La planche
à billets va bientôt s'arrêter ! Et voilà une autre nouvelle qui démontre que
le navire ?Algérie' ne sait plus où il va. Comment se fait-il qu'en pleine
crise de légitimité, l'exécutif se hasarde à prendre une décision d'une telle
importance ? Lancée par l'ex-Premier ministre Ouyahia
pour prévenir un choc financier d'ampleur, suite à la chute des prix des
hydrocarbures, et pour ne pas s'agenouiller devant le FMI, la planche à billets
semble justifier ses limites dans un pays qui dépend à 98% des recettes du
pétrole et qui peine de surcroît à diversifier son économie. Voilé par le
contexte des manifestations, l'aspect économique de la crise revient
s'installer dans une actualité morne : les réserves de changes sont descendues
sous la barre des 80 milliards de dollars à la fin de l'année 2018. Ce qui
représente une érosion de plus de 17 milliards, en moyenne, annuellement, alors
que la tendance baissière continue sur sa lancée. Quant à la facture des
importations, elle demeure, malgré toutes les mesures prises par le
gouvernement pour la faire diminuer, toujours aussi salée, soit près de 45
milliards de dollars.
En
parallèle, les exportations du pays ne dépassent pas les 3 milliards de
dollars, soit juste de quoi payer la facture des médicaments que l'on importe! Si le ministre de l'Energie Mohamed Arkab avait déclaré, le 20 juin 2019 dernier, en marge
d'une plénière du Conseil de la Nation, qu'il voulait un baril à 80 dollars
pour permettre à Sonatrach d'augmenter ses ressources
et de réaliser ses programmes de développement, la réalité est que la piètre
performance économique de l'Algérie risque de coûter cher à l'économie et à la
stabilité sociale. Puis, rien n'explique les contradictions qui entachent cette
décision aussi rapide qu'irréfléchie, à commencer par l'attitude, pour le moins
étrange, de la Banque d'Algérie qui, pour rappel, n'avait émis aucune réserve
au financement non-conventionnel au départ, avant de finir par estimer, dans
une note publiée le 1er avril dernier, que le recours de l'Algérie à la planche
à billets était « dès le début injustifié». Pourquoi l'avoir validé alors ?
C'est là toute l'étendue de notre problème : l'incurie et la mauvaise gestion.
Pour redresser le tort, les experts de la BN ont expliqué que la situation
macro-économique, en Algérie, durant les premiers mois de 2017, était «loin de
présenter des similarités avec les cas exposés dans la note des experts
(États-Unis, Europe, Japon) qui seraient susceptibles de justifier le recours
au financement non conventionnel, dans notre pays,». Pourquoi sort-on cet
argument maintenant et non pas au moment des faits?
Démunis face à la réalité, poussés à la sortie par la petite
porte, harcelés par les retombées d'une crise régionale inextricablement
complexe, nos responsables à tous les niveaux sont perdus dans des logiques
contradictoires qu'ils essaient, tant bien que mal, de colmater avec une
logorrhée verbale et démagogique, un peu forcée. Or, ce n'est pas avec ce genre
de « danse des derviches tourneurs» qu'on peut régler les problèmes d'un peuple
de quarante millions d'âmes ! Réveillez-vous s'il vous plaît Messieurs !