes noces avec un homme bien-aimé (qui l'a " enlevé " dans la plus pure tradition de la région). Hélas, veuve à l'âge de 26 ans, le martyr de son époux, moudjahid de la première heure, a été une tragédie pour elle. Avec quatre enfants à charge et un autre en route. Que d'obstacles ! Et, pourtant, affrontant le pouvoir absolu des mâles dans une société conservatrice et de surcroît dans une contrée perdue au milieu des montagnes loin de toute autorité, elle a osé l'impossible. A chaque fois, rebelle impénitente, n'ayant rien à perdre, mais toujours combattante, elle a tout quitté (toujours avec ses enfants, cela allait de soi), à la recherche d'un mieux-être, d'un mieux-vivre. Pour elle, pour sa philosophie de vie, pour sa famille. Elle a, en définitive, réussi. Saltana ! Une véritable princesse. Une femme et une mère-courage d'Algérie ! L'Auteur : Né en octobre 1956 dans la wilaya de Khenchela. Titulaire d'une licence de langue et littérature arabes. Enseignant puis journaliste à partir d'Octobre 1988. Avis : Plus qu'une très belle histoire d'amour, dont celui filial. On découvre une œuvre parasociologique concernant une région, une société, un pan immense de la guerre de libération nationale, des us et des coutumes et la terre chaouie. De la sociologie rurale à la (bonne) sauce journalistique. Un roman ? Plutôt un récit qui s'écoute. 12/ Les Griffes de l'Écrivain. Essai de Amin Zaoui. Editions Dalimen, Alger 2024, 372 pages, 1.400 dinars. Décidément, Amin Zaoui est un auteur très actif qui n'arrête pas de nous étonner et de nous surprendre aussi bien quantitativement que qualitativement. Bref, on en a pour son argent et le temps consacré à son dernier (gros mais grand) ouvrage n'est pas perdu. Au contraire. Son écriture en français (mais, elle l'est aussi en arabe) est simple et fluide, colérique et douce, salée et sucrée, délicate et crue en même temps, mélangeant le style de l'écrivain engagé et du chroniqueur de presse éveillé soucieux de réveiller ses lecteurs grâce à " ses " vérités. Dans la lignée des grands maîtres arabes et maghrébins de la littérature d'éveil, que celle-ci relève de la production écrite classique (roman, essai, poésie...) ou journalistique ! Les sujets ? Un peu de tout et de tout un peu mais assez suffisamment pour (presque) tout voir et tout savoir sur notre société L'Auteur : Né en novembre 1956 à Bab El Assa, enseignant à l'Université d'Oran, (département des langues étrangères), Docteur d'État en littératures maghrébines comparées, directeur du Palais des Arts et de la Culture d'Oran, directeur général de la Bibliothèque nationale d'Algérie (qui avait connu alors une intense activité culturelle et intellectuelle) avant qu'il ne soit brutalement " vidé " (Khalida Toumi était alors ministre de la Culture), membre du Conseil de direction du Fonds arabe pour la culture et les arts (AFAC), conférencier auprès de plusieurs universités étrangères, de nombreuses activités culturelles internationales (juré, rencontres, colloques) et animateur d'émissions culturelles télévisées. Romancier bilingue (arabe et français), auteur prolifique; et, plusieurs de ses œuvres sont traduites dans plusieurs autres langues. Avis : Plus que de simples chroniques, des essais. Déjà publié (e)s dans la presse ? Peu importe, l'essentiel est de les voir rassemblé(e)s en un seul ouvrage épais certes mais riche, très riche en informations, en réflexions psychosociologiques, politiques et économiques et en vérités concernant le quotidien (passé et présent) de chacun d'entre-nous. A lire sans délai. À relire de temps en temps pour conserver les pieds sur terre et prendre conscience des (dures ou tristes) réalités de notre vie. |
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