Quand
nous sommes convaincus que la fraude, la triche, la corruption et la prédation
politique sont des marques déposées nationales. Et l'Europe, cet exemple que nous
envions?
Par
tout temps et tous les jours, les Algériens s'amusent du ridicule jusqu'à
l'absurde qui caractérise la vie politique nationale, ses institutions et ses
responsables pour en faire une «exception» et un argument de nos échecs. Corruption,
clientélisme, clans familiaux, abus de pouvoir, justice aux ordres,
incompétence, déprime des jeunes et moins jeunes, mal-vie... sont autant de
«maladies» qui reviennent dans le langage des gens, des médias, des partis
politiques de l'opposition et parfois même de responsables et de gouvernants
qui ont fini par faire croire, malgré soi, que l'Algérie, peuple et gouvernants
sont une exception, une complication sociopolitique qui résiste à toute
explication logique, sensée et même politique. Puisque c'est ainsi, tentons une
comparaison avec d'autres pays ou régions que nous citons souvent comme modèle
tels les pays d'Europe ou l'Union européenne elle-même. Quid de quelques
incongruités et «absurdités» chez nos amis européens et leurs responsables politiques
et commençons par la plus haute instance législative européenne, soit le
Parlement européen (PE). La semaine dernière, un violent et «ridicule» échange
verbal eut lieu entre le président du PE et celui de la Commission européenne
lors d'une assemblée générale du PE, scène impensable à ce niveau de
responsabilité et qui a fait le buzz sur les réseaux
sociaux. « Votre parlement est ridicule, très ridicule!»
a lancé violemment le président de la Commission, M. Juncker, au président du
PE, M. Tajani. Ce dernier après une brève hésitation
réplique avec force et colère» Je vous interdis de tenir un tel langage! C'est le PE qui commande la Commission après tout
!» La raison de cette altercation? L'absence de la
majorité des députés au débat sur la transition de la présidence tournante de
l'UE qui passe de Malte à l'Estonie. Quelque 30 ou 40 députés étaient présents
sur les 751 ! La fainéantise, l'indolence et l'oisiveté ne sont pas le propre
de nos seuls députés. Au taux d'absentéisme des députés souvent dénoncé par les
exécutifs des pays de l'UE, s'ajoute celui des scandales à répétition:
emplois fictifs, recrutement des parents et amis proches comme collaborateurs,
soumission à des divers lobbies, abus de pouvoir, etc. Quant à la corruption et
abus de biens sociaux... l'exemple de la Belgique de ces derniers mois laisse pantois: une série de scandales, d'abus de biens sociaux, de
triche et de fraude sont révélés semaine après semaine. Des élus de partis au
pouvoir de gauche comme de droite et du centre sont accusés de triche, d'abus
divers, de fraude, etc. L'exemple du bourgmestre (Maire) de Bruxelles-capitale
est sidérant: on découvre que le bourgmestre (
socialiste) touchait depuis des années un salaire du Samu social (s'il vous
plaît) dont il a été par le passé responsable. Et pas que lui: l'affaire dite
de «Publi-Fine» un conglomérat de plusieurs grandes
entreprises (énergie, télécom...) révèle une vraie prédation des hommes
politiques de gauche comme de droite où l'on découvre des salaires exorbitants
de plusieurs milliers d'euros/ mois sans prestation de travail ni présence dans
les entreprises. Plus surprenant, les Belges découvrent régulièrement que leurs
élus à tous les niveaux cumulent plusieurs mandats, parfois des dizaines de
mandats ça et là dans des associations, des
entreprises ou des niveaux de pouvoirs. Le monde politique belge est dans la
bourrasque et les règlements de compte et autre «assainissement» des mœurs
politiques font la «Une» des médias. Et le voisin français ? Combien
d'affaires, de scandales politico-financiers éclaboussent la classe politique? Faut-il rappeler l'aventure du candidat à la
présidentielle, M. François Fillon? Les casseroles de
son ami Sarkozy? Celle de l'actuel président Emmanuel Macron concernant son lien avec de grosses sociétés de
nouvelles technologies et leur favoritisme lors du salon de Las Vegas (Usa) en 2016? Le but de cette chronique n'est pas de relativiser ou,
pire, de justifier les défauts, tares et incompétences qui caractérisent une
majorité de nos élus et responsables, mais de comprendre que le «pouvoir» est
corrupteur pour les faibles qu'ils soient de chez nous ou d'ailleurs parmi les
plus belle démocraties. La seule différence et elle est de taille:
l'indépendance de la justice. Qu'elle soit entière ou relative dans les pays
démocratique, elle poursuit les fraudeurs, voleurs et tricheurs qu'ils soient
citoyens riches, pauvres, gouvernants, élus, princes et rois. Et les nôtres? Nos voleurs, tricheurs, menteurs?
10 contre un que certains d'entre eux reviendront par d'autres voies aux
responsabilités et nous, nous aurons oublié leurs scandales. Nous aurons par le
pouvoir de l'amnésie pardonné, comme la justice lorsqu'elle concerne « ces
gens-là».