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BLIDA- Entreprise de transport urbain : un conflit et une grève illimitée

par Tahar Mansour

Depuis une semaine maintenant, les habitants de la «ville des roses» ne voient plus les bus bleu et blanc de l'ETUB qu'ils ont l'habitude de prendre pour leurs déplacements, à travers la ville.

Les raisons de cette absence résultent de la grève illimitée, déclenchée par les travailleurs de cette entreprise étatique, créée en 2008 et qui s'est retrouvée devant des difficultés financières et organisationnelles presque insurmontables, surtout que plusieurs directeurs se sont succédé à sa tête, entraînant par là, une instabilité qui n'a fait qu'ajouter au marasme. La gestion et l'entretien du téléphérique Blida-Chréa se sont avérés aussi des gouffres financiers qui ont augmenté les difficultés de l'entreprise. Il y a, aussi, la concurrence souvent déloyale, des transporteurs privés qui ont usé de tous les moyens pour se débarrasser de cette EPIC qui pouvait les obliger à un travail plus professionnel, ce qui, selon eux, les aurait pénalisés. Tout cela, ajouté à beaucoup d'autres remarques qui ne nous ont été dites qu'à demi-mots, a fait que plus rien n'allait et, bien entendu, le personnel, qui dépasse les 240 employés, s'est retrouvé dans une situation alarmante, surtout du point de vue financier. En effet, selon le responsable syndical que nous avons rencontré, sur place, les salaires des employés ne dépassaient jamais les 20.000 DA, ce qui est considéré comme, nettement, insuffisant vu la cherté de la vie. Depuis plus de 2 années, des grèves cycliques et des mouvements de protestation sont menés par les employés de cette entreprise qui ont décidé, depuis le 13 janvier courant, d'opter pour une grève illimitée jusqu'à satisfaction de toutes leurs revendications.

Parmi ces dernières, citons la revalorisation des salaires et des indemnités, la réintégration des travailleurs considérés comme licenciés abusivement et, enfin, l'envoi d'une commission d'enquête chargée de mettre la lumière sur la gestion de l'entreprise ainsi que des œuvres sociales. Plusieurs travailleurs se sont, aussi, plaints du climat malsain qui sévit au sein de l'entreprise et des difficultés qu'ils rencontrent avec les transporteurs privés qui arrivent même jusqu'à la menace pour les empêcher de mener à bien leur mission. Nous avons essayé de contacter le directeur de l'entreprise, pour des précisions sur tous ces sujets mais nous avons appris qu'il était absent. Nous nous sommes dirigés ensuite vers le directeur des Transports de la wilaya de Blida qui a bien voulu répondre à nos questions et qui a tenu à souligner que l'actuel directeur de l'ETUB est un responsable compétent qui œuvre, autant que faire se peut, à relancer l'entreprise pour lui faire recouvrer toute sa crédibilité et sa compétitivité. Il invoque aussi les difficultés financières de l'entreprise pour justifier le retard mis dans l'application des accords pour la revalorisation des salaires. Mais le directeur des Transports apporte aussi une bonne nouvelle pour les employés, en déclarant que l'ETUB recevra très bientôt une subvention du ministère qui lui permettra de répondre, favorablement, à la demande d'augmentation des salaires. «Cette décision aurait dû être appliquée, il y a, déjà, quelque temps mais une erreur s'est glissée dans la décision d'attribution de la subvention et a causé ce retard. Je peux, cependant, vous assurer que l'erreur a été rattrapée et que la décision sera, à notre niveau, aujourd'hui ou demain, au plus tard», a tenu à préciser le directeur des Transports de la wilaya de Blida. Il affirme, aussi, que ce sera le début du règlement des différends salariaux entre l'ETUB et ses employés. Ce responsable annonce, aussi, qu'il a proposé aux deux partenaires d'arrêter un planning de réunions pour régler tous les problèmes, surtout ceux concernant les employés licenciés, abusivement, et qui seront réintégrés.

Outre ces dispositifs, le même responsable voudrait instaurer de nouvelles relations entre l'opérateur public et ceux privés pou : «éviter une concurrence à vide qui pénaliserait tout le monde», «nous voulons un partenariat public/privé, mutuellement, bénéfique» a-t-il précisé.