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Au fil... des jours : Communication politique : nouvelles du front ! (1ère partie)

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Lundi 4 juillet 2016:

L'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles récuse, dans une lettre adressée à un euro député, «avec la plus grande vigueur», l'assertion «infondée» sur le fait que «la question du Sahara occidental soit devenue (en Algérie) une question de politique intérieure». Voilà donc une réponse qui met les points sur le i mais qui sort de son anonymat un «parlementaire», illustre inconnu ayant certainement «monnayé» sa position (les vacances d'été approchent et le Maroc est si accueillant)... La réponse est rigoureuse et vigoureuse, mais elle manque de précision en ne citant pas l'organe de presse utilisé comme canal officiel des attaques contre l'Algérie. On nous parle d'agence officielle de presse que «vous connaissez bien». Tous les lecteurs d'Algérie, d'Europe et de France ne connaissent pas ! S'agit-il de la Map, la «voix» royale ?

Le débat est ouvert (ailleurs... et chez nous) sur les «lanceurs d'alerte» («personnes ayant connaissance de manquements graves à la loi ou aux règlements ou de faits porteurs de risques graves», ce qui les autorise à «communiquer, dans l'intérêt général, les renseignements qui y sont relatifs). Grande question, encore et toujours sans réponse: où finit l'«alerte» et où commence la délation ? Dans notre pays, avec l'idée bien ancrée dans les esprits, grands et petits, que tout le système est «corrompu» et que le citoyen est toujours de bonne foi et animé de bonnes intentions. Avec l'utilisation tous azimuts et souvent anonyme de l'internet, qui crée un sentiment de toute-puissance... la diffamation n'est pas loin (comme au temps des «lettres anonymes») avec une réaction souvent trop sévère des juges contre celui qui est pris... surtout s'il a attaqué des institutions ou leurs «piliers». Débat à approfondir donc !

Mardi 5 juillet 2016:

Au Malawi, il y a désormais un changement dans la procédure des nominations à l'Office de l'audiovisuel public et à l'Organe de régulation des communications. Dans chacun de ces 2 établissements publics, il s'agit de la désignation des directeurs généraux et des membres du conseil d'administration.

Les pouvoirs du président de la République sont désormais limités dans lesdites nominations. Ses décisions seront soumises au contrôle du Parlement qui agira via la commission des nominations publiques. Telle est la grande innovation introduite par le projet de loi qui a été adopté, ce 5 juillet 2016, par le Parlement malawite.

Il s'agira notamment de s'assurer que les personnes nommées sont qualifiées et que le président de la République respecte la diversité du genre.

Il reste maintenant que le texte adopté par le Parlement soit promulgué par le président de la République.

Mercredi 6 juillet 2016:

Un ami «qui me veut du bien» m'a transmis cet ancien texte de Maâmar Farah, du Soir d'Algérie (publié le 7 juillet 2015). A lire. A méditer.

«Je n'aime pas ce gars qui sort d'une villa cossue, monte dans une bagnole à près d'un milliard, peste contre les enfants et madame qui ont mal garé leurs voitures, et qui, au premier débat sur le pays, vous balance ?Quel triste bilan pour le pays depuis 1962 !' Comme si, avant 1962, il pouvait se rapprocher d'une villa ou utiliser un autre mode de transport que l'âne pelé de son grand-père !

L'indépendance, si décriée aujourd'hui, a donné à la majorité ce que leurs parents n'auraient jamais rêvé avoir ! Interrogez les tombes, remuez la terre des douars perdus, allez simplement à La Casbah et fouillez la mémoire encore debout au fond des patios: elles vous diront les immenses privations, les inégalités, les injustices, l'esclavage, les enfumades, la torture, les massacres, les maladies, les épidémies, l'analphabétisme, les poux... Et tu as le culot de parler de bilan ?

