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Sidi Bel-Abbès: Un «petit» festival Raï pour sauver les apparences

par M. Delli



C'est dans une salle de spectacle de la maison de la culture Kateb Yacine de Sidi Bel-Abbès que le coup d'envoi de la 9ème édition du festival national de la chanson Rai a été donné jeudi en présence du wali et des autorités locales ainsi que de dizaines d'artistes et jeunes Raimen. Un programme de 3 jours seulement a été tracé du 3 au 5 novembre avec comme têtes d'affiches Hakim Salhi, Kader japonais et Billal Sghir avec le groupe Raina Rai dans son répertoire et en orchestre pilote. Lors de la conférence de presse, le commissaire du festival Lotfi Attar était visiblement gêné par sa double casquette de premier responsable de l'organisation et de représentant du groupe Raïna Raï. Il ne savait pas quoi défendre face à une multitude de questions posées par un parterre de journalistes. « Le ministre de la Culture m'a dit de favoriser les artistes locaux», a-t-il signalé en précisant que l'enveloppe d'un milliard et demi attribuée à cette manifestation était une misère par rapport aux éditions précédentes. Donc pour parer à d'éventuels déficits dans les équilibres du budget, des demandes de sponsor ont été lancées et une billetterie a été pour la première fois prévue en fixant le prix de l'accès à « une somme symbolique de 500 dinars ». L'époque de la gratuité de l'accès à un festival qui se tenait dans un stade aux gradins quasiment pleins est révolue et on assiste à un déclin d'une manifestation culturelle qui avait connu la programmation de cheb Khaled et de cheb Mami, Billal et d'autres stars universelles.

Ce festival qui a été programmé pour la fin du mois d'août dernier, puis annulé pour des raisons semble-t-il financières a été repris par le département de Mihoubi pour le reprogrammer pour le début de ce mois de novembre, histoire de marquer un événement vaille que vaille pour défendre un dossier déposé au niveau de l'UNESCO revendiquant ce patrimoine.

A ce propos, le commissaire du festival était incapable de répondre à une question relative à l'exportation du festival du Raï vers la Tunisie par des personnes qui sont dans le staff de l'organisation de cette 9ème édition. La question était directe et ces personnes en question étaient vraisemblablement dans la salle de conférence. Les artistes locaux que le ministre de la Culture aurait recommandés auprès du commissaire et qui sont nourris de la mélodie de Zergui et des paroles de Mostepha Ben Brahim et Benharrat sont du second collège du fait que leurs cachets ne dépasseraient pas les 50.000 dinars contrairement à des artistes venus d'ailleurs pour se proclamer chanteurs de Raï pour avoir été médiatisés par les maisons d'éditions. Cette 9ème édition du Raï est beaucoup plus une formalité pour un message politique qui risque de ne jamais aboutir à bon port. L'absence des médias lourds et des noms qui pèsent dans une culture populaire qui s'est imposée au-delà des frontières sont des arguments de taille pour souligner que l'on a seulement fait de l'animation culturelle dans une salle fermée et perdue dans un quartier de l'Algérie profonde. Un festival c'est aussi l'engouement et l'affluence de divers horizons.