Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Une répression orientée

par Kharroubi Habib

Depuis que par intérêt et calcul le général Gaïd Salah a fait basculer l'armée dans le camp du mouvement populaire revendiquant la destitution de l'ex-président Bouteflika et celle de tous les responsables politiques et étatiques qui ont endossé son insensé projet de briguer un cinquième mandat, il n'a eu cesse de marteler que l'institution militaire restera fidèle à son engagement d'accompagner et de protéger ce mouvement populaire. Ce même général est toutefois accusé d'avoir pris la tête d'une contre-révolution visant à casser la dynamique dont ce mouvement est animé et à faire obstacle à sa revendication d'un changement radical du système politique et de régime.

L'accusation n'est pas sans fondement au vu de l'intimidation dont ce mouvement populaire fait l'objet sous la forme d'interpellations et d'arrestations de militants politiques et activistes agissant en son sein. Le dénominateur commun de ceux qui font les frais des opérations policières répressives est qu'ils appartiennent à un courant politique qui est non seulement hostile à la solution politique de la crise dans le cadre constitutionnel telle que veulent l'imposer le chef d'état-major et le haut commandement de l'armée mais refuse également de s'associer à l'autre courant politique qui prêche la recherche d'un compromis politique acceptable tant pour le mouvement populaire que pour l'institution militaire.

L'effet recherché par le recours à la répression contre les irréductibles opposants à la démarche du chef d'état-major est en toute probabilité la reconstruction du mur de la peur tombé le 22 février et ainsi obtenir que le mouvement populaire les désavoue et prend ses distances à leur égard. Mais c'est tout le contraire qui risque d'en résulter car le retour à la gestion du mouvement populaire par la répression et l'arbitraire en est à être intolérable pour tous les Algériens quel que soit leur positionnement sur le comment envisager la solution menant à la sortie de crise.

Le courant politique « dialoguiste » ne peut permettre de continuer à prôner le compromis alors que l'arbitraire et la violation des droits et libertés sont de retour. Cette situation le condamne à faire de sa cessation un préalable non négociable et à l'intransigeance dans la formulation de cette exigence. Faute de quoi il apparaîtra comme acquiesçant à cette contre-révolution que l'on prête à Gaïd Salah de l'avoir enclenchée pour en finir avec le mouvement populaire et la notion de primauté de la souveraineté du peuple dont il est l'expression.