 Si les martyrs revenaient cette semaine, ce n'est pas le bilan de 53 années d'indépendance qu'ils trouveraient non conforme à leurs vœux, mais les tournants, libéral puis ultralibéral, qui ont redonné vie aux inégalités et injustices d'antan en installant une nouvelle oligarchie à la place des anciens colons, malgré des programmes sociaux rescapés de feu le socialisme.

Alors roule et écrase. Tu auras tout le temps d'ouvrir ta gueule quand tu seras là-bas. Tu auras tout le temps de cracher dans la soupe. Tu vois, moi, l'Algérie indépendante m'a tout donné: sous la colonisation, je n'aurais jamais pu écrire dans un journal et vous aurez été majoritairement incapables de déchiffrer ce que j'aurais écrit. Je n'aurais jamais pu m'exprimer aussi librement: le mérite premier en revient à Ben Boulaïd, Abane, Didouche, Ben M'hidi, Hassiba et à tant d'autres... Sans eux et leur sacrifice, le gars qui roule vers l'aéroport - ou son père, son grand-père - aurait continué à porter les couffins de ces dames et aurait sauté de joie à l'annonce d'un poste de bonniche pour sa Fatma !»

Après le Kenya, l'un des rares alliés historiques d'Israël sur le continent, et l'Ouganda, Benyamin Netanyahou, qui entame une tournée de quatre jours, se rend (accompagné de 80 hommes d'affaires) au Rwanda puis en Ethiopie... pour, dit-on, parler de coopération en matière de lutte contre le terrorisme (sic !), mais aussi de business.

En fait, la visite revêt une dimension diplomatique. Dans les années 1960, de nombreux pays africains avaient pris leurs distances avec Israël en raison des guerres de l'Etat sioniste avec ses voisins entre 1967 et 1973 et des liens unissant Tel-Aviv au régime d'apartheid en Afrique du Sud. Aujourd'hui, certains veulent «restaurer Israël en tant qu'Etat observateur auprès de l'Union africaine». Israël avait été membre observateur de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) jusqu'en 2002, quand cette institution fut dissoute pour être remplacée par l'Union africaine (UA).

Donc, au-delà des enjeux sécuritaires et économiques, Israël cherche à s'assurer sur le plan diplomatique le soutien de(s) pays africains... et la neutralisation d'autres (dont certainement l'Algérie), avec l'aide de la France et du Maroc, dans les institutions internationales, où l'Etat hébreu fait l'objet de vives critiques liées à l'occupation des Territoires palestiniens ou à ses activités nucléaires.

Samedi 9 juillet 2016:

Tony Blair, alors (encore jeune) Premier ministre travailliste britannique, très influencé par George Walker Bush, a bel et bien menti à ses concitoyens sur l'Irak, participant de ce fait à une guerre - non pas (seulement) pour faire tomber un véritable dictateur, mais aussi et surtout pour faire main basse sur le pétrole de la région et pour sécuriser encore plus Israël - qui avait fait plus de 150.000 morts et dont les effets désastreux internes perdurent.

Un rapport (Chilcot) lourd de 2,6 millions mots et de 6.417 pages, commandé en 2009 par l'ancien Premier ministre Gordon Brown, un gros mensonge et 179 morts du côté britannique ! Sera-t-il déféré devant des tribunaux ? On en doute, tant il est vrai que les politiques, dans la plupart des pays du monde occidental, toujours dans le «camp des vainqueurs» et des «grands», jouissent d'une immunité certaine. La CPI n'est faite que pour les vaincus et les «autres» (faibles, pauvres...).

On se contentera, pour l'instant, de la face (et force) positive de la démocratie occidentale: l'existence d'une expression libre, libérée et libératrice, avec tout un rapport, bel et bien écrit et rendu public, mercredi 6, avec une «vérité» infâmante que nul remords public, nul pardon ou réconciliation ou non-procès ne peut effacer de l'Histoire et de la mémoire des hommes et des pays. Pour l'instant, on s'en contente.

