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Des jeux boudés par les grands du monde

par Kharroubi Habib

Plus de 200 délégations sportives nationales prennent part à l'Olympiade de Rio de Janeiro, la première organisée par un pays d'Amérique du Sud. Ils n'ont été toutefois que quarante cinq chefs d'Etat et de gouvernement de la planète à faire le déplacement au Brésil et avoir assisté à la cérémonie d'ouverture des jeux. Ce n'était pourtant pas un évènement que les grands du monde boudent traditionnellement. Ils se seraient bousculés pour y être présents d'autant que le pays sud-américain qui en est l'organisateur est un partenaire international qui compte pour les Etats de la plupart malgré le contexte économique difficile pour lui dans lequel se déroulent ses Jeux olympiques.

 Ce sont des raisons politiques qui ont fait qu'ils ont été peu nombreux à faire acte de présence à la cérémonie d'ouverture. Et les absents n'ont pas eu tort au vu du spectacle sans précédent dans l'histoire moderne des Jeux: celui du président du pays hôte copieusement sifflé par les spectateurs au moment où il donnait le coup d'envoi. Il se trouve que les Jeux de Rio ont été déclarés ouverts par un président en exercice, Michel Temer en l'occurrence, qui n'a pas bonne presse tant auprès des Brésiliens que sur la scène internationale. La raison en est qu'il représente un gouvernement que certains de ceux qui l'ont hué au Maracana ou se sont abstenus d'apparaître à ses côtés à la cérémonie considèrent comme « illégitime » car issu d'un « coup d'Etat constitutionnel » et opéré contre la présidente démocratiquement élue du pays Dilma Rousseff en se prévalant abusivement des dispositions constitutionnelles du pays.

Pour d'autres que les déboires de la présidente suspendue de ses fonctions et pourrait être définitivement destituée n'ont nullement chagrinés, le président brésilien intérimaire et son gouvernement ne sont pas « fréquentables » pour autant, car étant eux-mêmes impliqués dans le vaste scandale de corruption ayant pour source le géant pétrolier du Brésil Petrobras et qui les éclabousse au même titre qu'elle et certains de ses alliés politiques. Pour ceux-là qui ont trouvé normal et pour tout dire de saine opération la suspension de Dilma Rousseff basée sur les soupçons qui pèsent sur elle, il est néanmoins apparu qu'ils ne peuvent se montrer moins regardants sur ceux de même nature dont son remplaçant et ses soutiens politiques sont la cible. En ne se rendant pas à la cérémonie d'ouverture des Jeux de Rio, ils n'ont pas voulu apporter leur caution à un président intérimaire et à un gouvernement qui sont tout autant contestés au sein de l'opinion brésilienne et de ce fait susceptibles de connaître la même mésaventure que celle que vivent Rousseff et ses « amis ».

Le faux bond des chefs d'Etat absents à Rio dont pour les plus remarqués ont été Barack Obama et la plupart de ses homologues européens et d'Amérique latine a été on s'en doute amèrement constaté par les autorités brésiliennes contestées qui ont recherché une reconnaissance internationale à travers leur présence à Rio pour contrebalancer le déficit de celle qu'elles ont dans leur pays.