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Louiza Hanoune écarte un scénario à la tunisienne

par Z. Mehdaoui

Ce qui s'est produit chez notre voisin tunisien ne peut pas avoir lieu dans notre pays. C'est du moins ce qu'a affirmé hier la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) Louiza Hanoune à l'occasion d'une conférence de presse organisée au siège de son parti à El Harrach. Pour elle, ce qui s'est passé en Tunisie était spontané et sans calcul et ne peut être donc exporté en Algérie car, soutient la responsable du PT, «une révolte ne se décrète pas».

 Les analyses de certains sur la possibilité de vivre un tel scénario dans notre pays ne tiennent pas la route, estime encore la conférencière qui salue la révolte du peuple tunisien qualifiée «d'acquis pour toute l'humanité». Aucune révolte ne peut être programmée, se défend Louiza Hanoune qui note que «les révoltes ne se déclenchent que lorsque des raisons objectives sont réunies». Ce qui s'est passé en Algérie la semaine dernière à travers plusieurs wilayas est la conséquence des agissements de certains barons du commerce et des conteneurs, ajoute la responsable du PT. Cette dernière affirme que les émeutes qu'a vécues l'Algérie étaient une réponse à ces barons qui avaient décidé d'une manière unilatérale de procéder à la hausse des prix de certains produits alimentaires de base. «Il n'y avait pas de revendications claires en Algérie lors des émeutes et les gens ont répondu à une provocation», a déclaré la responsable du Parti des travailleurs qui affirme que ce sont les spéculateurs qui devraient être jugés et non les manifestants arrêtés.

 Même si elle salue les mesures prises par le gouvernement pour apaiser la colère des citoyens, Mme Hanoune a affiché hier une farouche opposition à la décision d'exonération de taxes au profit des producteurs et importateurs du sucre et de l'huile. La facture se chiffre à 53 milliards de DA, a souligné la conférencière qui ajoute que «l'Etat est sous l'emprise des spéculateurs». «Cette exonération va engraisser davantage ces nouveaux riches», lance Louiza Hanoune pour qui la solution réside dans la réhabilitation du secteur public pour la sécurité alimentaire du pays. «Nous refusons que l'Etat abdique devant ces barons», poursuit-elle encore.

 Sur le plan politique, la responsable du PT a appelé hier à «renouer avec le processus de 1991». Tout comme elle s'est interrogée sur le «silence inconfortable» des autorités algériennes face à la révolte tunisienne. «Le minimum aurait été de déclarer que l'Algérie respectait la volonté des peuples», a indiqué Mme Hanoune. L'ancienne candidate aux présidentielles a par ailleurs critiqué sévèrement la position de la France et des USA qui ont fait, dit-elle, un virage à 180°. Ces deux pays, affirme-t-elle encore, ont soutenu le président tunisien déchu jusqu'à la dernière minute avant de le lâcher comme une éponge. «C'est une hypocrisie extraordinaire», assène la secrétaire générale du PT qui souligne que la révolte des Tunisiens a «faussé tous les calculs des Occidentaux et des forces impérialistes».