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Le cafouillage

par El Yazid Dib

L'affection par une quelconque maladie d'un président en exercice ne suppose pas le terminus d'une autorité ni la fin d'une mandature. Ce n'est qu'une condition naturellement humaine, à vivre par tout un chacun.

Personne, quel que soit son rang social n''en est à l'abri. En fait de fin ; la fin d'un homme ne détermine sûrement pas la terminaison d'un régime. Au contraire ; c'est à la finition d'un régime d'engendrer par voie de conséquence la fin d'un homme. Car s'il établit des règles pour la prédominance d'un régime, ce dernier n'arrivera jamais à survivre à son concepteur.

Cependant il existe pas mal d'éléments environnementaux installés dans la proximité immédiate à un régime qui ne laisseraient nulle faille pour que l'acteur principal ne puisse se retirer avec aisance. Il y va de tout un ensemble de coefficients d'intérêts. Ainsi l'on voit que la cupidité humaine se rétrécit et s'évanouit placidement dans le givre sentimental au fur et à mesure que les règles de bienséance s'évadent des cœurs des gens censés vous protéger. Il est immoral, presque haram de tenter d'avoir toute propension à l'effet de faire d'une maladie un programme électoral. L'on ne peut attaquer l'homme sur ce plan.

C'est l'unique particularité dont fait preuve l'esprit sans fin magnanime du peuple algérien c'est qu'il n'enjambe pas les morts ne tire pas sur les ambulances et n'explose pas les infirmeries. Il ne blâme pas les installés au seuil de l'agonie, il ne s'enorgueillit pas de l'arrêt final de la divinité. Bouteflika est encore une fois entre les mains de sa destinée. La dernière ? Personne ne pourra du moins sur le plan de l'épuisement du souffle, avoir une certitude ou encore moins élever un vœu, si ce n'est d'un prompt rétablissement de l'homme. Sur l'autre plan politique, c'est la postérité qui l'exige ; l'on peut en évidence disserter chacun à partir de sa position. L'essentialité demeurera toutefois dans un contexte déterminé d'actions politiques, loin d'une immixtion inadéquate dans une vie privée ou d'une intimité familiale. Le pays est en cours changement de par les paris et les enjeux qui se pointent chaque jour. Ce pays ne s'arrêtera pas à une prochaine échéance ; comme il ne se bornera pas à figer le temps dans l'attente d'un retour mythique. S'il n'y avait pas de pouvoir à conquérir ou à fortiori à partager, l'enjeu ne serait qu'ne affaire de chronologie, voire de biologie.

Mais c'est toujours ainsi, les successions complexent les attitudes des uns et ménagent celles des autres. La transmission de l'autorité, à travers les âges s'est quasiment faite dans le sang, dans la scission et rarement dans l'adhésion et l'agrément. La complaisance quad elle est sollicitée, elle se dresse comme un large consensus. Déjà depuis fort longtemps que l'anicroche lors de transitions sectionne les ensembles comme elle crée les convergences, dans un pays proie à toutes les menaces.

À la date du 08 mai 2012 l'opinion publique ressentait un préavis de retrait. Un aveu presque anticipé résolument étayé, pour qu'un énième mandat ne puisse être à portée de renouvellement. Ce mandat n'aura pas lieu, furent convaincus les observateurs raisonnablement crédules juste à avoir entendu le président entonner d'une façon poignante et pathétique que sa génération a fait son temps. Le discours de Sétif allait faire cesser tous les scenarios plausibles pour ne pas mettre en travers du devenir national, les appétits des uns et les appétences des autres. La suite des événements ne confirmera pas la lecture de l'intention présidentielle pondue à Sétif. « Le temps de cette génération se perpétue et s'est même transvasé au Sénat » diront de nombreux observateurs.

Les questions d'âge, d'impotence ou de santé des hommes d'Etat est depuis la naissance du pouvoir algérien une raison d'Etat, une question de pouvoir.

Que va rapporter la maladie du président ? Puisse Dieu le guérir et le rendre indemne, sain et sauf au pays. Que va rapporter son abstention suite à cela pour un éventuel mandat ? L'Algérie a déjà lourdement payé son passage vers la démocratie. Nous ne nous sommes pas contentés de marches ou de manifestations. Nous lui avions offert des milliers de morts. La route a été longue, meurtrière. Voilà qu'une autre jeunesse, outre le travail et le logement, réclame plus de démocratie, plus de liberté, plus d'écoute. Avoir des gouvernants dépassant la limite légale de la retraite, controversement applicable, parfois impotents n'est pas de nature à créer de l'espoir dans la réserve juvénile que recèle la république. Car il existe une autre caste de jeunes branchés, lettrés et diplômés. Cette espèce professionnelle qui se trouve corrélativement dans l'engrenage étatique, si elle trouve postes ; fait fonction de subalterne. On leur allègue l'inexpérience, la tiédeur ou la candeur. La promotion hypothétique ne leur est qu'un agencement dans l'obséquiosité du chef sectoriel. Ainsi la fuite vers l'ailleurs, l'étranger est devenu un exil forcé

Les candidats qui craignent le président-candidat se doivent d'aller chercher l'architecture de leurs analyses dans les faits et la quotidienneté des citoyens. 15 ans de pratique de pouvoir, pense-t-on sont aptes à vous faire défiler des rouleaux de papiers imprimant, tel un édit les retards et les records, les vérités et les mensonges, les victoires et les procès, le mépris et le parrainage, la retraite précoce et le parachutage, l'exil et le paradis, les privilèges et les marginalisations. Et non pas s'accrocher à des bulletins de santé ou s'essayer à décrypter la moindre blancheur d'une radiographie. Le citoyen aimerait voir l'agilité des potentiels candidats s'exercer dans le giron de la prouesse dans l'acte de convaincre. Une campagne n'est-elle pas une forme de publicité avec cette différence que la première est libre, la seconde semble être réglementée ?

Le communiqué de la présidence annonçant le transfert du président au Val de grâce est rondement pris en primauté à toute autre actualité et suscite quasi légitimement des inquiétudes, non pas sur l'état de santé de l'homme mais sur son sort politique. Faudrait-il faire, en ayant sa tête froide entre les épaules la distinction entre atticisme et politique, entre un malade et un président ? La compassion est l'ultime vertu d'un contradicteur vis-à-vis de son vis-à-vis.