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La guerre mondiale des vaccins, où en est l'Algérie ?

par Abderrezak Bouchama*

La présence de deux ministres, d'un ministre délégué, du porte-parole du gouvernement, ainsi que de l'ambassadeur russe pour réceptionner un simple lot de vaccin russe dans un aéroport militaire d'Alger peut paraitre a priori surprenante.

Elle a certainement prêté à beaucoup d'interprétations, dont la plus évidente semble d'abord politique : respecter l'engagement du Président Tebboune d'entamer la campagne de vaccination contre la Covid-19 en Janvier. Elle montre surtout que notre pays est enfin entré dans cette guerre mondiale des vaccins, seul moyen pour vaincre la pandémie du COVID-19.

Car c'est une vraie guerre que nous avons à mener, sans armes à feu. Une guerre qui fait beaucoup de victimes, détruit les économies et plonge les sociétés dans la précarité. Malheureusement, l'entrée de notre pays dans cette compétition planétaire, semble objectivement très problématique, bien tardive, sans stratégie claire et sans moyens concrets pour espérer la remporter.

La course aux vaccins

Le 30 janvier 2020, le secrétaire général de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que la Covid-19 est une urgence de santé publique de portée internationale, lançant ainsi une alerte mondiale depandémie. A ce moment-là, 7818 cas étaient confirmés, en majorité en Chine et 82 disséminés dans 18 autres pays.Dès la mi-mars, à partir de données recueillies en Chine et dans d'autres pays, les épidémiologistes avaient conçu des modèles de simulation mathématiques de la pandémie prédisant les schémas de transmission du SARS-CoV-2, avec leurs impacts en termes de morbidité et de mortalité(1).

Des chiffres choc ont été avancés, dont : 500 mille morts au Royaume uni, 2,5 millions de morts aux USA, partout des hôpitaux et des services de réanimation submergés par l'afflux de cas graves.Seules des mesures de santé publique drastiques et immédiates pourraient atténuer ce tableau apocalyptique.

C'est ainsi que malgré leur énorme coût économique et sociétal, de grandes mesures préventives ou conservatoires inédites ont été prises dès le mois d'avril un peu partout dans le monde :distanciation sociale, port obligatoire de masques, fermeture d'usines, de commerces et des transports publics, et en fin de compte l'impopulaire confinement.

La course aux vaccins a débuté immédiatement. Dès la publication par les chercheurs chinois gracieuse et sans brevet, du génome du virus de l'épidémie de pneumonie de Wuhan, qui sera ultérieurement dénommé SARS-CoV-2, responsable de la maladie Covid-19 (2).

La compétition s'est considérablement accélérée avec la publication de l'ampleur des conséquences sur la santé publique, l'économie, et la société. A coup de subventions colossales, les pays les plus puissants ont très vite engagé leurs fleurons dans la recherche scientifique et technologique sur les vaccins, aussi bien publique que privé,pour se lancer dans un sprint frénétique.

A titre d'exemple,le Royaume Uni s'est adossé à l'université Oxford en partenariat avec Astra Zeneca, la France a misé sur l'institut Pasteur et Sanofi, l'Allemagne sur Pfizer et BioNtech, et les USA sur leurs géants de la recherche que sont le NIH et les mastodontes de leur industrie pharmaceutique, Johnson &Johnson et Merk. Avec aussi de véritables joyaux dans la biotechnologie, symbolisés par Moderna ou Novavax. La Chine et la Russie font également une entrée remarquée et forte dans ce cercle jusque-là fermé de la vaccinologie par l'intermédiaire respectivement de Beijing Bio-Institute Biological Products et Gamaleya Research Institute of Epidemiology and Microbiology.

