Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Agression sioniste contre Jénine: Mise en garde contre une nouvelle escalade

par Mohamed Mehdi

  Lundi, 16e jour de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, Ghaza compte toujours ses martyrs. Dans son bilan statistique quotidien, le ministère de la Santé de l'enclave a indiqué, hier, que le nombre de victimes a atteint 47.518 martyrs et 111.612 blessés.

Ce bilan comprend les 20 martyrs, dont 18 corps retrouvés sous les décombres, un martyr succombant à ses blessures, ainsi que le cas d'un nouveau martyr et 20 blessés enregistrés durant les précédentes 24 heures. Un correspondant d'Al Jazeera a fait état des évacuations, au troisième jour de l'opération, de 39 Palestiniens malades et 55 de leurs accompagnateurs via le terminal terrestre de Rafah. Le Bureau des médias du gouvernement de Ghaza a lancé, hier, un appel urgent à l'Organisation caritative hachémite jordanienne à «donner la priorité à l'envoi de tentes et d'abris dans leurs prochains convois de secours», en plus de la nourriture et autres fournitures de secours.

«À la lumière des conditions humanitaires catastrophiques auxquelles est confronté notre peuple palestinien dans la bande de Ghaza, nous soulignons la nécessité urgente de fournir des abris aux personnes déplacées qui ont perdu leurs maisons lors de l'agression brutale israélienne contre notre peuple», indique le communiqué.

Les abris sont devenus les «besoins les plus urgents à ce stade», afin de «garantir un niveau minimum de dignité et de protection aux milliers de familles qui dorment dehors en raison dans de ces conditions hivernales», explique encore le document.

De son côté, le Sous-secrétaire du ministère de la Santé à Ghaza, Yousef Abu Al-Rish, a déclaré, lundi, que l'aide médicale acheminée à ce jour depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu «ne répond pas à 20% des besoins urgents», mettant en garde l'entité sioniste contre «toute manipulation des listes prioritaires».

«Nous soulignons l'importance d'accélérer l'introduction de fournitures médicales pour fournir le service médical minimum. Les organismes internationaux ont reçu des listes de besoins médicaux, mais ce qui arrive ne rentre pas dans le cercle des priorités», a-t-il expliqué. «Nous mettons en garde contre la politique consistant à manipuler l'introduction de l'aide en retardant ce qui est nécessaire et en fournissant ce qui n'est pas important», affirme encore Abu Al-Rish.

70 martyrs en Cisjordanie depuis le début de 2025

En Cisjordanie occupée, l'armée israélienne continue ses assauts contre plusieurs villes, en particulier Jénine, Tamoun, et d'autres régions. Le maire de Tamoun a déclaré que «les citoyens vivent dans un état de terreur et ne peuvent pas quitter leurs maisons». «Nous avons essayé de coordonner pour fournir du pain et d'autres produits de première nécessité, mais en vain», a-t-il expliqué, révélant que «les bulldozers israéliens ont détruit environ 3 kilomètres de rues de la ville, y compris les infrastructures».

A Jénine, ont eu lieu les funérailles de 7 martyrs tués lors de l'agression israélienne en cours depuis deux semaines. Des sources locales ont rapporté à Al Jazeera que les forces d'occupation n'ont autorisé que les proches familles des martyrs à participer à l'enterrement. En outre, selon le ministère de la Santé en Cisjordanie, «70 martyrs sont tombés en Cisjordanie depuis le début de cette année», dont 38 à Jénine, 15 à Tubas, 6 à Naplouse, 5 à Tulkarem, 3 à Al Khalil, 2 à Bethléem et un martyr à Al Qods. Parmi ces martyrs figurent 10 enfants, une femme, et deux personnes âgées, ajoute la même source.

UNRWA : des milliers de déplacés et des écoles fermées à Jénine

Lundi, dans une déclaration sur la situation dans le camp de Jénine, en Cisjordanie occupée, l'UNRWA décrit des conditions cauchemardesques et des «scènes choquantes» qui «mettent à mal le fragile cessez-le-feu conclu à Ghaza et risquent de déclencher une nouvelle escalade».

