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Fin de recréation pour les dissidents de la maison de l'obéissance

par Kharroubi Habib

Ce ne sont pas les manœuvres et menées de ses partisans au sein de l'appareil et de la base du FLN qui ont permis à Amar Saadani d'occuper le siège de secrétaire général du parti et d'asseoir son autorité sur celui-ci. Pour y parvenir, il lui fallait l'adoubement du clan présidentiel qui tranche en dernier ressort sur les affaires de l'ex-parti unique. Il ne faut par conséquent voir dans son éviction une opération visant à provoquer au sein du parti la remise en cause de ce mode opératoire de cooptation à sa tête avec lequel toutes les dissidences qui ont vu le jour dans ses rangs ont promis de rompre et de lui rendre ainsi l'indépendance pour le choix de son équipe dirigeante.

L'on ferait preuve de naïveté par conséquent d'attribuer à l'agitation contestatrice en interne contre le maintien de Saadani à son poste d'avoir été prise en compte par celui ou ceux qui ont résolu de lui retirer les commandes du FLN. Rien de ce que lui ont reproché les dissidents contre lesquels Saadani a ferraillé depuis son intronisation, il y a trois ans, n'a été repris contre lui par ses véritables tombeurs. Il ne pouvait en être autrement pour ces derniers sauf à admettre qu'effectivement ces dissidences ont eu raison de dénoncer son ascension au sommet du parti comme ayant résulté d'un coup de force ayant imposé le fait accompli.

Que ces dissidents et contestataires ayant agité le parti contre Saadani se réjouissent de son éviction, n'est pas pour étonner, mais qu'ils se fendent en « hommage et remerciements » appuyés à ces tombeurs de « derrière le rideau » est proprement sidérant et révélateur que leur agitation n'a eu pour cause que l'inimitié qu'ils vouent au personnage et non aux méthodes et pratiques qui régentent le fonctionnement du FLN. Ils ne sont pas dupes pourtant que Saadani est venu et est parti de la direction du FLN selon la même méthode de l'injonction venue d'ailleurs et à partir de considérations n'ayant aucun rapport avec les conflits et différends qui secouent et divisent le parti. C'est dans la même forme que Djamel Ould Abbès a pris la succession de Saadani. Ce qu'après avoir fait mine de ne pas en admettre la régularité au nom des principes qui auraient fondé leur opposition à l'intronisation de Saadani, ils ont accepté comme allant de soi et justifiant qu'ils acquiescent à l'appel au rassemblement que leur a lancé le nouveau secrétaire général. En parfaits connaisseurs des arcanes du pouvoir, les dissidents et autres redresseurs du FLN ont compris que la désignation de Djamel Ould Abbès dont la proximité intime avec le président et sa totale adhésion à son agenda politique a sifflé pour eux la fin de la récréation durant laquelle il leur a été permis d'entretenir l'illusion qu'ils animent au sein du FLN un courant qui entend prendre ses distances avec l'agenda politique présidentiel et ses objectifs. L'heure pour eux de retourner à la « maison de l'obéissance » leur a été clairement signifiée par un Djamel Ould Abbès en des formes qui pour ne pas être humiliantes pour leur ego individuel n'en ont pas moins été comminatoires qui ne leur laissent d'autre alternative que la soumission pour ne pas encourir la foudre anéantissante de ceux qui l'ont propulsé à la tête du FLN. Ayant capté le message, la plupart d'entre eux feront probablement un baroud d'honneur mais se soumettront en fin de compte.