Ces pays ont mis toutes les chances de leur coté en misant à la fois sur des techniques anciennes et éprouvées (inactivation du virus), plus récentes mais confirmées (protéines recombinantes), récentes mais non testées (l'ADN et son vecteur l'adénovirus), ou totalement novatrices (ARNm). Car l'expérience avec le SARS et le MERS-CoV avait déjà montré combien il était difficile de créer des vaccins efficaces contre la famille des Coronavirus.

Dans une édition récente,le journal New York Times (3) a révélé comment ces états ont dépensé des milliards de dollars pour financer le développement de ces vaccins contre la Covid-19.

Les USA ont investi 18,6 milliards de dollars au total et ont consenti des avantages extraordinaires au secteur privé pour le convaincre de se joindre à cette course considérée comme vitale.

Ainsi, le vaccin à base d'ARNm de Moderna, a reçu 1 milliard de dollars de fonds fédéraux pour son développement et 1,5 milliards de dollars de précommande, lui garantissant ainsi sa rentabilité, avec la préservation du brevet et la liberté de décider du prix de vente. Les fabricants de vaccins ont également totalement verrouillé le marché, en interdisant aux acquéreurs de vendre ou de céder à titre gracieux leurs quotas de vaccins. Le geste magnifique de notre pays de partager le vaccin avec la Tunisie et le principe même de solidarité entre voisins et pays amis s'est évaporé dans ce monde déshumanisé.

Ces investissements colossaux des deniers publics et les facilités commerciales accordées aux développeurs de vaccins ont permis la mise au point de produits efficaces en moins d'un an, là où d'habitude on met cinq à dix ans et plus.

L'égoïsme des fabricants de vaccins

Le partage des vaccins a commencé alors même que ni son efficacité ni son innocuité n'étaient pleinement établies (4). A tel point que la FDA américaine adéclaré qu'un vaccin avec une efficacité de 50% serait autorisé sur le marché.

Ce fut donc un triomphe quand Pfizer et Moderna ont annoncé une efficacité de 94 et 95% d'un vaccin à base d'ARNm, une technique réputée extrêmement difficile à maitriser et jusque-là testée uniquement dans le cadre des thérapies des cancers. Alors que le vaccin d'Astra Zeneca-Oxford qui partait favori décevait avec une protection moindre, entre 62 et 90%. Mais surtout en raison d'une grossière erreur de dosage du vaccin lors des essais thérapeutiques, qu'ils avaient essayé de dissimuler par une astuce statistique, dilapidant ainsi leur immense crédit auprès de la communauté scientifique.

D'ailleurs, la FDA leur a demandé de nouveaux essais cliniques, faute de quoi il ne serait pas autorisé sur le sol américain. Tandis que la Suisse ne l'a pas autorisé sur son territoire, alors que les européens ne le recommandent pas aux sujets âgés de plus de 60ans.

Quant au vaccin russe, il a montré une efficacité de 91,6% qui le hisse à une très honorable troisième place, derrière les vaccins à base d'ARNm. Plus important est le fait que les russes aient publié leurs résultats dans une revue médicale de grande réputation comme le Lancet, surprenant positivement la communauté scientifique, jusque-là sceptique (5).

Alors que les Chinois, avec plusieurs projets de vaccins, n'ont encore rendu public aucun de leurs résultats, se contentant d'annonces contradictoires des essais effectués aux Émirats, en Turquie et au Brésil, qui ont ajouté à la confusion et semé le doute sur l'efficacité réelle de leur vaccins. Plus récemment, Johnson &Johnson et Novavax ont rejoint le club fermé des fabricants qui ont réussi à mettre au point des vaccins efficaces contre la Covid-19.

Pfizer, Moderna et Astra Zeneca, qui ont obtenu les autorisations de mise sur le marché,ont estimé que l'ensemble de leurs capacités de production ne pourraient couvrir que le tiers de la demande mondiale en 2021 et le reste devrait attendre 2023 voire 2024 (4).

