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Egypte : La famille de Morsi veut poursuivre le général Al Sissi pour enlèvement

par Yazid Alilat

Les autorités égyptiennes de transition ont lancé officiellement la révision de la constitution, en l'avançant afin de couper court aux protestations et aux manifestations des partisans du président Morsi, déchu et mis au secret par l'armée, pour sa réintégration.

La commission d'experts désignée pour réviser la Constitution et le nouveau gouvernement se sont réunis, pour la première fois, dimanche, en avance sur le calendrier des autorités de transition. Dans la soirée de la même journée, au moins 70 personnes ont été blessées dans des affrontements entre pro et anti-Morsi, notamment au Caire. La Constitution mise en place aux forceps par le président Morsi a été suspendue par la «déclaration constitutionnelle» publiée le 9 juillet par le chef de l'Etat par intérim, fixant le cadre de la transition politique et des échéances électorales.

Le gouvernement de transition dirigé par Hazem Beblawi a appelé «tous les partis politiques à exprimer leurs opinions de manière pacifique», y compris les partis islamiques. Une manière détournée pour appeler tous le monde au calme et la fin des manifestations que mènent toujours les partisans de Morsi. Celui-ci est toujours détenu au secret par l'armée, qui refuse de divulguer son lieu de détention, ni de laisser les membres de sa famille le voir. Hier lundi, sa famille a annoncé des poursuites devant les juridictions nationales et internationales contre le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi. La famille du président Morsi l'accuse, en fait, de l'avoir «enlevé», et n'a plus réapparu depuis sa destitution, le 3 juillet dernier. Selon la fille du président Chaima Morsi, ?'nous sommes en train d'engager des procédures légales, localement et internationalement, contre Abdel Fattah al-Sissi, chef du coup d'Etat militaire sanglant, et son groupe putschiste». «Nous tenons le chef du coup d'Etat et son groupe pour pleinement responsables de la santé et de l'intégrité du président Morsi», a-t-elle ajouté, avant de préciser qu'aucun des membres de sa famille n'a eu de contact avec lui, depuis l'après-midi du coup d'Etat le 3 juillet», ajoute un de ses fils, Oussama Morsi. Plusieurs pays ont demandé sa libération, mais en vain. L'armée égyptienne s'est, seulement, contentée de dire qu'il va bien, et qu'il a été interrogé par la justice sur les circonstances de son évasion, lors de la révolution qui a fait tomber le président Hosni Moubarak. Selon la presse cairote, Morsi aurait écrit une lettre aux militaires pour le libérer et quitter l'Egypte, avec les membres de sa famille. Sans suite. Sur le terrain, les partisans de Morsi restent toujours mobilisés et campent près de la Mosquée Rabaa Al-Adawiya à Madinet masr. Les responsables des frères musulmans, membres du Conseil consultatif se sont réunis, dimanche soir, dans cette mosquée. Lundi, plusieurs centaines de pro-Morsi avaient manifesté devant le siège du parquet au Caire, où ils ont affiché aux portes des photos de M. Morsi, scandant «Sissi meurtrier!» «Je crois en la cause de Morsi et que nous le rétablirons, en mettant davantage de pression dans la rue», a déclaré un manifestant, Mohamed Awad, venu de Minya, dans le centre du pays, à environ 250 km, au sud de la capitale. Plusieurs centaines d'autres étaient rassemblés à proximité du ministère de la Défense, en hommage aux trois manifestantes pro-Morsi, tuées vendredi à Mansoura, dans le nord du pays par des Baltaguis, portant des banderoles sur lesquelles était écrit «A bas le régime militaire».

VISAS GRATUITS POUR LES SYRIENS

Dans le Sinaï, où l'activisme de groupes armés devient inquiétant, cinq policiers ont été blessés dans une attaque à Rafah, ville frontalière entre l'Egypte et la bande de Ghaza et d'Israël. Plusieurs policiers et militaires ont été tués, ces derniers jours, dans cette région. Deux attaques menées par des groupes armés ont visé, dimanche, un poste de police à Al Arich et un poste de l'armée à Raha, faisant au moins quatre morts, selon des agences de presse, citant des membres de services de sécurité. Par ailleurs, le Président par intérim Adly Mansour, qui a assisté, en compagnie du général Al Sissi, à la sortie de promotions d'officiers de l'armée égyptienne lundi, devait prononcer dans la soirée un important discours, à l'occasion de la commémoration de la révolution de 1952, une manière de montrer que le nouveau pouvoir ne tient pas à s'aliéner les militaires, qui ont annoncé, dans la même journée, la fermeture de tous les axes routiers menant au ministère de la Défense, pour prévenir les rassemblements des pro-Morsi. Enfin, l'Egypte a annoncé qu'elle va octroyer des visas gratuits aux Syriens qui veulent entrer dans le pays.