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L'europe et nous

par Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med

  Quand nous sommes convaincus que la fraude, la triche, la corruption et la prédation politique sont des marques déposées nationales. Et l'Europe, cet exemple que nous envions?

Par tout temps et tous les jours, les Algériens s'amusent du ridicule jusqu'à l'absurde qui caractérise la vie politique nationale, ses institutions et ses responsables pour en faire une «exception» et un argument de nos échecs. Corruption, clientélisme, clans familiaux, abus de pouvoir, justice aux ordres, incompétence, déprime des jeunes et moins jeunes, mal-vie... sont autant de «maladies» qui reviennent dans le langage des gens, des médias, des partis politiques de l'opposition et parfois même de responsables et de gouvernants qui ont fini par faire croire, malgré soi, que l'Algérie, peuple et gouvernants sont une exception, une complication sociopolitique qui résiste à toute explication logique, sensée et même politique. Puisque c'est ainsi, tentons une comparaison avec d'autres pays ou régions que nous citons souvent comme modèle tels les pays d'Europe ou l'Union européenne elle-même. Quid de quelques incongruités et «absurdités» chez nos amis européens et leurs responsables politiques et commençons par la plus haute instance législative européenne, soit le Parlement européen (PE). La semaine dernière, un violent et «ridicule» échange verbal eut lieu entre le président du PE et celui de la Commission européenne lors d'une assemblée générale du PE, scène impensable à ce niveau de responsabilité et qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux. « Votre parlement est ridicule, très ridicule!» a lancé violemment le président de la Commission, M. Juncker, au président du PE, M. Tajani. Ce dernier après une brève hésitation réplique avec force et colère» Je vous interdis de tenir un tel langage! C'est le PE qui commande la Commission après tout !» La raison de cette altercation? L'absence de la majorité des députés au débat sur la transition de la présidence tournante de l'UE qui passe de Malte à l'Estonie. Quelque 30 ou 40 députés étaient présents sur les 751 ! La fainéantise, l'indolence et l'oisiveté ne sont pas le propre de nos seuls députés. Au taux d'absentéisme des députés souvent dénoncé par les exécutifs des pays de l'UE, s'ajoute celui des scandales à répétition: emplois fictifs, recrutement des parents et amis proches comme collaborateurs, soumission à des divers lobbies, abus de pouvoir, etc. Quant à la corruption et abus de biens sociaux... l'exemple de la Belgique de ces derniers mois laisse pantois: une série de scandales, d'abus de biens sociaux, de triche et de fraude sont révélés semaine après semaine. Des élus de partis au pouvoir de gauche comme de droite et du centre sont accusés de triche, d'abus divers, de fraude, etc. L'exemple du bourgmestre (Maire) de Bruxelles-capitale est sidérant: on découvre que le bourgmestre ( socialiste) touchait depuis des années un salaire du Samu social (s'il vous plaît) dont il a été par le passé responsable. Et pas que lui: l'affaire dite de «Publi-Fine» un conglomérat de plusieurs grandes entreprises (énergie, télécom...) révèle une vraie prédation des hommes politiques de gauche comme de droite où l'on découvre des salaires exorbitants de plusieurs milliers d'euros/ mois sans prestation de travail ni présence dans les entreprises. Plus surprenant, les Belges découvrent régulièrement que leurs élus à tous les niveaux cumulent plusieurs mandats, parfois des dizaines de mandats ça et là dans des associations, des entreprises ou des niveaux de pouvoirs. Le monde politique belge est dans la bourrasque et les règlements de compte et autre «assainissement» des mœurs politiques font la «Une» des médias. Et le voisin français ? Combien d'affaires, de scandales politico-financiers éclaboussent la classe politique? Faut-il rappeler l'aventure du candidat à la présidentielle, M. François Fillon? Les casseroles de son ami Sarkozy? Celle de l'actuel président Emmanuel Macron concernant son lien avec de grosses sociétés de nouvelles technologies et leur favoritisme lors du salon de Las Vegas (Usa) en 2016? Le but de cette chronique n'est pas de relativiser ou, pire, de justifier les défauts, tares et incompétences qui caractérisent une majorité de nos élus et responsables, mais de comprendre que le «pouvoir» est corrupteur pour les faibles qu'ils soient de chez nous ou d'ailleurs parmi les plus belle démocraties. La seule différence et elle est de taille: l'indépendance de la justice. Qu'elle soit entière ou relative dans les pays démocratique, elle poursuit les fraudeurs, voleurs et tricheurs qu'ils soient citoyens riches, pauvres, gouvernants, élus, princes et rois. Et les nôtres? Nos voleurs, tricheurs, menteurs? 10 contre un que certains d'entre eux reviendront par d'autres voies aux responsabilités et nous, nous aurons oublié leurs scandales. Nous aurons par le pouvoir de l'amnésie pardonné, comme la justice lorsqu'elle concerne « ces gens-là».