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Notre supplément économie avec la collaboration de «MAGHREB EMERGENT» : Des patrons et du sens du placement

par Salim Rabia



Naguib Sawiris avait des ennuis avec les impôts en Egypte, il a donc investi dans le coup d'Etat. Il pose aujourd'hui, en faisant mine de nier, à celui qui a contribué à faire tomber le président Mohamed Morsi. Le trouble et richissime symbole de l'ère Moubarak est devenu un «révolutionnaire» : il a investi dans le Tamarod. Et il promet de mettre des milliards dans une Egypte économiquement exsangue mais sans Morsi. Le «nouvel ordre» est en route et les affairistes du temps de Hosni Moubarak relèvent la tête. Mais la partie n'étant pas finie encore Egypte, le «placement» dans le coup d'Etat n'est pas encore certain à 100%. Une part de risque «raisonnable» pour un businessman. Pas de quoi inquiéter un magnat qui a des placements substantiels ailleurs qu'en Egypte. Mais avec cet homme d'affaires que l'Algérien a appris à connaître, on a une illustration parfaite de la profonde imbrication en Egypte de la politique et du business.

Depuis l'infitah, on a tendance à voir l'Egypte précéder l'Algérie dans la mise en œuvre de certaines politiques. Mais pour l'instant, contrairement aux Egyptiens, les entrepreneurs algériens ont tendance à vivre cachés, à ne pas trop poser. A être économes de paroles. Ils ont tendance également à bien «choisir» au moment qu'il faut le candidat qu'il faut. Pour le prochain, celui de 2014, on peut supposer qu'ils attendent probablement de voir l'offre et surtout le «signal» pour faire le bon «placement». Les entrepreneurs algériens, du moins les plus importants d'entre eux, ceux qui sont par exemple dans le FCE, peuvent critiquer parfois le «système» mais ont-ils «intérêt» à le changer ? Une sociologue inverse ainsi la question ; et nous fait sortir de la réponse censée être «évidente» que le patron privé ne peut que vouloir changer un système présumé hostile à l'entrepreneuriat privé. De quoi ramener les esprits sur terre.

Les privés voudront le changement quand ils ne seront plus servis au sein de leurs réseaux d'insertion en politique. Et ils le voudront pour eux-mêmes et non pour de nobles catégories comme le pluralisme ou la liberté d'entreprendre. Ce qui est normal et logique. Qui a intérêt au changement ? Assurément le pays. Au moins dans sa politique gazière et de subventions. Un expert nous avertit : l'Algérie risque de se réveiller avec le syndrome égyptien. Après avoir nié la réalité, l'Etat égyptien a découvert que sa production en gaz naturel ne pouvait suffire à une demande qui a explosé du fait des subventions massives.Voilà au moins une bonne raison de ne pas suivre l'Egypte?