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Menace de grève sur les chantiers de l'autoroute

par A. Mallem

Le chantier de l'autoroute Est-Ouest, au niveau de Djebel Ouahch et des communes de Didouche Mourad et Zighoud Youcef, est sous la menace d'une paralysie totale qui serait due, cette fois-ci, à une grève générale annoncée, des travailleurs algériens. Rencontrés, hier, des ouvriers de Cojaal nous ont confié l'existence d'un marasme général, voire une situation d'extrême tension qui règne parmi les travailleurs du chantier qui se sentent menacés de licenciement et se trouvent soumis à des «coupes» dans leurs salaires.

Le secrétaire général du syndicat d'entreprise, M. Nakib Hocine, qui a confirmé les soubresauts que vient de connaître encore ce chantier, tout en ajoutant, pour caractériser cette situation, «qu'il est fort probable que le mécontentement actuel des travailleurs de Cojaal qui ne cessent de réclamer leurs droits à l'entreprise japonaise, aboutisse à une grève dans les jours à venir». Et, il expliquera que les responsables japonais sont en train de procéder à une compression non déclarée du personnel, estimé actuellement à 500 travailleurs algériens. «Lors d'une rencontre tenue, dernièrement, avec le directeur de Cojaal, en présence de l'inspecteur du Travail, a poursuivi Nakib, nous avons convenus de stopper le licenciement des travailleurs contractuels en attendant les prochaines négociations entre les deux partenaires. Malheureusement, le patron japonais a continué, dans cette voie, en visant, tout particulièrement, la catégorie des agents de sécurité. Aussi, de 104, leur nombre est tombé, actuellement, à 50 éléments. De même que l'employeur a instauré des salaires fixes dont la valeur financière se situe bien en deçà de celle figurant dans la convention collective signée entre nous». Notre interlocuteur notera, ainsi, que le salaire fixe institué par Cojaal est inférieur de 3.150 DA de celui inclus dans la convention collective. Touchés dans ce point sensible, les travailleurs ont fait recours à un expert comptable, pour démontrer cette entorse aux termes de la convention collective.

«J'ai, en ma possession, tous les documents comptables prouvant cela», a précisé le SG du syndicat d'entreprise

Devant cette situation, les travailleurs algériens ont perdu confiance en les responsables de l'entreprise Cojaal et ont commencé à se poser des questions sur leurs intentions réelles. «Nous craignons, franchement, pour notre avenir professionnel dans cette entreprise», nous ont-ils confié. Et cette appréhension a été confirmée par leurs délégués syndicaux qui affirment être soumis à une pression constante des ouvriers qui réclament l'intervention de l'inspection du Travail. Contacté, à plusieurs reprises, par le syndicat, cet organisme n'a pas encore bougé, affirment encore les représentants des travailleurs.

«Les tentatives de conciliation avec les responsables de Cojaal, pour les inviter à appliquer la convention collective n'ont pas abouties, non plus», a signalé encore Nakib. Et la tension a commencé à monter dans les chantiers de l'autoroute qui sont, maintenant, sérieusement menacés de paralysie.

Dans le même temps, les travailleurs sont en train de harceler leurs représentants syndicaux pour établir un procès-verbal de non conciliation auprès de l'inspection du Travail afin de leur permettre d'aller devant la justice pour obtenir leurs droits. Faute de quoi, ils menacent d'entrer en grève ouverte.

Quant aux responsables japonais de Cojaal, il nous a été pratiquement impossible d'entrer en contact direct avec eux ou par des intermédiaires. D'autre part, la ligne du téléphone portable de M. Matsumoto, le directeur administratif de Cojaal, était constamment «injoignable» hier.