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Rashford, Griezmann et bien d'autres sportifs de haut niveau

par Hatem Youcef

Au Royaume-Uni, royaume du libéralisme économique où les boutiques de prêt sur gage ont pignon sur rue, les repas sont gratuitement offerts aux écoliers issus des couches défavorisées durant la période scolaire et c'est aussi le cas pendant les vacances durant cette période de pandémie grâce à l'énorme travail de sensibilisation fait par Marcus Rashford, la star de Manchester United qui a pris sur lui d'user de sa notoriété pour prendre contact avec le 10 Downing Street afin de trouver une solution à cet épineux problème. Boris Johnson appela le jeune footballeur pour lui annoncer le déblocage de fonds à cet effet. La reine Elisabeth II n'a pas été insensible à l'engagement de Rashford qui a été ainsi couronné par la médaille MBE (Member of the British Empire) pour son combat en faveur des enfants démunis. En France, c'est aussi une star de football, un champion du monde 2018 qui a fait parler de lui non pas pour avoir claqué la porte du Barça qu'il avait rejoint en provenance de l'Athletico Madrid où il avait réussi à devenir meilleur joueur de la Liga en 2016, mais pour un acte pas du tout habituel. Antoine Griezmann ne s'est pas non plus converti à l'islam et n'alla donc pas faire son pèlerinage à La Mecque d'où il aurait posté un selfie avec la Kaaba en arrière-plan comme il est d'usage chez beaucoup de joueurs traditionnellement musulmans, mais il s'est fait remarquablement remarquer dans l'Hexagone surtout en se rendant responsable d'un « acte politiquement rarissime » selon le mot du grand quotidien sportif L'Equipe. Ambassadeur du géant de la téléphonie chinoise depuis 2017, Griezmann a déclaré mettre fin immédiatement à son partenariat avec Huaweï «suite aux forts soupçons selon lesquels l'entreprise aurait contribué au développement d'une «alerte ouïghour» grâce à un logiciel de reconnaissance faciale », lit-on dans une dépêche de l'AFP. Mesut Özil avait, lui aussi, pris fait et cause pour la minorité ouïghour en décembre 2019. Il en résulta l'annulation de plusieurs matches initialement programmés par Arsenal sur les terres chinoises. D'aucuns y voient une guerre technologique où l'humanisme des joueurs est mis à profit pour gagner des batailles et faire perdre des parts de marché énormes au rival chinois qui menace sérieusement la suprématie occidentale en Occident même. Le geste de Sonny Bill Williams ne s'inscrit probablement pas dans cette logique de guerre, mais relève aussi du capitalisme et son emprise sur les sports à travers notamment la publicité et le sponsorship. Le grandissime rugbyman néo-zélandais s'est battu hors des terrains aussi férocement qu'il le fait sur la pelouse pour jouer avec une tenue où ne figure pas l'estampille de banques, de produits alcooliques et de sociétés de jeu. Il a pu arracher une clause stipulant son droit de refuser de porter sur son maillot des logos de compagnies en rapport avec la finance, le tabac ou toute autre pratique contraire à sa foi musulmane qu'il défend au prix de sa propre carrière au sein d'une société pas du tout acquise aux principes de l'islam. « Mon objection à porter des vêtements ventant les banques, l'alcool et les sociétés de jeu est au centre de ma croyance religieuse, et il est important pour moi d'avoir eu cette exemption », avait-il affirmé en 2017. Rashford, Griezmann, Özil, Williams et bien d'autres sportifs représentent le sport de haut niveau que les enfants du monde entier gagneraient à émuler.