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Et si
l'acte de construire une maison était la sève qui coule dans les profondeurs
culturelles algériennes et que derrière le mariage de la brique avec le
parpaing on doit sûrement trouver un profil toujours contrarié d'une cellule
familiale à la recherche d'une réconciliation avec elle-même ? Vivre dans une
société avec trop de repères passés et présents contradictoires forçant l'âne
et le chameau à se confondre avec le Boeing et la télé à écran plat est source
d'anomalies existentielles. Un pays qui avance en tâtonnant, pas trop sûr de
ses pas, sans itinéraire clair, se plie au rafistolage d'une vie branlante et
décousue.
On ne sait pas toujours si bâtir un gîte relève d'un désir de se couvrir ou de faire comme les autres pour que l'érection des murs et d'un toit soit devenue une compétition nationale pour une vague reconnaissance sociale faite de béton et d'un trop-plein de marbre. Avant de construire pour lui-même et pour sa famille, il devient patent que l'Algérien construit d'abord pour les autres et pour les voisins. Il y a ceux qui s'investissent dans le mauvais ciment pour dresser des barricades et il y a ceux qui s'arment de pelleteuses pour raser des villas pour construire en lieu et place des blocus comme contestables mauvais palais. Le béton est trop bavard pour ne pas comprendre que l'urbanisme cultivé à l'emporte-pièce est à l'image d'un très large pan de la population à la recherche d'un projet commun. En attendant, le champ est laissé libre à l'intempérance des façades pour alimenter l'intelligibilité des architectures. Dès lors, la récente obligation faite aux constructeurs de terminer leurs constructions et de se plier à la conformité s'avérerait comme une vaine exigence à l'adresse d'une population qui n'a de normes que celles de la culture des primaires opportunités. On voit mal comment l'Etat, après avoir casé dans un passé proche deux à trois familles qu'aucun lien ne lie dans un petit appartement, s'aventure aujourd'hui à recommander avec force et fracas un retour à une normalité architecturale. Le logement est à l'évidence plus qu'une histoire de bâtisse et de toit. Il est l'âme et l'esprit d'un peuple. |
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