Dimanche 10 juillet 2016:

Pour Louisa Hanoune, «le régime qui n'accepte pas la satire politique est un régime faible et finissant»... c'est-à-dire touché par l'âge et n'acceptant pas et plus la moindre plaisanterie le touchant, le visant ou même le suggérant. C'est, en fait, une évidence qui avait besoin d'être réaffirmée... évidence que l'on constate au niveau de toute notre société qui, depuis les années 90, ne «rigole» plus, ne chante plus... et les plaisanteries sont lourdes et vulgaires. Durant les soirées de Ramadhan, mis à part les lieux préalablement organisés pour ce faire (vous payez pour voir certains essayer de vous faire rire !), tout n'est que prières, tarawih et austérité. Même notre Premier ministre, alors si connu pour son entregent, s'est retrouvé très vite obligé à réfréner ses envies de «jeune».

Pour la première fois depuis sa création, il n'y aura pas de lauréat pour le prix Mo Ibrahim cette année (5 millions de dollars alloués au gagnant de 2015). Le prix, créé par le milliardaire anglo-soudanais en 2006, distingue un modèle de gouvernance en Afrique sub-saharienne à travers un homme. On a eu ainsi, en 2011, Pedro Pires du Cap-Vert, Festus Mogae du Botswana en 2008, Joaquim Chissano du Mozambique en 2007, Hifikepunye Pohamba de la Namibie en 2014... Des indicateurs de mesure à l'«américaine»... Une barre placée trop haut... Ou, alors, une gouvernance qui «vole» trop bas ?

Lundi 11 juillet 2016:

Encore une histoire de pots-de-vin: selon le journal espagnol El Mundo, un élu algérien (à l'APN... et issu d'un parti de la majorité), dont le nom a été révélé, et d'autres responsables «gouvernementaux algériens» ont reçu des virements (allant de 5.000 à 10.000 euros... ce qui est franchement minable !) en échange de leur intervention en faveur de la société espagnole Voltar Lassen qui a obtenu des contrats dans l'hydraulique et les transports.

Selon El Mundo, des sommes d'argent ont été versées aux membres de familles de responsables de l'Algérienne des Eaux pour l'obtention d'un contrat de construction et de montage d'une canalisation dans le cadre du projet de station de dessalement d'eau de mer à Souk Tleta, dans la wilaya de Tlemcen.

A travers la société Voltar Lassen, le groupe espagnol a également obtenu un autre contrat portant sur la construction de la première ligne de tramway de Ouargla, marché octroyé en 2013 pour un montant de 230 millions d'euros.

Bien sûr, le député cité, Omar Alilat de Béjaïa, a «démenti» et va «porter plainte... en Espagne». Affaire à suivre !

«Je m'engage à exercer mes responsabilités en pleine indépendance, dans l'intérêt général de l'Union. (?) Je m'engage en outre à respecter, pendant la durée de mes fonctions et après cessation de celles-ci, les obligations découlant de ma charge, notamment les devoirs d'honnêteté et de délicatesse quant à l'acceptation après cette cessation de certaines fonctions ou de certains avantages». Voilà le serment qu'a solennellement prêté José Manuel Durão Barroso devant la Cour de justice, lui qui, de 2004 à 2014, a été président de la Commission européenne. En rejoignant la banque américaine Goldman Sachs, il va apporter son concours à des intérêts commerciaux divergents de ceux des Etats qui restent membres de l'UE, et notamment de la zone euro... Mais, doit-on vraiment donner des leçons aux autres lorsqu'on sait que bien de nos cadres d'entreprises stratégiques publiques (dont bancaires et/ou pétrolières) ont rejoint, la retraite assurée, les staffs d'entreprises étrangères concurrentes, presque immédiatement après leur départ à la retraite (anticipée !)... parfois sans respect pour l'«obligation de réserve» légale

Conférence de presse chez lui, à Alger, de Yacef Saâdi, pour démonter les allégations (et décider de le poursuivre en justice aussi bien en Algérie qu'aux Etats-Unis et en France) de Ted Morgan, un Franco-Américain, qui a publié un livre (en anglais... en 2006 (!?) et en français en 2016) le mettant en cause dans la mort de Ali La Pointe et ses compagnons, Hassiba Benbouali et Petit Omar, le 8 octobre 1957.