«Hier, en une fraction de seconde, de vastes pans du camp de Jénine ont été complètement détruits par une série de détonations contrôlées par les forces de sécurité israéliennes», lit-on dans le communiqué qui explique que l'agence onusienne «n'a reçu aucun avertissement préalable concernant ces détonations», en raison de «l'interdiction des contacts» entre le personnel et les autorités israéliennes, «ce qui met en danger la vie des civils».

L'UNRWA affirme également que les «opérations menées par les forces de sécurité israéliennes et palestiniennes» ont entraîné «le déplacement forcé de milliers de résidents du camp, dont beaucoup n'auront désormais plus aucun endroit où retourner».

Le communiqué note que depuis le début du nouveau semestre scolaire «13 écoles du nord de la Cisjordanie sont restées fermées en raison des opérations des forces de sécurité israéliennes dans la région», empêchant ainsi des «milliers d'enfants» de revenir en classe.

«Groupe de La Haye» : défendre les droits des Palestiniens et lutter contre l'impunité d'Israël

Les représentants de huit pays membres de la Cour internationale de justice (CIJ) ont annoncé, vendredi dernier, la constitution du Groupe de La Haye dont l'objet est de défendre les droits des Palestiniens et de lutter contre l'impunité des crimes commis par Israël en Palestine.

Dans sa déclaration inaugurale, le Groupe de La Haye (Belize, Bolivie, Colombie, Cuba, Honduras, Malaisie, Namibie, Sénégal et l'Afrique du Sud), affirme son refus «de rester passifs face à de tels crimes internationaux» commis en Palestine (Ghaza et Cisjordanie) ainsi que sa conviction de «l'impératif urgent» d'une «action collective» par le biais de «mesures juridiques et diplomatiques coordonnées, aux niveaux national et international» pour «défendre les principes de justice et de responsabilité qui constituent le fondement de la Charte des Nations unies». Ces actions juridiques et diplomatiques auront pour but, explique la déclaration, de «mettre fin à l'occupation israélienne de l'État de Palestine», «soutenir la réalisation du droit inaliénable du peuple palestinien à l'autodétermination» et à un «État indépendant», mais également «la nécessité de garantir la responsabilité des crimes les plus graves au regard du droit international, par le biais d'enquêtes et de poursuites appropriées, équitables et indépendantes au niveau national ou international, et de garantir la justice pour toutes les victimes et la prévention de futurs crimes». Dans leur argumentaire, les représentants des huit pays rappellent les ordonnances de la CIJ qui «reflètent une grave préoccupation concernant la perpétration de crimes de génocide en Palestine», et notent «le nombre important et diversifié d'États qui se sont joints en tant qu'États tiers à l'affaire, pour exiger la condamnation et la cessation immédiate du génocide en cours.»

Le document rappelle aussi l'émission par la Cour pénale internationale (CPI), le 21 novembre 2024 de mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant qui «portent chacun une responsabilité pénale en tant que supérieurs civils pour le crime de guerre consistant à diriger intentionnellement une attaque contre la population civile... le crime de famine comme méthode de guerre... et les crimes contre l'humanité que sont le meurtre, la persécution et d'autres actes inhumains». Les pays du Groupe de La Haye déclarent leur intention; conformément à nos obligations internationales, «d'empêcher la fourniture ou le transfert d'armes, de munitions et d'équipements connexes à Israël, dans tous les cas où il existe un risque clair que ces armes et ces équipements connexes puissent être utilisés pour commettre ou faciliter des violations du droit humanitaire, du droit international des droits de l'homme ou de crimes de génocide».

Parmi les actions envisagées, «empêcher l'accostage de navires dans tout port situé dans notre juridiction territoriale, dans tous les cas où il existe un risque clair que le navire soit utilisé pour transporter du carburant et des armes militaires vers Israël» qui pourraient être utilisés pour commettre ou faciliter des violations du droit humanitaire ou un génocide en Palestine».