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Oranie :
Le Pr. Belgoumene Berrezoug, recteur de l'université «IBN-Khaldoun» au «Le Quotidien d'Oran»: «Une faculté de médecine en 2027»
par Entretien Réalisé Par El-Houari Dilmi Avec plus de 28.000
étudiants, l'université «Ibn-Khaldoun» de Tiaret est
la troisième ville universitaire en Oranie après Oran
et Tlemcen. Son Recteur, Belgoumene Berrezoug, professeur émérite en sciences physiques, a bien
voulu répondre à nos questions.
Quotidien d'Oran : Commençons par la bonne nouvelle : la faculté de médecine prend forme, où en est ce projet ? Pr. Belgoumene Berrezoug : En effet, dans le cadre des projets d'investissement de l'Etat, une opération a été inscrite à lindicatif de la wilaya portant sur l'étude et suivi de la future faculté de médecine. Cette étude, pour laquelle une enveloppe financière de 15 millions de dinars a été dégagée, sera lancée au début de l'année prochaine et sera suivie de la phase de réalisation, ce qui veut dire que la faculté de médecine sera opérationnelle dès la rentrée universitaire 2027/2028. Notre souhait est de voir cette nouvelle faculté de médecine, qui sera dotée d'un centre de simulation haute-fidélité, implantée au niveau du nouveau pôle médical situé sur la route de Sougueur et comprend déjà le centre anti-cancer, le complexe mère-enfant, le centre des grands brûlés et le centre de désintoxication pour toxicomanes. Je voudrais juste préciser que plus de 1000 étudiants poursuivent leurs études au niveau de l'annexe de médecine, le plus important effectif au niveau national en ce qui concerne les annexes universitaires. Aussi, 15 maîtres-assistants hospitalo-universitaires seront recrutés dans les prochains jours pour renforcer l'encadrement de cette annexe. Tout cela va nous permettre de jeter les bases pour la création d'un CHU dont sera dotée la wilaya. Q.O : Est-ce que l'érection d'un CHU est obligatoirement conditionnée par la création d'une faculté de médecine ? B.B : Pas nécessairement, il existe des facultés de médecine dans certaines wilayas qui ne sont pas dotées de CHU. La création d'un CHU doit se faire en commun entre les départements de l'Enseignement supérieur et de la Santé, c'est-à-dire que la création d'un centre hospitalier universitaire doit passer par la création de postes pour les enseignants de rang magistral et le transfert de la gestion de certains services hospitaliers vers la future faculté de médecine, dont on attend le décret de création dans les prochaines semaines. Q.O : En attendant la création de la future faculté de médecine, ne craignez-vous pas de voir l'annexe de médecine rapidement saturée au vu du nombre important de bacheliers dans les filières scientifiques que compte la wilaya de Tiaret ? B.B : Non, nous disposons de capacités qui nous permettent d'accueillir jusqu'à 3000 étudiants, avec la réhabilitation de 1600 places pédagogiques de l'ex-ITMA, et la réalisation en cours d'un centre de simulation haute-fidélité dédié aux sciences médicales. Ce centre sera transféré vers la future faculté de médecine une fois les travaux achevés. Il faut préciser, aussi, que ce centre de simulation haute-fidélité servira également pour les examens pratiques des étudiants en médecine mais aussi pour la formation continue des médecins et praticiens de santé. Q.O : Combien compte aujourd'hui l'université « Ibn-Khaldoun » d'étudiants et de facultés ? B.B : L'université « Ibn-Khaldoun » compte aujourd'hui plus de 28.000 étudiants. Nous avons un encadrement de plus de 1.200 enseignants, la grande majorité des docteurs, et plus de 55% de rang magistral. Avec une moyenne d'un enseignant pour 20 étudiants, cela nous place dans la moyenne nationale. Nous avons actuellement huit (08) facultés, la faculté des sciences appliquées, des sciences de la matière, la faculté de mathématiques et d'informatique, celle des sciences de la nature et de la vie, de droit et de sciences politiques, des sciences économiques, commerciales et de gestion, des sciences humaines et sociales et la faculté des lettres et des langues, quatre vice-rectorats en plus d'un institut et quatre annexes universitaires dont une à Ksar Chellala avec cinq domaines de formation, l'annexe de Sougueur, l'annexe de médecine et enfin l'annexe relevant de l'Ecole normale supérieure (ENS). Nous avons plus de 530 étudiants