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Une quatrième victime à Ghardaïa : Un centre opérationnel de sécurité pour ramener le calme

par El-Houari Dilmi

Alors que le corps sans vie d'une deuxième victime des échauffourées que connaît Ghardaïa a été retrouvé, jeudi après-midi, au quartier de Ben-Smara, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, accompagné du directeur général de la Gendarmerie nationale Ahmed Bousteilla et du DGSN Abdelghani Hamel, s'est rendu jeudi sur place, à la «demande expresse» du président Bouteflika, pour conjurer tout risque de dérapage.

Tayeb Belaïz a affirmé, jeudi depuis la ville de Ghardaïa, que l'Etat était «déterminé» à appliquer les lois de la République dans «toute leur rigueur», contre quiconque «portera atteinte à la sécurité de l'individu et de ses biens».

S'exprimant à l'issue d'une rencontre avec les autorités et élus de Ghardaïa, consacrée aux évènements qu'a connus la région, le ministre a souligné que «la loi sera appliquée pour rétablir l'ordre, dans le strict respect des lois de la République». M. Belaïz a annoncé la création, à compter de ce jeudi, à Ghardaïa d'un «centre opérationnel» de sécurité, cogéré par la Gendarmerie et la Sûreté nationales, dans le but de rétablir l'ordre et mettre fin aux échauffourées. «L'Etat va agir avec rigueur et équité, conformément aux décisions de justice, contre les personnes malveillantes et les fauteurs de troubles», a-t-il souligné.

Evoquant succinctement les décisions prises avec les responsables de la sécurité, le directeur général de la Sûreté nationale et le commandant de la Gendarmerie nationale, le ministre de l'Intérieur a précisé que le dispositif de sécurité dans la région de Ghardaïa sera «multiplié par trois, voire par quatre, pour restaurer définitivement l'ordre et le calme». «Toutes les rues, les quartiers, les communes de la wilaya de Ghardaïa seront sécurisés», a affirmé le ministre. M. Belaïz a indiqué avoir été chargé par le président de la République de «trouver les moyens de ramener le calme et l'ordre, avec la participation des différents acteurs de la société civile de la wilaya». Le ministre de l'Intérieur et les responsables de la sécurité ont affiché leur détermination à lutter contre toute forme d'incitation à la violence et à tout phénomène pouvant toucher à la sécurité, à la fois du citoyen et de ses biens. Auparavant, le ministre et les responsables qui l'accompagnaient ont présenté leurs condoléances aux familles des trois premières victimes des évènements de Ghardaïa et Guerrara.

Des affrontements entre groupes de jeunes des quartiers de Ghardaïa ont repris, mardi dernier, et se sont poursuivis durant toute la matinée de jeudi. Un imposant dispositif de sécurité, composé de brigades antiémeutes de la police, appuyées par des unités de la Gendarmerie nationale, a été mobilisé pour faire cesser les heurts et sécuriser les différents quartiers de Ghardaïa. Selon des sources hospitalières locales, trente-trois personnes ont été blessées, dont huit sont en observation aux urgences de l'hôpital Tirichine. Une trentaine de locaux commerciaux et des habitations ont été incendiés depuis mardi soir dans des quartiers de Ghardaïa où les agents antiémeutes déploient encore des efforts, en usant de bombes lacrymogènes pour faire cesser les confrontations. Certains quartiers de Guerrara, de Berriane et de Ghardaïa ont connu, respectivement en novembre, décembre et janvier derniers, des échauffourées entre des groupes de jeunes émaillées de jets de pierres et de produits inflammables. Ces évènements ont été marqués par des actes de vandalisme, de pillage et d'incendie d'habitations et de locaux commerciaux, selon les services de la wilaya.

Le corps de la quatrième victime retrouvé jeudi, non encore identifié, âgé d'une trentaine d'années, a été déposé à la morgue de l'hôpital de Ghardaïa.

LES RAISONS DE LA CRISE SELON LES GHARDAOUIS

Manque de projets de développement ou propagation de fléaux sociaux..., les avis des Ghardaouis restent mitigés quant à l'origine des douloureux incidents survenus récemment dans leur wilaya, mais tous s'accordent à dire qu'ils «sont loin de revêtir un caractère communautaire ou doctrinal». «Ce sont les barons de la drogue qui sont derrière ces incidents», estime Mohamed Tounsi, un notable ibadhite du ksar d'Atemlichet Melika, cité par l'APS. Ces incidents ont été «provoqués par l'écart de développement entre le nord et le sud du pays», assène un jeune. «L'éloignement des jeunes des valeurs et traditions ghardaouies, influencés par les réseaux sociaux y est pour beaucoup», lance un autre jeune. L'activité commerciale a connu un repli à Ghardaïa, suite aux incidents.

Cela se ressent notamment dans les artères principales, à l'instar de la place du 1er Novembre, du vieux souk et du quartier Al Moudjahidine. Bon nombre de commerçants disent souffrir du «recul de leurs activités», particulièrement les propriétaires de restaurants et de cafétérias. Au vieux souk, beaucoup d'artisans se plaignent de «l'entassement de leurs articles, en raison du recul du nombre de touristes». Même constat pour les hôteliers qui soufrent eux aussi du manque de touristes. «Nombreuses sont les agences touristiques activant à Ghardaïa à avoir annulé les visites touristiques» à cause de l'instabilité dans la région, selon un employé de l'agence M'zab Tours.