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Face aux exactions sionistes et au silence complice des occidentaux: Cette Palestine qui refuse de capituler

par Chabane Zerouk*

Le mérite revient à l'Algérie qui a replacé la question palestinienne au cœur des priorités aux niveaux arabe et international. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que la question palestinienne a de tout temps, été une « cause centrale » pour l'Algérie. Il ne s'agit pas d'une déclaration de circonstance mais d'une conviction assumée par l'Etat algérien et par son peuple.

C'est dans la douleur et la dignité que le peuple palestinien commémore ce lundi la « Journée du Prisonnier », alors que les agressions sionistes s'intensifient et les campagnes d'arrestation se multiplient. Le déchaînement de la répression et des exactions sionistes dans les territoires occupés a atteint des seuils intolérables. La journée du 17 avril correspond à la libération du premier prisonnier palestinien, dans le cadre d'un accord d'échange conclu en 1974. Les Palestiniens ont choisi cette date pour exprimer leur solidarité avec leurs prisonniers détenus dans les geôles sionistes. Selon les derniers chiffres fournis par la Commission des affaires des prisonniers et ex-prisonniers palestiniens, 4.900 Palestiniens sont détenus dans les prisons de l'occupation sioniste, dont 350 enfants, 1.016 personnes en détention administrative (sans charge ni procès), 1.800 malades dont 700 ont besoin d'une prise en charge urgente. De même que 215 prisonniers sont tombés en martyrs à l'intérieur des prisons depuis 1967.

Trente ans après la signature des accords d'Oslo, le 13 septembre 1993, la solution à deux États est devenue une chimère. Les chances de voir cette solution se concrétiser s'éloignent, de plus en plus, au moment ou la bande de Gaza subit un blocus implacable et les habitants de la Cisjordanie sont soumis à des mesures ségrégatives. La chute du mur de Berlin, la vague d'optimisme née après le règlement de plusieurs conflits notamment en Afrique australe et en Amérique centrale, la persévérance de l'Intifada ayant engendré l'usure de la société israélienne, la mobilisation des opinions occidentales face au graves dépassements de l'armée sioniste ont conduit aux accords d'Oslo. Sous l'égide de l'ancien président américain Bill Clinton, ces accords ont été signés par Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Itzhak Rabin.

Pour les Palestiniens, il n'y rien à espérer tant aux plans politique, diplomatique que social. La situation a atteint un niveau de désespoir jamais égalé depuis la guerre israélo-arabe de juin 1967. Que pèse, aujourd'hui, la frêle Palestine face à un ennemi puissamment armé, immensément riche et amplement soutenu par les Occidentaux ? Tout n'est pas perdu. Elle dispose encore d'atouts importants. En termes démographiques, les Palestiniens représentent la moitié de la population de la Palestine historique. Ils ont acquis une expérience de lutte politique. Ils sont animés d'une conviction et surtout d'une conscience nationale inébranlable. En effet, si les dirigeants politiques palestiniens sont dans un total désarroi, la population, elle, ne plie pas. La Palestine refuse de capituler. La renaissance de la Cause palestinienne est en marche. Elle a signé le retour politique d'un peuple qu'Israël s'était promis d'effacer et avait permis à la Palestine de retrouver sa place sur la carte géopolitique. Le mérite revient à l'Algérie qui a replacé la question palestinienne au cœur des priorités aux niveaux arabe et international. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que la question palestinienne a, de tout temps, été une « Cause centrale » pour l'Algérie. Il ne s'agit pas d'une déclaration de circonstance mais d'une conviction assumée par l'État algérien et par son peuple. Le Président Tebboune a rappelé que la Cause palestinienne « est sacrée pour le peuple algérien». Cette question conditionne d'ailleurs la paix dans toute la région du Moyen Orient et le Président Tebboune a eu raison de souligner à ce propos qu'il n'y aura pas une solution dans cette région sans la résolution de cette question qui doit être par la proclamation d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967 avec El Qods pour capitale ».