au niveau de cette annexe de l'ENS, pour former des PES en maths-physique et des enseignants en langues arabe et française pour les cycles primaire et moyen. Tout cela nous classe comme la troisième ville universitaire en Oranie après Oran et Tlemcen. Q.O : On constate une orientation de plus en plus de nouveaux bacheliers vers les filières scientifiques et technologiques par rapport aux sciences humaines et sociales. A quoi cela est dû à votre avis ? B.B : La politique du ministère de l'Enseignement supérieur et la Recherche scientifique est celle d'orienter les étudiants vers les filières des sciences et technologies. Mais cela ne nous empêche pas de développer les filières des sciences humaines et sociales dont le pays a également grand besoin. Aujourd'hui, nous sommes en train de gérer ce que j'appelle moi « la génération Z », c'est-à-dire une communauté d'étudiants qui a poussé dans un milieu hyper-connecté et ouverte aux sciences et technologies modernes comme l'IA, ce qui nous incite à ouvrir de nouvelles filières pour faire fructifier tous ces talents naissants et faire exploser leurs formidables capacités ? Q.O : Combien de laboratoires et de projets de recherche compte l'université « Ibn-Khaldoun » ? B.B : Nous disposons actuellement d'une trentaine de laboratoires, en plus de plusieurs équipes mixtes de recherche dans différents domaines comme l'agriculture, première vocation de la wilaya, ou encore la santé. Nous avons aussi des projets de recherche inscrits à l'indicatif du Plan national de recherche (PNR), en plus de huit programmes « ERASMUS », un programme d'échange européen pour l'éducation, la formation, la jeunesse et le sport. Q.O : L'université s'ouvre vers le milieu extérieur, dans la sphère économique en particulier, donnez-nous quelques exemples concrets ? B.B : Justement, en plus de 500 projets en cours sous l'égide du Centre de développement de l'entrepreneuriat (CDE), un financement a été accordé par le MESRS à la suite de la distinction de deux projets développés par deux étudiants de notre université lors du concours national «Protomarket» du défi et de l'innovation, organisé à la fin du mois de septembre dernier, où ils ont été sélectionnés parmi les meilleurs modèles de développement orientés vers le marché. Le premier projet, intitulé « Système de maintenance intelligente pour machines industrielles», développé par les étudiants Aïmen Zerrouk et Nawal Boughoufala, a bénéficié d'un soutien financier de 1,5 million de dinars. Ce projet vise à développer des algorithmes capables de détecter précocement les pannes et de proposer des solutions immédiates grâce aux technologies d'intelligence artificielle. Quant au second projet, dirigé par l'étudiante Djamila Si Kaddour, il a obtenu un financement de 1,2 million de dinars pour la transformation du manuel scolaire algérien en une application numérique interactive, en phase avec la transition numérique du secteur de l'éducation nationale. Q.O : quelles sont les nouvelles spécialités ouvertes cette année ? B.B : Nous avons ouvert cette année trois nouvelles spécialités qui sont les arts plastiques, l'archéologie et médias et information. Q.O : A combien s'élève votre budget annuel ? B.B : Si notre budget d'équipement varie d'une année à une autre, notre budget de fonctionnement s'élève à plus de 1000 milliards de centimes annuellement, sans compter le budget des œuvres universitaires. En ce qui concerne les cités U., justement, nous en comptons neuf dont sept dans la ville de Tiaret pour une capacité globale de plus 16.000 lits. En matière de transport, nous disposons de plus de 160 autobus pour le transport des étudiants. Q.O : Comment voyez-vous l'avenir de l'université «Ibn-Khaldoun» ? B.B : Notre premier et dernier objectif est celui de mettre l'université au service de la société et du pays d'une manière générale. Nous voulons sortir du schéma classique « formation-recherche » pour s'inscrire dans une nouvelle dynamique qui est celle de faire de l'université un véritable moteur de développements tous azimuts. Q.O : Un dernier mot ? B.B : Pour terminer, je vous annonce que nous sommes engagés dans l'opération de certification ISO-9001, ce qui nous incite à toujours aller vers le meilleur et surtout de ce qui se fait de mieux dans le monde. |
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