Il est évident que ces fabricants n'ont pas les capacités de satisfaire une demande mondiale estimée à 14 milliards de doses afin de protéger 7 milliards de personnes en une année. Dans une démarche d'expansion de leur influence politique,la Russie et la Chine ont proposé d'autres approches : la Russie de vendre son savoir-faire, afin que les pays demandeurs comme le nôtre, puissent fabriquer localement leur vaccin(6), et la Chine d'en faire un bien public mondial (7).

L'Afrique du sud et l'Inde, inquiets par cette mainmise et les conséquences de tout retard de vaccination sur leur population, ont plaidé carrément en faveur d'une renonciation aux droits de propriété intellectuelle sur ces vaccins, lors d'une réunion à huis clos de l'Organisation mondiale du commerce afin de pouvoir les fabriquer chez eux.Mais cette requête est restée bien sûr sans succès (8).

Partage honteux et guerre européenne

Les pays les plus riches dont les 27 pays de l'Union Européenne, les Etats Unis et le Canada entre autres, soit 13 % de la population mondiale, se sont accaparés de la moitié de cette production (4).

Le Canada par exemple a commandé 9 doses de vaccins pour chacun de ses citoyens, symbolisant l'égoïsme absolu et le peu de considération qu'il a pour les autres populations. Ce partage honteux des vaccins,comme au temps de la colonisation, a été dénoncé par le secrétaire général de l'OMS comme un « monde au bord d'un échec moral catastrophique qui se payera en vies humaines perdues». Le président sud-africain a fustigé les pays riches lors du dernier sommet économique mondial de Davos et les a appelés à « mettre à disposition les doses excédentaires commandées et thésaurisées ».

Cependant,le consensus tacite entre les pays riches n'a pas tenu longtemps quand les deux fabricants Pfizer et Astra Zeneca ont annoncé une baisse de leurs productions de 30 à 60%. Cette annonce a suscité la panique et la colère des Européens, épuisés par les deux dernières vagues sur le plan économique et social et craignant une révolte de leurs populations. Surtout que les nouveaux variants, apparus au Royaume Uni, en Afrique du sud et au Brésil risqueraient de déclencher une 3eme vague qui s'étendrait au reste du monde et alors même que les vaccins les plus puissants à base d'ARNm ne protègeraient pas suffisamment contre ces variants. Par conséquent,le seul salut est dans une vaccination de masse et rapide, avant que les variants ne progressent et ne remplacent la souche actuelle. Les pays européens soupçonnent alors Astra Zeneca de favoriser le Royaume Uni et de détourner leur production en sa faveuret aux dépens de l'UE.Une véritable guerre commerciale est engagée, avec une menace de poursuites judiciaires et même le blocage de l'exportation du vaccin Astra Zeneca produit en Belgique. L'UE instaurerait même un contrôle des frontières entre les deux Irlande, risquant ainsi de rallumer la guerre civile entre eux, en provoquant ainsi une grave crise avec le Royaume Uni.

Entrée tardive et absence de stratégie

C'est dans ce contexte mondial tendu et aux enjeux colossaux que notre pays a reçu cinquante mille doses du vaccin russe spoutnik V (sur un total de cinq cent mille doses commandées) et cinquante mille du vaccin d'Astra Zeneca. Malgré les assurances du gouvernement, la stratégie vaccinale de l'Algérie reste vague et manifestement très insuffisante. Si le but général de la stratégie consiste à réduire les décès dus au Covid-19 et la transmission du SARS-CoV-2, le gouvernement n'explique pas comment il compte procéder : avec quels moyens, quel échéancier et dans quel délai ? Dans une guerre, il faut des objectifs clairs à atteindre, des moyens précis à déployer et une durée bien déterminée pour la conduire. Sur ces aspects,tout le monde est d'accord, la vraie question est de savoir se mettre en ordre de marche avec les moyens requis pour gagner, bref d'avoir déjà une vraie stratégie.