Le héros de la bataille d'Alger a dévoilé, lors de cette conférence, une série de correspondances entre Ali Ammar, dit Ali La Pointe, et Yacef Saâdi, d'autres entre Ali La Pointe et Hacène Guendriche, dit Zerrouki, un agent double connu aussi pour son rôle dans l'affaire dite des «Bleus» qui s'est étendue jusqu'à la Wilaya III historique. Dans ces lettres, Guendriche demandait constamment à Ali La Pointe les adresses où les agents de liaison avaient l'habitude de déposer leur courrier. C'est ainsi que Guendriche a réussi à suivre les agents de liaison et à connaître notamment l'adresse où se trouvaient les fidayine qui s'étaient retranchés dans La Casbah.

Dans le même sillage, Yacef Saâdi a dévoilé une vidéo inédite montrant le général Raymond Chabanne dans laquelle celui-ci affirme que c'est bien Zerrouki qui a «vendu» Ali La Pointe.

Enfin, Yacef Saâdi affirme détenir des secrets tout aussi explosifs concernant d'autres personnes durant cet épisode de la guerre de Libération, mais se défend de les dévoiler, «pour ne pas avoir à enflammer le pays». Bigre ! Au point où on en est ! Mais, jusqu'à quand les cachotteries des individus comme des institutions et la mise à l'écart des historiens sérieux ?... Sachant bien que «l'Histoire se répète (ndlr: un peu trop dans notre pays) et, c'est dommage que ce soit nous qui payons les répétitions» (Coluche)

Le 11 juillet 711, les troupes (arabo-) berbères musulmanes (débarquées en avril) au nombre de quelques centaines, défont, à Guadalete (Wadi Lakka), les troupes de Rodrigue, le roi wisigoth qui règne sur l'Espagne chrétienne. Moussa ibn-Nocair avait envoyé un corps d'armée commandé par un jeune chef berbère fraîchement converti, Tarik ibn Zyad. Si modeste qu'elle soit, cette bataille met fin au royaume wisigoth (celui des Germains chassés par Clovis et ses Francs) et va livrer aux musulmans la plus grande partie de la péninsule ibérique pour près de sept siècles. Les chrétiens d'Occident ont encore à cette époque une notion très floue de l'islam et le voient plutôt comme une secte chrétienne que comme une religion rivale. C'est en avril 711 que 6.000 guerriers débarquèrent en Espagne... appelés à l'aide par un roi wisigoth «mahgour». Essentiellement des Berbères mais aussi des Arabes et des Syriens, musulmans mais aussi chrétiens ou juifs. Le lieu du débarquement est un rocher qui prendra le nom de Gibraltar (d'après l'arabe «djebel al Tarik», la montagne de Tarik). Une date, entre autres, que la presse maghrébine devrait annuellement rappeler, même très brièvement, ne serait-ce que pour nous «décomplexer». Nos guerriers et nos conquérants ne datent pas de 1830. Six siècles, rendez-vous compte ?

Mardi 12 juillet 201:

Selon Arnaud Mercier, professeur en communication politique à l'Institut français de Presse (université Panthéon-Assas), il est stérile de vouloir à tout prix opposer les réseaux socio-numériques aux médias audiovisuels et à la presse écrite.

Bien sûr, les réseaux socio-numériques sont déjà devenus des outils utiles des campagnes électorales numériques. Bien sûr, ces réseaux ont été utilisés de façon très efficace par Barack Obama dans ses deux campagnes présidentielles victorieuses. Bien sûr, des millions de Français ont un compte Facebook et quelques autres millions possèdent un compte Twitter. Bien sûr, des centaines de milliers de vidéos sont regardées chaque jour sur YouTube, en France. Toutes ces réalités ne signifient pas pour autant que les réseaux socio-numériques sont appelés à devenir les «faiseurs de rois» lors d'élections, et encore moins au détriment des médias traditionnels...

