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![]() ![]() ![]() ![]() Depuis bien des années, le pays,
confronté à la demande pressante de logements, avait opté pour la libération du
marché immobilier. L'on avait, à l'époque tout essayé, du modèle yougoslave, du
simple social, de l'habitat rural, de l'auto-construction, des réserves
communales foncières, des lots marginaux au clos et couvert, du social
participatif au promotionnel aidé jusqu'à l'AADL aux chiffres infinis.
La marge du secteur privé devenait peu à peu une phase d'accession à un certain confort. La promotion immobilière faisait une entrée fracassante pour s'installer d'abord sur des assiettes publiques, puis s'étalait sur des terrains privés du surcroît dans le noyau central de la ville. Sétif était pris pour un site pilote, pour des raisons non seulement d'accroissement de la demande mais surtout celles de la disponibilité des moyens de réalisation et de la compétence et la célérité des acteurs du bâtiment. Les premiers promoteurs privés, déjà ancrés professionnellement et parfois familièrement dans l'acte de bâtir, pour avoir réalisé d'innombrables projets d'institutions publiques, d'entre logements sociaux, édifices administratifs et scolaires ; venaient d'ouvrir la voie à toute une faune novice et néophyte qui s'est reconvertie par un tour de magie, sans art ni égard en promoteurs potentiels. Elles lorgnaient les plus beaux quartiers de la ville en quête d'une belle villa tombée en décrépitude ou litige d'un héritage. Des monstruosités naissaient, surchargées de gadgets, de chinoiseries et démunies de tout charme urbanistique. L'on ne parle alors plus de prouesses d'architecture, mais d'anarchitecture. Du n'importe quoi, en somme. Les cités-phares de la ville, les Cheminots et Bon marché, sont devenues de simples ruelles étroites à plusieurs bâtiments. Soit, des zones non plus résidentielles, mais résiduelles collectives. Plus de jardins, plus de pins, plus de lilas, plus de ferronnerie d'art, tout a été remplacé par le brut barreaudage, le plexiglas, l'aluminium et la fausse tuilerie. En plus de l'esprit rutadin qui règne dans ces habitacles; les garages commerciaux ont supplanté la quiétude et le bon vivre. C'est cela en fait la prémonition immobilière foncièrement spéculative. L'astuce pour détourner la réglementation en la matière va consister à déclarer faire une «habitation individuelle», avec, pardon R+4, sous-sol et grenier habitable ! Par contre, les pionniers sétifiens dans ce créneau persévèrent à accomplir avec brio leur œuvre. Des logements haut standing, des centres commerciaux hight, à l'exemple du Parc-Mall et Centre Errais aux demeures pavillonnaires personnalisés. L'on notera que sans ces leaders, bâtisseurs invétérés que sont notamment Abderrahmane Rais-Essemche, Ammar Seklouli, Rachid Khenfri, Hacène Touati; la ville aurait été une agglomération hybride de ciment et de béton dépourvue d'innovation. En termes d'innovation justement et ce qui attire l'œil de l'observateur, c'est ce mode de panneaux de façade en style new-classique que vient d'installer Rais-Essemche dans sa nouvelle œuvre promotionnelle sise au centre-ville, à côté de Ain Fouara et de Ain Droudj. En l'état, cette frénésie immobilière n'est pas propre à Sétif, elle a touché le cœur de toutes les grandes villes. Canastel à Oran, Hydra et son Val a Alger, Annaba et son littoral n'ont pas été épargnés par cette controverse. |
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