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Il aura manqué de peu pour rééditer l'exploit de 1982

par Slemnia Bendaoud

Il fut vraiment à portée de main ! On les sentait déjà fourmiller, se tortiller, s'égosiller, nous souriant au loin, du coin de ses lèvres bien serrées, cherchant à être attrapé à la volée ! A être plutôt définitivement conservé, afin de nous permettre de savourer avec cette envie d'en faire ce signe indien, que jamais l'histoire ne pourrait un jour effacer !

Cet exploit-là-plus que visible à l'œil nu- était encore possible, hier, avec cette nouvelle vague et magie de joueurs qui n'étaient justement pas encore nés à cette date-là. Sur les traces de leurs aïeux, en aguerris conquérants, en fins spécialistes,ils étaient certains d'aller chercher très loin ce second miracle qui ne s'est malheureusement,au final,pas justement produit !

Mieux encore, au terme des quatre-vingt-dix minutes de la rencontre, tout était encore possible. Puisque tout était aussi à la portée de cette sélection algérienne, cherchant à défier de nouveau l'ogre Allemand.

Cet exploit commençait donc par dessiner, minute après minute,même lors de l'abordage de ces fatales prolongations, n'était-ce cette monumentaleerreur défensive algérienne dans la couverture, qui devait donner du poil de la bête à ces pourtant très méconnaissables allemands, ayant depuis retrouvé le sourire et cette force implacable d'aller chercher cette seconde réalisation pour définitivement asseoir leur avance qui les conforterait dans leur acquis et résultat enregistré.

Ce but algérien, marqué étrangement de la même façon (timing concomitant) que celui ayant terrassé cet ogre allemand en 1982, ne pouvait donc malheureusement, à lui seul, vraiment suffire pour remettre la sélection algérienne dans le flux de la rencontre pour revenir au score ; son temps imparti s'étant entre-temps presque en totalité écoulé..

Encore fallait-il vraiment tirer profit de toutes ces nombreuses prouesses et occasions stupidement gâchées et lamentablement égarées lors de cette première mi-temps de rêve où l'Algérie devait littéralement balayer le jeu allemand, lui imposant de force ou de droit le sien, mieux étoffé, plus élaboré et volontaire à souhait.

Au vu déjà des premières attaques algériennes, on sentait vraiment que la Nationalmanchaft avait de quoi avoir vraiment peur, cette terrible frousse qui lui jeta la mousse de la grande frayeur dans le dos au regard de ce jeu algérien, vif et instantané, qui pouvait donc à n'importe quel moment mettre en danger son arrière-garde, de la même manière d'ailleurs que le fut celui de 1982, dont l'Allemagne de l'ouest (RFA) devait donc payer cash sa mauvaise stratégie, mise en place afin de convenablement pouvoir le contrer.

Et c'était donc bien parti pour ces algériens qui allaient vraiment séduire tout ce beau monde de la balle ronde, grâce à leur jeu raffiné et bien racé, alerte et très réaliste, réussissant à facilement contourner l'écueil allemand avant de souvent butter sur un gardien en superforme ou de faire dans la précipitation et manquer lamentablement tout ce qu'ils avaient jusque-là bien entrepris.

Les co-équipiers du capitaine Halliche dont l'effectif rentrant aura été encore une fois profondément remanié, signe évident de sa grande richesse en mesure de donner plus de solutions à son coach, y devaient donc vraiment croire jusqu'au sifflet final du temps réglementaire.

Ils venaient de faire le plus difficile, ne sachant alors nullement que le plus dur les attendait dès l'entame de ces prolongations où il fallait justement user de ce coup de rein décisif afin de faire douter à jamais l'adversaire du jour au sujet de ses réelles chances de pouvoir encore contrôler le match à sa guise.

Jamais le Nationalmanchaft ne nous a paru aussi prenable à son propre jeu, si facile aussi à manipuler, surtout en première mi-temps par cette très vive attaque algérienne qui avait beaucoup manqué ou raté l'ultime geste de la finition de ses pourtant très nettes occasions.

A tel point que ces Allemands étaient tout simplement émoussés, vraiment perturbés et déroutés par la façon d'évoluer très organisée des algériens, maitres incontestables de leur jeu, faisant subir toutes les peines du monde à leur adversaire du jour, pourtant donné favori avant même l'entame de cette rencontre des 8es de finale de la coupe du monde 2014.

Impressionnante à plus d'un titre, la sélection algérienne aura fait grosse figure, enchainant de grands mouvements d'ensemble qui en disent long sur leur valeur technique individuelle, mais aussi à propos de leur schéma tactique qui fit voler en éclats toute la stratégie d'opérer allemande.

Fallait-il encore plus ou davantage oser ? Sinon mieux doser les équilibres de cette formation, en allant puiser en fins fonds de ses tripes ? Ou alors mieux résister à la charge de ces mastodontes d'allemands, faisant encore et toujours dans ce jeu stéréotypé, à répétition tenté, et au passage, à chaque fois mieux peaufiné en fonction des faiblesses de son adversaire ?

Nul ne pouvait donc savoir quel remède fallait-il choisir devant cette furia germanique qui était pourtant à deux doigts de carrément baisser les bras et définitivement abdiquer pour finalement abandonner l'initiative du jeu à ces coriaces algériens, lui faisant voir de toutes les couleurs jusqu'à complètement réussir à l'énerver par leur manière intelligente d'évoluer, plus réaliste et mieux appliquée.

 Sincèrement, l'Algérie est passée vraiment à côté d'un tout autre exploit, aussi prestigieux, si précieux que le précédent, puisque se situant dans la même lignée et concernant le même objectif, comme ce signe à tout le temps nous imposer à pour de bon vérifier la règle afin de ne jamais en considérer cette hypothétique exception.

Et si Jupp Derwall avait, le 16 juin 1982, dévoré une bonne partie de ses ongles, à cause justement d'une terrible frustration, ne pouvant ou ne voulant nullement admettre cette supériorité algérienne ; son successeur à la barre technique, officiant, en ce 30 juin 2014, présentait, lui, cette mine déconfite et cette triste tête d'un véritable désemparé qui avait depuis longtemps déjà divorcé avec le sourire de bonne humeur !

De cette attitude allemande qui se renouvelle, l'espace de près d'un tiers de siècle, notre football peut donc tirer l'essentiel de sa gloire. Tout comme celui Nord-Africain, il ne réussit jamais à celui dit germanique, entre-temps devenu plus technique, moins physique, mieux élaboré et plus beau à voir.

L'heure n'étant plus aux hypothétiques regrets, même si, en venant correctement à bout de cette machine allemande, on aura aussi tenté ce coup dans la fourmilière, pour aller vraiment titiller l'histoire, en nous mesurant, cette fois-ci, à cette France du football, toujours si orgueilleuse de porter à jamais son costume colonial d'autrefois ou de jadis.

L'Algérie se remet donc en selle, pour aller conquérir d'autres titres de mérite ; à commencer par la toute prochaine coupe d'Afrique des nations devant se jouer l'année prochaine au Maroc.

En s'y engageant sur cet air truffé de grandes victoires, notre football se ressaisit pour conquérir de nouveaux horizons et territoires, ainsi que d'autres cœurs !

Et il est bien dommage que le rêve s'arrête en si bon chemin ! Et que la fête qui l'accompagne ne dure pas encore si longtemps? !