Durant ce mois de Ramadhan, les forces de l'occupation sioniste ont intensifié, les attaques et les agressions contre la mosquée d'Al-Aqsa, dans la capitale palestinienne Al-Qods occupée mais aussi dans différents gouvernorats, procédant à l'arrestation de plusieurs centaines de Palestiniens.

En ma qualité de militant convaincu de la Cause palestinienne et observateur de l'actualité internationale, je suis révolté par ce qui arrive dans les territoires occupés et surtout par la posture cynique et hypocrite des pays occidentaux. Je trouve leur position plus que cynique et hypocrite. C'est scandaleux, intolérable, injuste et inique. Plus grave encore, ce silence complice est contre-productif pour la sécurité internationale. Car au-delà des pays occidentaux qui ont montré et démontré leur mensonge d'État, c'est l'Ordre mondial qui pratique la politique du deux poids, deux mesures qui est condamné et condamnable.

En réalité c'est un « désordre mondial hyper dangereux pour la sécurité de l'humanité toute entière. Aussi, il est frappant de relever le décalage entre le silence complice observé par la Communauté internationale sur les crimes de guerre commis quotidiennement par l'armée sioniste en Palestine et la promptitude à réagir à la crise en Ukraine. Comme si en Palestine ce ne sont pas des humains qui tombaient sous des balles assassines. Ces exactions et ces crimes au quotidien sont loin d'émouvoir l'Occident.

Pourquoi ce double standard? Unanimes, les pays occidentaux se sont tous opposés à ce qu'ils appellent « l'invasion russe en Ukraine». Ils reconnaissent le droit à la légitime défense des Ukrainiens.

Or, quand il s'agit des Palestiniens, vis-à-vis de l'occupation sioniste, ce même droit n'est pas reconnu. Il n'est pas question pour les responsables occidentaux d'appliquer les mêmes sanctions à la Russie qu'à Israël. Que dire de la Cour pénale internationale (CPI), à l'instar d'autres organisations des droits de l'homme et ONG, qui n'ont pas dérogé à leur propre règle. On ferme bien les yeux quand il s'agit de la Palestine et les écarquille quand il s'agit des intérêts de l'Occident. En ce sens, et dès le début de la crise en Ukraine, la CPI s'est empressée d'annoncer qu'elle ouvrirait immédiatement une enquête sur le conflit dans ce pays, au moment où les Palestiniens continuent de subir un déni de justice de la part de cette Cour, sensée traiter, sur un même pied d'égalité, tous les crimes et les agressions commis sur les populations de par le monde.

Avec une attitude condamnable et hypocrite, ces mêmes Occidentaux mènent une guerre d'informations sans merci sur le conflit en Ukraine, en mobilisant leurs arsenaux médiatiques pour les besoins de cette guerre par procuration. Sur les plateaux des télévisions, on nous sature de débats d'images et de vidéos «choquantes» nous parvenant du front ukrainien. Sur la question palestinienne, c'est à peine qu'on susurre quelques mots de compassion et on passe à «l'essentiel». Où sont ces chefs d'État de pays occidentaux qui dénoncent ouvertement des «crimes majeurs en Ukraine», allant jusqu'à pleurer la mort de civils? Pourquoi ne daignent-ils pas lever le petit doigt lorsqu'il s'agit d'enfants palestiniens massacrés par l'aviation de l'occupant sioniste? Ainsi va le monde mais jamais dans l'histoire de l'Humanité, l'injustice n'a duré ...

* Énarque et homme de droit ayant exercé de hautes fonctions, Maître Chaabane Zerrouk est diplômé, en 1980, de l'École nationale d'administration, section judiciaire. Il a fait partie de la 13e promotion, baptisée Malek BENNABI. Ancien magistrat-conseiller à la Cour suprême (avec grade de 1er président de la Cour suprême de 2000 à 2002). Avocat agréé à la Cour suprême et au Conseil d'État (2005-2010). Il est actuellement notaire et médiateur judiciaire.