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Quelques mots aux ennemis de ce pays qui nous habite

par El Yazid Dib

Certains sites ou écrans adversaires, pensent trouver dans les mouvances de notre jeunesse, dans les expressions de nos plumes, dans l'ire de nos sens, dans l'huile de nos plats, de la poudre apte à faire exploser la stabilité du pays. Ces mêmes plumes, cris et ire qui nous tanguent, sont tous de l'amour autrement serti à ce pays qui nous habite. C'est de l'Algérie qu'il s'agit Messieurs ! Cette terre nourricière, cette sève matricielle. Rien à voir ! Circulez !

Ce n'est pas, parce que nos amers sentiments sont publics que nous avons de la haine envers ceux qui nous gouvernent. Ce n'est pas parce que nos différences de vision sont légion, que le déchirement nous traverse. Donc inutile Messieurs de l'Outre-Méditerranée, du Nord ou de l'Ouest, de croire avoir en nous des adeptes stylisés ou des félons typés. Nous, nous nous adossons aux murailles de notre histoire et nous ne faisons le baisemain qu'à la mémoire de nos héros.

Il est vrai que certains comportements individuels de dirigeants tentent de nous faire haïr l'institution qu'ils gèrent. L'on dénonce, l'on blâme et l'on se désolidarise de l'acte répréhensible, pas plus. Ce qui pousse, en conséquence, à leur stigmatisation et à leur porter tout le fiel que débitent nos inquiétudes. C'est dire, en bref, que tout finalement se passe entre nous, du pire au meilleur, du beau au laid et l'on a cure d'un regard insidieux étranger. C'est ici, dans nos cités, certaines hideuses, d'autres beaucoup plus aérées, magnifiques et merveilleuses que la dignité nous couronne et la fierté d'être intégralement citoyen algérien nous honore. Nous avons nos propres maux, et leur douleur est la nôtre, nous avons nos propres joies et leur jouissance est la nôtre. Nous avons nos propres échecs, nos propres gloires, alors de quoi je me mêle ?

Nous n'aimons pas les volte-face et le déni de l'autre, ni le retournement de veste. Notre terre n'est pas fixée sur un champ bourré de drogue et nous ne semons pas le poison dans les sillons abreuvés déjà de sang dès notre jeune âge. Nous n'avons pas l'âge des royaumes avachis, ni des monarchies menteuses et infidèles, ni encore des vieilles républiques usées; le nôtre est dans le terreau du temps et se régénère de guerre en guerre et de père en fils. L'on ne fait pas de la conspiration, notre tasse de thé ni de la normalisation, un protectorat. L'on vend du pétrole et de l'énergie et l'on ne troque pas le principe et la Palestine. Le bon voisinage est loin d'être une frontière qui nous sépare ou un contrat de gaz qui nous lie. Il est une confiance invariable, une postérité belle et fidèle. Des rouages du pouvoir, des coulisses de l'opposition, des préaux de lycées, des cages d'escaliers, des coins de rue nous savons extirper l'animal qui nous guette. Des fausses amitiés, des trahisons répétitives, des jalousies moribondes ; nous savons en faire, pour qui les veut des près de roses et des ponts d'amitié ou des portes d'enfer pour ceux qui veulent les ouvrir. Si vous voyez que l'huile nous fait défaut et des jours nous font parfois manquer de lait; vous savez bien que notre blé est dur comme l'est notre crâne, notre pain est pétri d'honneur comme l'est toujours notre consonance. C'est à l'abri de vos plateaux et sous votre aisselle que vous nourrissez les larbins, les vils, les pétainistes et les judas actifs en des exils dorés. L'algériennité ne se trouve pas exclusivement dans une carte biométrique ou une simple mention de lieu de natalité. C'est un amour qui ne connaît ni la connivence ni la complaisance contre l'intérêt de la patrie. Celle-ci de surcroît n'est pas un homme ou un régime ou leur héritage.

Il vaut mieux mourir debout ou endolori face aux forces du mal que de s'agenouiller et subir la lâcheté. Nous avions choisi la révolution et le sacrifice pour que notre terre ne soit ni la succursale outre-Atlantique, ni les meurtrières d'où l'on tire sur l'autre. Libres et affranchis de tout trône, de tout lobby, de toute «intelligence étrangère» ; nous nous déclamons de la sainteté des âmes de nos martyrs et de l'aplomb aguerri de toute leur descendance.