Les principaux acteurs en charge de la vaccination dans notre pays avancent publiquement des objectifs différents de la vaccination, qui varient entre 60 et 75%, donnant l'impression qu'il n'y a pas de consensus sur le principal objectif de stopper la pandémie. L'expérience récente de Manaus (9), au Brésil est très significative. En effet,bien que 75% de la population avaient déjà été infectés, une seconde vague submerge actuellement cet état, suggérant que ce taux n'est peut-être pas suffisant pour conférer une immunité collective. Elle indique probablement aussi l'effet dévastateur des variants viraux.

Le très sérieux, Bloomberg, un conglomérat mondial de données et d'analyses financières qui suit toutes transactions incluant achats et commandes de vaccins contre la Covid-19, a confirmé la réservation d'un peu plus de 8,49 milliards de doses dont l'immense majorité à destination des pays riches (10). Notre pays n'a réservé qu'un peu plus de 2 millions de doses, soit une couverture vaccinale de moins de 5% de notre population, ce qui nous place parmi les derniers dans le monde. Il est possible cependant que l'Algérie ait signé d'autres contrats qui ne sont pas rendus publics. Si c'est le cas, notre gouvernement doit partager cette information avec la population pour un problème qui les concerne directement et vitalement.

Si l'accord de fabrication du vaccin russe en Algérie est concrétisé, il serait un acquis stratégique majeur qui va au-delà de la protection des Algériens contre la Covid-19, à savoir la préparation du pays à de futures pandémies. Cependant, il est raisonnable d'assumer que cela prendrait du temps, afin de maitriser ce savoir-faire, mettre aux normes internationales les capacités de production, tester le vaccin et s'assurer de sa fiabilité. Il ne faut pas également compter sur la Russie pour couvrir tous les besoins de l'Algérie en vaccins qui seraient de plus de 80 millions de doses. La Russie doit d'abord protéger ses 146 millions d'habitants, alors qu'elle n'a jusqu'à présent vacciné que 0,7% (11). Plus de 50 pays ont soumis à la Russie leur demande pour vacciner plus de 1,2 milliard de personnes, ce qui correspond à 2,4 milliards de doses puisque Spoutnik V est un vaccin à deux doses. Les russes ont d'ailleurs déclaré que le vaccin destiné aux marchés étrangers sera produit sur place par les partenaires internationaux. Quant à notre autre fournisseur, Astra Zeneca, il a déjà du mal à honorer les engagements signés avec l'UE, sachant que jusqu'à présent ce vaccin n'est validé que pour les personnes de moins de 60ans.

Notre pays semble avoir tout misé sur l'initiative COVAX lancée par l'OMS comme l'a annoncé récemment notre ministre de la santé. L'objectif de cette initiative est de garantir un accès juste et équitable des vaccins Covid-19 au 92 pays qui ont en font partie (12). COVAX prévoit d'acquérir jusqu'à 1,8 milliard de doses au cours de l'année 2021, qui seront repartis à raison de 27% de la population totale de chaque pays, soit environ 12 millions de doses pour notre pays, ce qui reste loin du compte. De plus, de nombreuses incertitudes entourent cette initiative, dont la disponibilité du financement qui n'est pas encore garanti, ou l'approvisionnement en vaccins par les fabricants, qui restent tributaire de leur capacité de production très limitée et surtout dont la totalité a été déjà réservée aux pays les plus riches.

Les déclarations de la presse selon lesquelles notre gouvernement discuterait avec les Chinois et négocierait avec quatre autres fabricants, sans qu'il n'y ait de commandes fermes, un quota chiffré, et un calendrier précis de livraisons, ne sont pas très rassurantes. Alors que la solution n'est pas dans la négociation politique entre états, mais surtout commerciale, directement avec les fabricants. L'Algérie a des atouts dont un marché très attractif qui peut être utilisé comme levier pour convaincre ces fabricants dont le but est essentiellement de faire du profit. Il y en a actuellement une vingtaine,dont les vaccins contre le COVID-19 sont en phase clinique finale de développement. Finalement, s'il y a une leçon à retenir de tout cela, c'est le pouvoir d'anticipation et la rapidité de décision et d'action car les pays puissants se sont d'ores et déjà positionnés pour acquérir les vaccins de prochaine génération, protecteurs contre les nouveaux variants.