Les médias traditionnels restent, à ce jour, les pourvoyeurs des plus larges audiences potentielles. Et, les stratégies de campagne continueront à donner la priorité aux médias traditionnels, car facteur d'une plus grande visibilité et donc de notoriété. On ne peut cependant exclure des dérapages qui se produiront sur ces réseaux, dont les médias se feront l'écho, car sur ces supports une polémique est vite arrivée.

La Tunisie a son Observatoire de la propriété des médias (Media Ownership Monitor). Une initiative de l'organisation Reporters sans frontières (RSF) et de l'association Al-Khatt.

L'observatoire a été officiellement lancé ce 12 juillet 2016. Il s'agit d'une plateforme électronique sur laquelle il sera possible de trouver les données sur les différents supports médiatiques en Tunisie (télévision, radio, presse écrite et électronique). Des informations seront fournies sur les propriétaires des principaux organes de presse ainsi que les relations que ces médias entretiennent avec le monde politique et le monde économique. Il sera ainsi possible de connaître les véritables patrons de la presse et ceux-là qui concentrent entre leurs mains plusieurs supports de communication.

En avril dernier, la Haute Autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) avait dû ouvrir une enquête sur les liens présumés entre la chaîne de télévision TNN et le scandale des Panama Papers sur l'évasion fiscale. C'était à la suite des révélations faites par le site d'information Inkyfada.

L'un des principaux combats de la Haica, en Tunisie, est de libérer les médias audiovisuels du contrôle des hommes politiques. En 2014, l'organe de régulation avait fini par adopter un cahier des charges qui interdit à tout leader politique d'être à la tête d'une chaîne de télé ou de radio. Au cours des dernières années, les hommes politiques avaient beaucoup investi dans les chaînes TV.

Sale temps pour la chaîne Nessma TV et le groupe de communication Karoui & Karoui, à la suite d'un rapport publié par l'organisation «I Watch». Le document est intitulé: «Que cache la chaîne des frères Karoui». Il accuse Nessma TV de corruption et d'évasion fiscale.

Le rapport parle de montages financiers abusifs permettant de réduire l'impôt dû à l'Etat. L'organisation «I Watch» appelle à la réforme du code des droits et procédures fiscaux. Le directeur exécutif de l'organisation «I Watch» s'appelle... Mouhab Karoui. Il conseille à la Banque centrale de Tunisie d'ouvrir une enquête sur les transferts financiers effectués par les sociétés Nessma TV et Karoui & Karoui, au bénéfice de leurs filiales au Maroc, au Canada, à Dubaï et au Luxembourg. Mouhab Karoui ajoute qu'il sera aussi intéressant de scruter le découvert bancaire d'un million de dinars que Nessma TV a obtenu, en 2011, auprès de la Banque de l'Habitat. A l'époque, Beji Caïd Essebsi était le chef du gouvernement provisoire, sachant que Nessma TV a joué un rôle majeur dans la propagande de cet homme politique et de son parti, Nidaa Tounes. Sachant aussi que Nabil Karoui, patron de Nessma TV, deviendra plus tard membre du bureau exécutif de Nidaa Tounes.

Les sociétés Nessma TV et Karoui & Karoui ont tout rejeté en bloc: «Un tissu d'allégations mensongères», indique un communiqué rendu public.

Mercredi 13 juillet 2016:

Le tribunal d'Alger rend son verdict: le rachat d'El-Khabar et de la chaîne de télévision KBC par l'homme d'affaires Issad Rebrab est annulé. Nessprod, filiale de Cevital, perd ainsi son procès face au ministère de la Communication. Elle ne sera donc plus le propriétaire du quotidien arabophone El-Khabar et de sa chaîne de télévision KBC. La transaction est officiellement annulée.

