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Tirs croisés contre Ahmed Ouyahia

par Z. Mehdaoui

  Le secrétaire général du RND et non moins directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a clairement fait savoir hier que l'immigration clandestine en Algérie est «source de crimes, de drogue et d'autres fléaux».

Dans une déclaration à la chaîne privée Ennahar, le SG du RND a déclaré que ces migrants sont venus d'une manière illégale en Algérie et par conséquent n'ouvrent pas droit systématiquement au travail, dans un pays, faut-il le rappeler, qui fait face depuis 2014 à une crise financière aiguë du fait de la baisse des revenus en devise. Ahmed Ouyahia précise, cependant, que cela ne veut pas dire que l'Algérie doit jeter tous ces migrants en mer ou les abandonner en plein désert. Cela a suffi, semble-t-il à certains médias, notamment étrangers, de tirer à boulets rouges sur Ouyahia en l'accusant de «raciste» et d'autres qualificatifs par très reluisants. Mais l'homme, qu'on peut par ailleurs critiquer sur un tas de dossiers internes, n'a en réalité exprimé que des craintes partagées par des millions d'Algériens. En effet, les services de sécurité, même si cela n'a jamais été médiatisé, ont traité des milliers d'affaires liées à la drogue, le crime et la prostitution dans lesquelles sont impliqués ces «migrants» qui ont traversé les frontières en toute illégalité. Des bidonvilles, des sortes de «no man's land» sont érigés à travers tout le pays par ces migrants. Il est clair que la majorité de ces réfugiés ont fui la misère, les maladies ou la guerre dans leurs pays d'origine, mais il n'en demeure pas moins que certains se sont constitués en bandes organisées et peuvent constituer un réel danger, d'abord pour les véritables réfugiés dans le besoin et puis pour les Algériens et les étrangers qui vivent en Algérie. De nombreux affrontements, faut-il également le rappeler, ont eu lieu ces dernières années entre Algériens et migrants subsahariens au Sud mais aussi au cœur de la capitale. Qui ne se souvient pas des heurts entre les habitants du quartier de Delly Brahim (Alger) et des migrants clandestins l'année dernière et qui ont failli dégénérer en véritable drame n'était-ce l'intervention de la Gendarmerie nationale ? Qui ne se souvient pas encore de l'histoire des «migrants» arrêtés à Ghardaïa et qui travaillaient pour le compte du Mossad, le service de renseignement d'Israël ?

En dépit de cela, il existe en Algérie des milliers de Subsahariens qui travaillent dans le secteur du bâtiment, notamment sans aucune autorisation. Par manque de main-d'œuvre, des entreprises privées font de plus en plus appel à ces Subsahariens. Maçons, manœuvres, peintres en bâtiment, agents d'entretien..., les migrants subsahariens en Algérie sont une sorte de travailleurs de l'ombre.

Certains se sont adaptés à la culture locale et participent de facto à l'économie du pays. Les autorités ferment très souvent les yeux pour permettre à ces réfugiés de gagner leur vie alors que cela est sévèrement puni en Europe, aux USA ou partout dans les pays qui se sont proclamés terres d'asile.

Il n'existe aucune statistique sur le nombre de migrants irréguliers en Algérie. Même le HCR (Haut comité aux réfugiés) ne dispose pas de chiffres fiables sur le nombre de ces migrants qui ont fui des conflits locaux, au Sierra Leone, en Libye, au Libéria, en République démocratique du Congo, au Nigeria, en Côte d'Ivoire et surtout au Mali. Ces conflits ont joué un rôle capital en désorganisant les flux migratoires intra-régionaux, en les redirigeant vers l'Afrique du Nord et quand la chance leur sourit vers l'Europe.

En fait, Ouyahia n'a fait hier qu'exprimer tout haut ce que des millions d'Algériens pensent tout bas. Accusé dans ce cas de figure le SG du RND de raciste, c'est en quelque sorte accabler ces millions d'Algériens qui mettent tous les jours la main à la poche pour aider ces Subsahariens démunis, sans ressources, qui font la manche à travers tout le pays.