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Des milliers de cas enregistrés: L'Ecole désarmée face à la violence

par Yazid Alilat

  Les chiffres de la violence, en milieu scolaire, font frémir. Entre 2000 et 2014, quelque 260.000 cas de violences en milieu scolaire, ont été enregistrés par le ministère de l'Education nationale.          L'inspecteur général au ministère de l'Education nationale, Nedjadi Messeguem, qui a confirmé ce chiffre, reconnaît, cependant, qu' «'il y a un malaise qui traverse l'école. »     

Il a estimé, dans un entretien à la Chaîne 3, que le phénomène de la violence, en milieu scolaire, est « récurrent ». « Il a, toujours existé, mais maintenant comme il y a plus d'informations et de médias, les choses se dévoilent de plus en plus. Depuis 2000, ce sont les mêmes chiffres (sur la violence en milieu scolaire) qui reviennent, soit entre élèves ou entre adultes », ajoute-t-il, relevant que « grâce aux médias, il y a plus de visibilité , sur ce phénomène ». Et, fatalement, selon lui, « les violences dans les cités, familiales ou sociales se déversent sur l'école, devenue le réceptacle des maux de la société algérienne. » M. Messeguem a confirmé le chiffre de 40.000 cas de violences, en milieu scolaire, enregistrés en 2014, par les services du ministère de l'Education nationale. Mais pour lui, « il s'agit de cas cumulés »'. Il explique qu'il s'agit de « statistiques de violences entre élèves (des cycles moyen et secondaire), de violences entre personnels au nombre de 6.500 cas, 2.500 cas de violences sur les élèves, et 700 cas de violences entre fonctionnaires entre eux.» « Dans les collèges où il y a plus de 1.200 élèves, il y a, nécessairement, ce phénomène de violence très diversifiée, souvent verbale, morale, psychologique, physique », indique l'inspecteur général du ministère de l'Education. Entre la période allant de 2000 et 2014, « si on cumule les cas, on atteint 260.000 cas de violences enregistrés.

Ce sont des statistiques, qui n'ont pas changé, mais il y a un fléchissement depuis 2010-2011», précise-t-il. En 2003, une étude diligentée par le ministère de l'Education, sur ce phénomène, qui a touché 400 lycées, 40.000 élèves et 4.000 enseignants, indique que « 63% des élèves ont répondu qu'ils préfèrent rester chez eux, et seulement 22% ont répondu qu'ils sont à l'aise à l'école », révèle M. Messeguem.

Pour contrer et lutter, plus efficacement, contre la violence en milieu scolaire, « il y a une stratégie qui sera dévoilée par la ministre, ainsi que les mécanismes qui vont être mis en place pour sécuriser l'Ecole », a-t-il annoncé, soulignant que « les établissements à risques ont été identifiés, et il y aura un policier référent pour chaque écoles », mais, « ce phénomène de la violence, il faut le traiter dans la durée. » Une des solutions de lutte contre ce phénomène, sera l'introduction du système de la médiati on, indique-t-il.      

Des inspecteurs vont être formés pour prendre en charge une nouvelle vision de traitement des conflits. Il s'agit de la médiation, affirme M. Messeguem, et « nous allons former des inspecteurs à la médiation. Nous allons changer de procédure et mettre en place celle de la médiation et non plus envoyer les élèves en Conseil de discipline. » Pour lui, « on ne peut aller vers une école de qualité, si le phénomène de la violence scolaire n'est pas traité sérieusement. »

Sur les cas de violence « extra-muros », notamment les crimes dont ont été victimes des élèves, l'inspecteur général du ministère de l'Education nationale a affirmé que « nous ne sommes pas habilités à surveiller les abords des écoles. C'est pour cela qu'on veut mettre un policier référent pour les établissements à risques », a-t-il précisé.

Par ailleurs, M. Nedjadi Messeguem a annoncé la prochaine mise en place d'un nouveau système d'évaluation pédagogique. « Nous allons lancer une concertation sur le système d'évaluation pédagogique, et mettre un nouveau dispositif pour prendre en charge les difficultés des élèves et non les sanctions », a-t-il dit, faisant référence à un nouveau mode de notation pour l'évaluation pédagogique.

« La note chiffrée est injuste, il faut trouver un autre dispositif, que nous allons soumettre à la concertation », au mois de mars prochain lors d'un séminaire national sur l'évaluation pédagogique.