Et pourtant, il avait consenti à un investissement de plus de 4 milliards de DA. Un investissement qui risque de partir en fumée. Mais, quid des imprimeries, de l'immeuble, de la société de distribution... qui ne sont pas, en principe, concernés par la décision de justice.

Comme promis, les patrons du groupe de communication Karoui & Karoui ont donné une conférence de presse, pour éclairer sur les activités et les finances de leurs entreprises. Toutefois, il n'est pas question de publier les comptes des filiales du groupe, a dit le président-directeur général, Ghazi Karoui. Il a rappelé que seules les sociétés cotées en Bourse sont astreintes à cette obligation. «Transparence pour qui, pour quoi faire, puisque nous sommes dans la légalité et que nous avons un cabinet international d'audit ?», a-t-il interrogé.

Le groupe Karoui & Karoui dément également tout transfert de fonds vers l'étranger, notamment vers les paradis fiscaux. Ghazi Karoui explique que de 2005 à 2015, Nessma TV a généré une entrée de devises, en Tunisie, de l'ordre de 160 millions de dinars. «Nous aurions pu garder notre argent à l'étranger en toute légalité, mais nous avons préféré en faire bénéficier le pays», a-t-il indiqué.

Jeudi 14 juillet 2016:

Considérant comme dangereux les voyages aux Etats-Unis, une dizaine de pays du monde déconseillent formellement à leurs citoyens de s'y rendre.

Les citoyens des Bahamas, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni ont reçu des avis officiels du danger que représentent des voyages aux Etats-Unis.

Ainsi, les Etats-Unis se sont retrouvés en compagnie des pays, tels que l'Afghanistan, le Soudan du Sud, la Libye, la Turquie, le Yémen et l'Ukraine, où les voyages sont jugés dangereux et déconseillés.

La liste des pays qui doutent de la sécurité des voyages aux Etats-Unis comprend, outre les Etats évoqués, l'Australie, le Bahreïn, les Emirats arabes unis, la Belgique, l'Allemagne, la Russie et la Chine.

Un camion fou conduit par un homme de 31 ans (un Tunisien résidant depuis de longues années à Nice et connu seulement pour sa petite criminalité et sa violence, non pratiquant, «ne faisant même pas carême et passant son temps à faire de la musculation»). Un personnage «psychologiquement instable» au «profil de déséquilibré» et dont l'épouse «s'apprêtait à le quitter», d'où un probable état de démence... ou, alors une démence «exploitée» fonce sur la foule amassée sur la Promenade des Anglais de Nice, alors que le feu d'artifice du 14 Juillet se terminait. Durant deux kilomètres à 90 km/h... avant d'être arrêté... et 82 morts (dont plusieurs Algériens: entre autres une vieille dame en visite familiale et pour soins, et deux enfants) et des centaines de blessés. Pour la première fois, certainement suite aux multiples dérapages lors des précédents attentats, les journalistes se sont contentés d'être «interrogateurs», et les analystes et autres consultants d'être prudents quant au(x) mobile(s) du crime. Seuls les politiques (dont Hollande et Valls en tête, et surtout eux, ainsi que le procureur de la République) se sont très vite «engouffrés» dans la thèse de l'attentat terroriste «djihadiste» (islamiste), espérant (presque) une «revendication». Qui viendra tardivement et qualifiée d'«opportuniste». Il est vrai que les élections approchent, que le succès de l'Euro de football a été relativisé par la défaite finale face au Portugal... et que des failles ont été enregistrées dans le dispositif sécuritaire niçois... laissant un camion de 19 tonnes pénétrer une avenue passante lors des festivités. Il a fallu que les agents locaux interviennent.

