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GUELMA : Le développement local au point mort

par Menani Mohamed

Les grandes pluies hivernales n'ont pas empêché, le wali de Guelma de reprendre, dès le début de l'année, son bâton de pèlerin, pour sillonner les daïras sous sa juridiction, accompagné du président de l'APW et de son staff technique exécutif. Les recoins les plus reculés sur le territoire de la wilaya ont été visités, au grand bonheur des citoyens qui trouvent une aubaine pour débattre, à bâton rompus, avec le premier responsable de la wilaya, et exposer leurs préoccupations majeures.

Les résultats de l'exercice 2013 ne sont pas probants et tendent à amplifier l'accumulation des retards pénalisant, de facto, l'évolution du développement local. C'est dans l'optique de secouer le cocotier et de dégivrer l'incurie latente que le chef de l'Exécutif décide de mettre ses troupes, en ordre de bataille, pour passer, très tôt, en revue toutes les opérations en cours de réalisation. Certaines sorties sur le terrain étaient achevées sous les torches éclairantes ce qui ne gênait, aucunement, le wali à constater les poussières cachées sous le tapis d'où la mise sous pression les chefs de daïra, les maires et les subdivisionnaires sectoriels.

Aux derniers programmes quinquennaux, la wilaya de Guelma avait bénéficié d'une perfusion budgétaire de plus de 270 milliards de dinars, jamais égalée précédemment, à l'effet de relancer toutes les actions socio-économiques de la région.

Avant la notification du dernier programme complémentaire d'un montant de 34,6 milliards de dinars, le wali avait énoncé certaines contraintes qui grevaient l'avancée du développement local, évoquant notamment, la faiblesse des moyens de réalisation, qui entraîne une mauvaise maîtrise de la réalisation des actions ou encore, l'inadéquation des instruments de contrôle et de suivi des opérations. Devant l'ire spontanée du wali, fustigeant les moindres incohérences, nous relevons l'habituel échappatoire qui se traduit en vase clos, entre le maître de l'ouvrage qui se décharge sur le maître d'œuvre lequel renvoie vers l'entrepreneur qui trouve refuge derrière ses moult subterfuges. Dans ce dialogue de sourds, l'escarcelle des justifications affiche des relents de l'insouciance absurde où s'entrecroisent les faits de l'infrusctuosité, les complexités du code des marchés publics, le déficit en matériaux ou en main-d'œuvre, la climatologie entre autres. Du brouillard tout cela.

Le gigantesque programme de l'habitat rural, adossé aux projets de désenclavement sur plus de 800 km, de pistes ouvertes avec son corollaire du PPDRI, en vue de sédentariser les populations, avait réussi à métamorphoser nos campagnes, en éradiquant les habitations précaires, séquelles hideuses de l'ère coloniale. Paradoxalement, le milieu urbain qui subit de grandes mutations en matière d'habitat, reste dans certains lieux clochardisé par les incivilités des squatteurs, irréductibles frondeurs contre l'autorité publique et contre le bon sens écologique, aidés par un laxisme ambiant.

Si le wali avait entrepris, précocement, l'offensive contre l'incurie qui s'installe, c'est en réaction à un voyant lumineux qui aurait annoncé le péril en la demeure et qu'il y a lieu de revoir toutes nos copies, en vue de s'atteler, dans une réelle relance des actions du développement local, en retroussant les manches et pour suer.

L'équipage, en place, se confine dans la routine des sorties sur le terrain et se justifie dans une mollesse saugrenue, à travers des montages d'exposés virtuels qui ne peuvent flouer l'évidence que nous végétons dans l'immobilisme et l'on stagne en dessous du quart de nos capacités.

Nous devons avoir honte de nos piètres prestations et la solution idoine réside dans l'évacuation salvatrice de l'incurie, pour mieux affronter les défis, ou bien admettre, consciencieusement, l'impuissance et rendre le tablier. Inéluctablement, nous nous acheminerons vers la reddition des comptes devant les gardiens du temple et que Dieu nous garde de leur malédiction.