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GUELMA: Un autre combat pour une autre liberté

par Menani Mohamed

Le 5 juillet de chaque année, nous revisitons l'histoire de notre longue marche et la mémoire collective se dresse, encore, dans son immuable défi à se positionner dans l'aura universelle pour remettre les axiomes de l'histoire à leur juste proportion. Le crime colonial a été déraciné, il y a 52 ans, laissant le champ libre à l'explosion de la volonté inébranlable d'un peuple engagé dans la reconstruction de son identité et l'édification de son Etat souverain après une nuit coloniale qui avait duré 132 années. A travers tout le pays et à Guelma, le peuple commémore la fête cumulée de l'Indépendance et de la Jeunesse et dans une liesse grandiose, l'on se ressource, dans les hautes valeurs des hauts sacrifices, en renouvelant le serment à tous les martyrs connus ou anonymes, dans une optique de fidélité dans la préservation de cette indépendance, chèrement acquise.          

Cette année, comme à l'accoutumée, l'expression de cette fidélité se traduit par les chorégraphies rituelles du devoir de mémoire suivie d'actes symboliques d'inaugurations d'équipements publics, tels un stade d'une capacité de 5.400 places, à Oued Zenati, une maison de jeunes de 50 lits, à Guelma, la mise en gaz naturel dans l'agglomération de Houari Boumediene, l'ouverture d'une voie de communication bitumée sur 3 km, désenclavant le milieu rural de Bendjerrah ou encore la remise de clés de 120 LSP au pos-sud du chef-lieu de wilaya.

Toutes ces actions reflètent, un tant soit peu, des attributs du soleil de l'indépendance qui se consolide au profit du citoyen.

Dans une autre dimension, l'on célèbre la fête de l'Indépendance avec des corps inertes et impassibles à la tonalité fédératrice de l'hymne national, devenue inaudible au point de banaliser toutes les formes d'agression contre les hautes valeurs de l'ordre républicain.

C'est dans ce contexte de renoncement que jaillit la marmelade inquiétante des opportunités et des faux dévots, notamment, les irréductibles barons de l'argent sale ou les caïds du foncier industriel qui ne lésinent pas sur les moyens pour se mouvoir, impunément, dans le sphère de l'investissement virtuel et continuer à se nourrir de la bête.

La perversion n'a pas de limite et même devant un Carré des Martyrs l'on n'hésite pas à cracher dans la soupe de la mère nourricière. L'échelle de complicités partagées les constructions illicites foisonnent dans le fait accompli et le squat des espaces communs prend des proportions alarmantes. L'échelle des valeurs se détériore dans l'aversion générant des mosaïques contre nature et souvent loufoques. Un commis de l'Etat émarge en catimini dans le couffin des démunis, un agent du fisc se lance dans le commerce informel, un enseignant cumule le taxi clandestin, un fonctionnaire troque son perchoir honorable pour se convertir dans la promotion immobilière, un élu se démarque de son mandat vers l'oligarchie lucrative et tout ce beau monde s'affiche, publiquement, sans vergogne, dans une insouciance qui fait le lit de l'anarchie installée, durablement, avec les lois de la jungle.

Du haut de la pyramide locale, le délégué du gouvernement se démène, sans relâche, à déblayer l'incurie dans les rangs de son équipage exécutif indolent et harcelé par les dysfonctionnements qui altèrent sa capacité à protéger la chose publique. En menant une lutte implacable contre les spéculateurs du foncier industriel et en annulant les avantages d'une concession foncière suite à un détournement de destination, fixée au cahier des charges, les pouvoirs publics se sont mis en ordre de bataille pour faire valoir la force de la loi contre toutes les tentations dilatoires et maffieuses des aventuriers.

Les lobbies véreux et les groupes d'influence multiplient leurs errements en s'accrochant à leur malice stérile et aveuglante, au point de ne pas prévenir le désenchantement avec les nuages ionisants de la volonté divine qui s'exprime, sans crier gare, à travers les accidents ou les cataclysmes naturels, pouvant avoir raison des biens mal acquits.