Scenario catastrophique

La pandémie de la Covid19 a bouleversé notre perception du monde et accéléré les changements dans les rapports entre états. Le nationalisme vaccinal dénoncé par l'OMS, s'est mué en une véritable guerre, où il n'y a ni amis, ni alliés, ni éthique. Chaque pays est tout seul à défendre d'abord ses propres intérêts(13). Il faut donc serrer nos rangs afin d'éviter une véritable catastrophe, car si nous ne rattrapons pas de toute urgence l'énorme retard d'acquisition des vaccins qui ont fait leurs preuves, nous risquerions clairement d'être relégués à 2022, voire 2023 ou 2024. Dans ce scenario possible, les conséquences seraient terribles, d'abord sur le plan interne avec la persistance de la circulation du virus et le risque d'une flambée de l'épidémie. Surtout si des variants plus contagieux ou plus mortels apparaissent chez nous et contre lesquels les vaccins actuels ne seraient plus efficaces. En effet, l'émergence de variants locaux avec un phénotype encore plus virulent ou plus contagieux, n'est pas à exclure, surtout si le virus continue à circuler de manière endémique chez nous. Sur le plan extérieur, il faudrait alors s'attendre à ce que notre pays soit soumis à un véritable blocus aux déplacements des personnes et des marchandises qui pourraient précipiter l'effondrement de notre économie, déjà en grande difficulté.

Sources

1. The simulations driving the world's response to COVID-19 https://www.nature.com/articles/d41586-020-01003-6

2. Chineseresearchersrevealdraftgenome of virus implicated in Wuhan pneumoniaoutbreak.

Science, 01/ 2020

3. Governments Sign Secret Vaccine Deals. Here's What They Hide. https://www.nytimes.com/2021/01/28/world/europe/vaccine-secret-contracts-prices.html?referringSource=articleShare

4. How COVID vaccines are beingdivided up around the world. https://www.nature.com/articles/d41586-020-03370-6

5. Sputnik V COVID-19 vaccine candidate appears safe and effective. Lancet, 02/2021

6. Sputnik V.

https://sputnikvaccine.com/fra/about-vaccine/#:~:text=Sputnik%20V%20est%20d%C3%A9j%C3% A0%20enregistr%C3%A9,au%20 Venezuela%20et%20en%20Bi%C3%A9lorussie.

7. Chinese vaccine would be ?global public good,' Xi says. https://www.politico.eu/article/chinese-vaccine-would-be-global-public-good-xi-says/

8. Backers of IP waiver for COVID-19 drugs make fresh push at WTO. https://www.reuters.com/article/health-coronavirus-wto/backers-of-ip-waiver-for-covid-19-drugs-make-fresh-push-at-wto-idUSL8N2JU5IQ

9. Resurgence of COVID-19 in Manaus, Brazil, despite high seroprevalence. Lancet, 01/2021

10. Covid-19 Deals Tracker:

8.49 Billion Doses Under Contract

https://www.bloomberg.com/graphics/covid-vaccine-tracker-global-distribution/contracts-purchasing-agreements.html

11. Tracking Coronavirus Vaccinations Around the World https://www.nytimes.com/interactive/2021/world/covid-vaccinations-tracker.html

12. COVAX global supply forecast

https://www.gavi.org/sites/default/files/covid/covax/COVAX%20Supply%20Forecast.pdf

13. Les pandémies: graves menaces

à la sécurité nationale.

http://www.lequotidien-oran.com/?archive_date=2021-01-23&news=5297832

*Dr, réanimateur & chercheur King Abdullah International Medical Research Center, Riyad, KSA