Hachemi Djiar (actuellement chef du tiers présidentiel au Conseil de la nation, ancien wali, ancien conseiller du chef de l'Etat, ancien ministre de la Communication...) à la Une de l'Expression à l'occasion d'un entretien fleuve de quatre pages. Du jamais vu... On s'interroge: pourquoi lui («pouls vital du régime, baromètre du moment»), pourquoi maintenant et pourquoi toutes ces questions... dans un titre dont le propriétaire a toujours été un proche du Palais. S'est-on décidé, quelque part, à la chasse au «trésor humain» qui va aider à résoudre le problème (qui nous pend au nez) de la succession ?

Vendredi 15 juillet 2016:

Il ne manquait plus qu'eux pour rendre encore plus complexe l'affaire (groupe El Khabar-Nessprod). Eux, ce sont des avocats qui, en dehors du prétoire, en rajoutent dans leurs déclarations publiques, trouvant toujours en face des journalistes en chasse de «scoops». Certains, donc, sont à la recherche de pub (et donc de clientèle, si possible ne regardant pas à la dépense, et il n'y a pas mieux qu'une Administration publique) et se mettent à ré-interpréter, à la place du juge, un verdict et des textes réglementaires... ajoutant à la confusion déjà existante et obligeant le client à des «précisions» complémentaires.

Le Premier ministre reçoit un envoyé spécial du roi Mohammed VI, porteur d'un message au président Bouteflika... alors que la Minurso est rétablie, au Sahara Occidental occupé, dans la plénitude de son mandat après son renvoi brutal par le Maroc... et alors que l'on évoque de plus en plus le souhait du Maroc de revenir siéger au sein de l'Union africaine (quittée en 1984). Qu'y a-t-il de changé: la stratégie diplomatique du Maroc ou celle de pays africains membres influents de l'UA ? Avec, en arrière-fond, bien sûr, le poids des «Grands», la crise économique et les risques terroristes.

Samedi 16 juillet 2016:

On savait les militaires de toutes les DRS de toutes les Armées grands manipulateurs devant l'Eternel. Cela fait partie de leur formation et de leurs missions. On savait les islamistes grands «persuasifs»... comme tous les dogmatiques. Mais on a l'impression que les «islamistes démocrates» (à l'exemple des Tunisiens, des Marocains et désormais des Turcs) ont appris rapidement et retenu les dures leçons de l'Histoire récente (entre autres celles de l'Algérie puis de l'Egypte). Même la stratégie de l'entrisme et de l'opposition-soft est dépassée. A mon avis, celle de la «récupération des effets de la manipulation persuasive» a commencé. Encore plus soft. En tout cas à ses débuts, le reste étant une autre histoire. Voilà donc une tentative de coup d'Etat qui échoue ? car «mal préparé» (???) - au bout de quelques heures en Turquie. Rendez-vous compte, un vendredi, journée de grande mobilisation spirituelle des partisans du Président... se trouvant en vacances, loin d'Istanbul et d'Ankara, lieux des troubles. Certes, près de 300 morts et des centaines de blessés, entre civils et militaires... mais, du coup, un nouveau chef d'état-major («convaincu de la fin d'un système»), près de 3.000 membres des forces armées qui sont arrêtés, des dizaines de généraux et de colonels limogés, une armée, déjà plusieurs fois «purgée», désormais aux «ordres du peuple souverain» (Noureddine Boukrouh le croit et l'écrit)... et 2.745 procureurs et juges du Conseil supérieur démis de leurs fonctions ou arrêtés, car «soupçonnés de lien avec les putschistes». L'armée défaite, l'opposition, même islamiste, exilée, des partisans plus fidèles que jamais... La voie est grande ouverte au «grand nettoyage» et à la «dictature démocratique» chère aux «Frères musulmans»... dont les nôtres... qui soutiennent et «jubilent»... et un soutien des Etats-Unis qui reste «sans faille». Le rapprochement avec Israël et la grande envie d' «européanisation» ne pouvaient pas ne pas payer !

A suivre