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Les associations de parents d'élèves alertent: Quand la course aux bonnes notes met les enfants en danger
par M. Aziza Une nouvelle fois, la question de la pression
exercée sur les élèves à l'occasion de la remise des notes et des bulletins
scolaires refait surface. Une pression qui, dans certains cas, dépasse le cadre
pédagogique pour avoir des conséquences graves sur la santé psychologique,
voire physique des enfants.
Contactée par nos soins, la présidente de la Fédération nationale des parents d'élèves, Mme Djamila Khiar, a tenu en premier lieu à saluer l'ensemble des élèves ainsi que le corps pédagogique et administratif pour les efforts consentis tout au long du trimestre. Elle a rappelé que les résultats obtenus reflètent le travail réalisé en classe et que chaque élève donne le meilleur de lui-même selon ses capacités et son rythme d'apprentissage. Mme Khiar a insisté sur le fait qu'il est essentiel de comprendre que tous les élèves n'assimilent pas de la même manière, certains progressent rapidement, tandis que d'autres ont besoin de plus de temps. D'où, selon elle, la nécessité pour les parents d'accompagner leurs enfants dans leur parcours scolaire, loin de toute forme de pression excessive, en particulier pour les élèves rencontrant des difficultés d'apprentissage. Cet accompagnement, a-t-elle souligné, doit s'inscrire dans la durée et ne pas se limiter aux périodes de remise des bulletins. Elle a également rappelé que les établissements scolaires disposent de mécanismes d'écoute et de soutien, à travers des enseignants ouverts au dialogue avec les parents, ainsi que des conseillers et des psychologues scolaires chargés d'accompagner les élèves et leurs familles afin de favoriser une meilleure adaptation et une mise à niveau progressive. La présidente de la Fédération nationale des parents d'élèves a, par ailleurs, expliqué que le premier trimestre est souvent long et difficile pour de nombreux élèves, nécessitant un temps d'adaptation, notamment après une longue période de vacances. Pour Mme Khiar, il ne faut donc pas céder à l'alarmisme ni dramatiser des résultats jugés insuffisants, d'autant que les deuxième et troisième trimestres offrent de réelles opportunités de rattrapage. Enfin, elle a tenu à rappeler qu'« il n'existe pas d'élèves médiocres », mais des profils et des méthodes d'apprentissage différents, ce qui rend indispensable un accompagnement parental continu et bienveillant. Une note en deçà des attentes ne doit en aucun cas être perçue comme une fin en soi ni justifier une pression susceptible de fragiliser l'équilibre psychologique de l'élève. Le président de l'Union nationale des parents d'élèves, Hamid Saâdi, a dénoncé, dans une déclaration accordée au Quotidien d'Oran, la pression excessive exercée par certains parents sur leurs enfants pour l'obtention de « très bonnes notes » lors des examens. Il a rappelé que l'enfant demeure une base fragile, nécessitant compréhension et accompagnement plutôt que contrainte et intimidation. M. Saâdi a qualifié d'« aberrant » le comportement de certains parents qui comparent leurs enfants à ceux des voisins ou des membres de la famille, les poussant sans cesse à faire mieux, parfois au moyen de pressions psychologiques, voire de menaces, lorsque les résultats escomptés ne sont pas atteints. Une attitude qui, selon lui, ignore totalement le fait que chaque élève possède ses propres capacités d'apprentissage et son propre rythme de progression. Le président de l'Union a également pointé une contradiction préoccupante dans certains comportements parentaux. Il a indiqué que des parents n'hésitent pas à menacer leurs enfants de sanctions sévères en cas de mauvais résultats, mais, face à une fugue, les appellent ensuite à rentrer au domicile familial en leur promettant l'absence de toute punition. Face à ces dérives, Hamid Saâdi a appelé les parents à faire preuve de sagesse et à éviter les pressions inutiles sur les élèves, soulignant que celles-ci peuvent parfois entraîner des dégâts psychologiques irréparables. Pour lui, la préservation de la santé mentale de l'enfant constitue une priorité absolue si l'on veut garantir sa réussite scolaire et son épanouissement dans la vie en général. Il a également plaidé pour la révision du système d'évaluation notamment dans le primaire. Repenser l'évaluation scolaire Selon Mme Bacha Fatiha, vice-présidente de l'Association nationale des sciences et du développement durable, la pression liée aux résultats scolaires est multifactorielle, mais la pression parentale demeure la plus marquée. Animés par la peur de l'échec ou par des attentes élevées, certains parents réduisent la réussite scolaire à une moyenne générale ou à un classement, allant parfois jusqu'à comparer l'enfant à ses camarades, à ses frères et sœurs ou à son entourage. A cela s'ajoute une pression sociale omniprésente, qui érige la performance scolaire en unique voie de réussite et de reconnaissance, alimentant ainsi les exigences familiales et scolaires. Pour Mme Bacha, il devient urgent de changer le regard porté sur l'évaluation. Il est nécessaire de mettre davantage l'accent sur les progrès réalisés, les compétences acquises et les efforts fournis par l'élève, plutôt que de se focaliser exclusivement sur la moyenne générale, souvent source de stress et de découragement. Notre interlocutrice a plaidé pour l'encouragement du dialogue entre école et famille. Ce qui constitue un levier essentiel pour réduire la pression sur les élèves. Dans la majorité des cas, l'accompagnement parental reste insuffisant, de nombreux parents ne disposant pas des outils nécessaires pour interpréter un bulletin scolaire autrement qu'à travers les notes chiffrées. Les appréciations pédagogiques, pourtant essentielles pour comprendre le parcours de l'élève, sont souvent peu lues ou mal comprises. La vice-présidente de l'association souligne, par ailleurs, que la pression est exacerbée lors des examens, en particulier le baccalauréat, qui tend à être perçu comme une sanction plutôt que comme une simple étape d'évaluation. Elle regrette que les grandes réformes du système éducatif soient souvent limitées, notamment en ce qui concerne la méthode d'évaluation continu, qui mérite selon elle une profonde révision. |
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