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La situation reste tendue : 30 Touareg assassinés au Mali

par Yazid Alilat

L'insécurité et les conflits tribaux refont surface au nord du Mali, une année après le déclenchement d'une opération militaire internationale pour le nettoyer des groupes terroristes qui avaient pris en otage ses principales villes.

La stabilité politique et ethnique est également menacée par les conflits entre populations autochtones, notamment entre les peules et les touaregs. Cette hantise des experts en sécurité a été confirmée jeudi après l'assassinat d'une trentaine de membres de la communauté touareg dans le nord du pays par des Peuls. Des notables et députés maliens du Nord ont affirmé qu'au moins trente Touareg ont été tués jeudi par des hommes armés de la communauté peule pour se venger du kidnapping d'un des leurs par des Touareg, a indiqué Omar Maïga, ancien député touareg. «Jeudi à Tamkoutat (80 km au nord de Gao), des Peuls armés, dont certains circulaient à moto, ont tué au moins 30 civils touareg pour se venger de l'enlèvement» d'un des leurs, a ajouté cet ancien élu de la ville de Gaoumar Maïga, un élu de la région de Gao. Un ancien député touareg, Assarid Ag Imbarcaouane, a également confirmé l'information qui a fait le tour des rédactions des médias africains. «Nos parents ont été tués froidement, au moins 30 sont morts», a-t-il déclaré. Des sources militaires maliennes dans le Nord ont souligné, de leur côté, que les Touareg tués revenaient d'un marché à bord de deux véhicules. Les assaillants ont arrêté le véhicule et assassiné froidement leurs occupants. Les Touaregs ont «été arrêtés par des Peuls armés, en représailles à l'enlèvement d'un Peul par des Touareg 24 heures plus tôt. Un des véhicules a été brûlé», précisent les militaires stationnés à Gao. Une femme et un enfant figurent parmi les personnes tuées, et «quelques blessés» ont survécu. La situation sécuritaire reste encore tendue dans la région, en dépit d'une baisse notable des actions terroristes et la disparition, enfin presque, des groupes d'Aqmi et du Mujao. Mais, passé ce danger pour toute la région, revient celui des conflits entre les différentes ethnies peuplant le nord du Mali. Un détachement de l'armée malienne est arrivé hier vendredi sur place pour renforcer la sécurité des populations, a indiqué le ministère malien de la Défense. Le nord du mali est peuplé, outre des Touareg, des Peuls et des Songhaïs ou Sonrais. Chacune de ces populations se sent marginalisée par rapport au pouvoir central à Bamako, mais ce sont les Touareg qui constituent la plus forte communauté, et celle qui accède le plus à l'école et aux postes politiques dans le nord du pays. L'extrême pauvreté de cette région du Mali, qui ne possède ni infrastructures socio-éducatives ni routes, encore moins d'eau et d'électricité, fait que le moindre conflit tribal tourne aux massacres et aux guerres ethniques.