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Economie: Le parti de Benflis critique la gestion du gouvernement

par Z. Mehdaoui

Le parti de Ali Benflis, Talai El Houriat, a critiqué hier la «gestion économique» du gouvernement en soulignant à ce sujet que tous les grands dossiers nationaux sont gérés dans l'opacité totale. « Le bureau politique a relevé la persistance du régime politique en place à traiter les grands dossiers nationaux dans l'opacité la plus totale, comme cela a été le cas récemment avec l'amnistie fiscale déguisée et l'emprunt national et, aujourd'hui, avec un prétendu nouveau modèle de croissance », est-il écrit dans un communiqué parvenu à notre rédaction. Au terme d'une réunion ordinaire qui s'est tenue au siège du parti à Alger, Talai El Houriat qui reproche au gouvernement une absence de communication et d'information pour éclairer l'opinion publique fait état d'une « situation socioéconomique d'une gravité exceptionnelle». « La présentation faite du prétendu nouveau modèle de croissance observe un silence troublant quant au contenu, aux échéanciers, aux instruments et aux objectifs mesurables et vérifiables de ce modèle, ce qui en soi révèle que le régime politique en place procède toujours par improvisation et par tâtonnement », tient à relever le bureau politique de ce parti qui considère en ce sens qu'un modèle de croissance est dépourvu de sens dans le contexte d'un système économique dont les dérèglements structurels n'ont pas été préalablement assainis. Le bureau politique note dans le même ordre d'idées que les nombreux gisements de croissance dont le pays dispose resteront inexploitables aussi longtemps que le système économique national dans son ensemble n'aura pas connu des transformations radicales dans sa nature, dans sa gestion et dans son fonctionnement. Talai El Houriat pense savoir en outre que le nouveau modèle de croissance est extrêmement coûteux et que la réduction drastique des ressources financières en rend la mise en œuvre illusoire.

« Dans le sillage de ce constat, ce modèle de croissance aurait été au moins compréhensible au moment de l'embellie financière qui avait offert au régime politique en place l'occasion qu'il n'a pas su saisir d'associer dans une même stratégie économique rénovée les nécessaires réformes structurelles et l'exploitation des gisements de croissance économique disponibles dans le pays », explique le parti de Benflis dans son communiqué. Ce dernier affirme que le système économique actuel « constitue de par sa nature archaïque et dysfonctionnelle la principale entrave à la croissance ainsi qu'en témoignent de manière irrécusable les niveaux remarquablement bas qu'elle n'a pu dépasser en dépit de l'injection massive de ressources financières à travers les différents plans de relance décidés tout au long des dix dernières années ».

« Le bureau politique a conclu que tout dans la nature et le fonctionnement du système économique en place est hostile à la croissance : sa conception clientéliste de la gestion économique, son utilisation de l'acte économique comme moyen de rétribution des allégeances et de sanction des critiques et des insoumissions, son népotisme qui ne laisse pas de place à la rationalité économique, son caractère réfractaire au changement et à la réforme et la corruption généralisée, que toutes les études internationales désignent comme l'un des principaux freins à la croissance et au développement des pays », ajoute la même source qui soutient qu'il serait vain d'attendre d'un système politique archaïque qu'il produise un système économique rénové et rénovant tout comme il serait illusoire d'attendre de la performance, de la compétitivité et de la croissance soutenue d'un système économique dont les nombreux dysfonctionnements structurels sont eux-mêmes autant d'entraves dissuasives à la croissance et au développement.

Un mémorandum sur les dérives du pouvoir

Pour ce qui est du chapitre politique, Talai El Houriat demeure sceptique quant à la dernière révision constitutionnelle. « La dernière révision constitutionnelle, en violation de toutes ses promesses, n'a servi au bout du compte qu'à offrir soit un nouvel ancrage juridique, soit une nouvelle couverture politique et juridique aux nouvelles vagues de restriction des droits et des libertés, à la dénaturation du pluralisme politique et à l'amélioration du rendement de la tricherie politique et de la fraude électorale », est-il souligné dans le communiqué qui relève à ce sujet qu'au lieu de donner une nouvelle vigueur et un nouveau souffle au pluralisme politique, la nouvelle loi organique sur le régime électoral est venue conforter l'hégémonie politique des clientèles du régime politique en place qui met en elles tous les espoirs pour se reproduire, se reconduire et se perpétuer. Enfin pour ce qui est du Pôle des forces du changement et de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (ICSO), le parti de Benflis contrairement aux rumeurs qui font état de dissensions à l'intérieur de cette organisation, fait état pour sa part de « l'excellente qualité de l'échange de vues et d'idées intervenu au sein de l'Instance à propos de la dégradation continue de la situation politique, économique et sociale prévalant dans le pays d'une manière générale et, de manière particulière, à propos des législations introduites récemment en ce qui concerne le régime électoral et la surveillance des élections ». Le bureau politique conclut en saluant les décisions prises par cette Instance de procéder à l'élaboration d'un mémorandum sur les dérives antidémocratiques de ces deux lois organiques et à sa présentation à l'opinion publique algérienne à l'occasion d'une conférence nationale.