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Tribune - Lutte de libération ou terrorisme ?

par Ibrahim Taouti*

Pour être cohérent, le droit à l'autodétermination d'un peuple exige un présupposé: le principe fondamental de réciprocité. C'est essentiel. L'égalité en droit des peuples est une évidente logique. Un droit à l'autodétermination d'un peuple qui viole celui d'un autre peuple serait contraire aux principes d'égalité des peuples et de leurs droits respectifs à l'autodétermination.

Le traumatisme de l'Holocauste brandi par les partis sionistes opportunistes, qui prétendent que le génocide commis hier par d'autres va légitimer celui des Palestiniens à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, etc. est tristement accepté par les pays occidentaux. Est-ce pour se repentir de leurs crimes ?

Ils tolèrent le processus de croisade et d'annexion d'autres pays et territoires. Pourtant, en droit international, la Résolution 181 du partage de 1947, qui a établi le partage de la Palestine, constitue la seule référence juridique légitimant la présence d'une entité juive en Palestine.

Cette résolution limite le territoire à environ la moitié de ce qui a été occupé militairement entre 1947 et 1949. L'expansion sioniste au-delà de la Ligne verte d'armistice depuis 1967, pour contrôler l'intégralité de la Palestine historique, s'est faite sans justification en droit international.

L'inaction face à cette situation est un échec du droit, de la diplomatie, de la morale ...

Aucun État chrétien n'aurait toléré la présence de Juifs, que ce soit avant, pendant ou après la Seconde Guerre mondiale. Les seuls pays à leur offrir refuge furent le Danemark, la Suède, l'Albanie, et, fait souvent oublié, les pays arabes !

En droit, le premier élément à considérer pour la légitimité d'un État, sioniste ou palestinien, est le Plan de partage qui a accordé une reconnaissance internationale à chacun des deux. Affirmer la légitimité de l'État sioniste implique de reconnaître également celle de l'État Palestinien. Les Accords intérimaires d'Oslo stipulent, en clair, qu'un État palestinien est un préalable. Aucun autre document ne légitime l'entité sioniste. La Déclaration Balfour de 1925 évoquait la perspective d'un «foyer national juif en Palestine».     Ni cette lettre ni le traité ne mentionnent «Israël» ou un État juif. Même dans sa lettre de reconnaissance, le président Truman avait barré les mots «État (et) Juif» !

La loi adoptée par la Knesset, déclarant l'entité sioniste comme un «État juif», est invalide autant qu'inconstitutionnelle. L'État n'est pas mentionné dans la Déclaration d'indépendance. En outre, cette loi contredit les termes des Accords intérimaires d'Oslo, qui reconnaissent un État palestinien.

Pourtant, en Occident, toute revendication palestinienne est qualifiée d'acte antisémite ou terroriste. Or, le terme "terrorisme" souffre d'un paradoxe révélateur.           Lorsqu'il est utilisé par des États puissants, il se pare des vertus de la "lutte pour la liberté", habilement masqué par une propagande qui instrumentalise les concepts, y compris celui de démocratie. En revanche, si des opprimés résistent par les armes, comme en Palestine, leur lutte de résistance est qualifiée d'aveugle, manichéenne, sauvage… Elle devient synonyme de "barbarie" à éradiquer, par tous moyens.

Cette hypocrisie a été mise en lumière par Noam Chomsky et Andre Vltchek, il y a déjà dix ans!

La fabrique du «Bon Terroriste»

Le manichéisme inauguré par George W. Bush, avec sa dichotomie entre Axes du Bien et du Mal, avait réveillé de vieux démons suprémacistes. Les médias dominants, disciples de Sun Tzu et Machiavel, encensent ceux qui ont soutenu les dictatures de Somoza, Marcos, Duvalier ou Pinochet, applaudissent les agresseurs d'États souverains et pillant leurs richesses, comme en Irak et qui ont engendré Al-Qaïda en Afghanistan (1979 et 1989), fabriqué Daech (ISIS: "Islamic State of Iraq and Syria") et ISIL ("Islamic State of Iraq and the Levant") pour justifier leurs interventions au Moyen-Orient.

Aujourd'hui, ce même système tait le génocide palestinien et réprime les étudiants pro-Palestine, même aux États-Unis où des résidents légaux sont expulsés pour avoir manifesté sur des campus universitaires qui bénéficient, dans quasiment tous les pays, de l'immunité. Des universités comme Columbia ou New York University interdisent des événements pro-Palestiniens. Étudiants et professeurs sont sanctionnés pour leur soutien à la cause des expulsés du pays. Ce système pratique une censure sophistiquée via les réseaux sociaux, empêchant toute analyse approfondie. Des plateformes comme Facebook et Twitter ont supprimé des contenus pro Palestine, cette terre qu'on prétend souvent qu'elle aurait été juive, il y a deux mille ans !

Mais comme le démontre Nur Masalha dans un ouvrage de référence, la Palestine existe depuis 4000 ans, preuves archéologiques à l'appui. Elle a toujours été multiculturelle, selon des textes égyptiens et assyriens, de l'âge du bronze à nos jours, soutenus par des découvertes archéologiques récentes; les populations de la région ont toujours été diverses et interconnectées. Ce qui contredit le récit sioniste qui déforme/mythifie l'histoire par des traditions bibliques apocryphes. Même les analyses ADN réfutent les thèses sionistes expansionnistes.

Face à la supercherie sioniste à grande échelle, une solidarité mondiale émerge, sur tous les continents, preuve que la vérité finit par triompher de la propagande.

La Palestine ressuscitera, comme l'Algérie après plus d'un siècle de colonisation et de crimes, grâce à ses millions de Martyrs. Ils furent qualifiés de terroristes jadis, aujourd'hui nos héros à tous.

*Avocat en retraite