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L'effet domino

par Moncef Wafi

Que se passe-t-il au sommet de l'Etat ? Le dossier des unités de montage des voitures et ses conséquences néfastes sur l'économie nationale intrigue au plus haut point les Algériens. La prise de pouvoir de Tebboune qui a commencé en douce vient de connaître ses premiers rebondissements, des signes d'une remise en question de la ligne de conduite de son prédécesseur Sellal et surtout de celui qu'on présentait comme l'homme fort du gouvernement sortant, le ministre de l'Industrie et des Mines, Bouchouareb.

Critiques acerbes à peine voilées et décisions fermes de revoir les avantages fiscaux accordés à trois opérateurs économiques triés sur le volet, l'offensive de Tebboune est accueillie favorablement par les Algériens qui y voient quelque part une nouvelle volonté de l'Etat de revoir sa copie et de faire le ménage. Pourtant, si la démarche est la bienvenue, beaucoup de voix se demandent si ce n'est que de la poudre aux yeux en l'absence de toute comptabilité. En effet, les Algériens s'interrogent comment un tel scénario a-t-il pu prendre forme dans un Etat de droit. Comment l'arnaque du siècle a-t-elle pu se mettre en place alors qu'on avait déjà tiré la sonnette d'alarme sur cette situation ? Le Premier ministre peut-il se suffire à dénoncer un état de fait, à y remédier s'il le faut et s'en tenir là ? Etait-il temps de passer à la caisse et de demander que les responsables de cette catastrophe nationale rendent des comptes à la justice et aux Algériens ?

Plus les jours passent, plus le préjudice est grand offrant à l'opinion nationale et internationale l'image d'un pays corrompu jusqu'à la moelle. Comment se taire alors que l'affaire prend des proportions inattendues et si l'Etat ne va pas au fond des choses, c'est que les intérêts en jeu ont pris le dessus. Tebboune, on ne le rappellera pas assez, a au moins fait bouger les choses. Dans quelle mesure, l'avenir seul nous le dira mais il n'a pas le droit de s'arrêter au milieu du gué et de fermer le dossier avec des réformes aussi courageuses soient-elles. Le temps n'est plus au constat mais à l'action forte et dissuasive.

Ce dossier dépasse de loin la mauvaise gestion et on est en droit de s'attendre à une auto-saisine de la justice. Pourtant, et à l'heure actuelle, personne n'a été inquiété et les premiers responsables de cette situation sont hors d'atteinte. Pourtant, et malgré tous les appels des Algériens à ce que la justice prenne ses responsabilités à ce propos, peu de gens reconnaissent la faisabilité de la chose avançant l'effet domino qui interdit toute poursuite d'un haut responsable algérien : «Si je tombe, tu tombes».