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Emigration: Un conseil national pour rassembler les Algériens à l'étranger

par Ali Babès

Djamel Ould Abbès, le ministre de la Solidarité nationale, l'a annoncé samedi à Paris : les Algériens résidant à l'étranger, ou plus communément les émigrés, auront leur conseil national.



Une structure qui devrait rassembler tous les Algériens, particulièrement les intellectuels structurés dans des réseaux, ainsi que la diaspora algérienne. Selon le représentant du gouvernement, ce conseil aura l'avantage de rassembler tous les Algériens de l'émigration et de les fédérer autour du développement national. Le ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger, M. Djamel Ould-Abbès, a ainsi annoncé à Paris la création dans les prochains mois de ce Conseil national de l'émigration, qui sera, selon lui, l'interlocuteur des pouvoirs publics et fera appel «non à des individualités mais à des réseaux qui montrent leur efficacité». Le conseil national de l'émigration sera créé par décret présidentiel. On devine dès lors que le projet est, avant tout, un objectif du Président Bouteflika qui veut, à travers ce conseil, reprendre la main dans les affaires de l'émigration algérienne, particulièrement France, et l'associer dans des projets structurants en Algérie. Et, du coup, les fédérer autour des grands objectifs du développement économique et social, mais également leur donner une assise institutionnelle dans le pays d'accueil où ils peuvent créer des réseaux de soutien aux différents projets socio-économiques dans le pays d'origine. M.Ould Abbès est catégorique : le conseil national de l'émigration sera appelé à être «l'interlocuteur pour prendre en charge les préoccupations de la communauté nationale à l'étranger, mais également pour impliquer cette dernière dans le développement du pays d'origine». L'émigration algérienne à l'étranger est évaluée globalement à 7 millions de personnes, dont près de 4 millions résidant officiellement en France. Officieusement, le nombre des Algériens à l'étranger est beaucoup plus important, du fait des difficultés de constitution des documents légaux de résidence dans les pays d'accueil. Le futur conseil de l'émigration devrait être constitué de différents acteurs et de réseaux actifs en Europe, et servira d'interface entre les autorités algériennes et l'émigration, dont celle résidant en France. Pour autant, le fonctionnement d'un tel organisme, même «officiel», n'est pas évident. Beaucoup en Europe et en France mettent en garde déjà contre l'improvisation et la précipitation pour créer une structure devant parler et représenter les émigrés algériens, particulièrement les intellectuels, la diaspora. Ils mettent ainsi en évidence les Couacs des assises de l'émigration, organisées en mai 1995 à Alger, marqués par l'improvisation, ou la mise en place d'un Conseil provisoire de coordination et de Suivi (CPCS), coupé, selon des milieux de l'émigration, des réalités de la communauté algérienne émigrée. La mise en place d'un Conseil national de l'Emigration sera-t-elle, en fin de compte, un fonds de commerce politique ou une réelle volonté politique de fédérer durablement l'Intelligentsia algérienne, ainsi que la diaspora, autour des grands fondamentaux du développement économique et social en Algérie ? Après l'Amicale des Algériens en Europe, le Conseil national de l'Emigration ?