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Alors que la
situation politique est délétère avec la décision du Congrès général national
(CGN ? parlement) de prolonger son mandat qui expire normalement le 7 février,
la Libye a connu une journée de jeudi particulièrement agitée. Plus grave, des
services spéciaux agiraient déjà dans le pays alors que le Niger appelle
ouvertement la France et les Etats-Unis à faire le «service après-vente».
A Benghazi, dans la grande ville de l'Est du pays où des fédéralistes tiennent la dragée haute au pouvoir de Tripoli, des groupes armés ont attaqué les bâtiments des chaînes de TV privées Libya al-Ahrar et Libya Oula et ont causé d'importants dégâts matériels. On ne connaît pas l'identité des assaillants mais l'attaque participe à la confusion générale dans un pays encore largement livré aux milices. Le même jour, une attaque a été lancée contre le siège de l'état-major de l'armée dans le sud de la capitale Tripoli. Un porte-parole de l'armée a indiqué que l'attaque a été repoussée et là, également, l'identité des assaillants reste inconnue. Mais dans un pays où les milices sont nombreuses et très armées, cet «anonymat» des acteurs armés ne surprend pas. Le porte-parole de l'armée a indiqué que les «assaillants ont pillé des voitures et quelques armes, avant de se retirer». Mais ces violences interviennent sur fond de situation politique compliquée par la décision du Congrès général national (CGN, parlement) de prolonger son mandat. Des appels à manifester contre la décision, entérinée lundi dernier, ont été lancés et font craindre des débordements dans un pays où les armes circulent sans aucune difficulté. LA SITUATION POLITICO- MILICIENNE SE COMPLIQUE La transition libyenne rendue chaotique par l'incapacité du pouvoir «central» à mettre au pas les milices et à reconstituer des forces armées capables de reprendre les choses en main se complique ainsi avec la décision du CGN de prolonger son mandat au-delà du délai prévu. Pour ses adversaires, non seulement la fin de l'échéance mais également son incapacité à remettre la Libye sur les rails, lui ont fait perdre toute légitimité. En place depuis juillet 2013, le Congrès général national (CGN) devrait préparer l'élection d'une Constituante et organiser des élections générales, dans un délai de 18 mois. En théorie, tout devait être bouclé le 7 février. Cela n'est pas le cas. Mais le CGN, au nom de l'impératif d'éviter le «vide», a décidé de prolonger son mandat jusqu'à la fin de l'année 2014 en introduisant pour cela des amendements constitutionnels. Sauf qu'une bonne partie des Libyens estiment qu'une institution qui n'a pas été en mesure de rétablir l'ordre et la sécurité n'est pas fondée à se donner un sursis. Le CGN s'est donné deux possibilités. Si la commission constitutionnelle arrive à adopter un projet de Constitution dans un délai de 4 mois, à compter du 20 février, les élections générales auront lieu avant la fin 2014. Un scénario trop optimiste. Ce qui fait que le plan B prévoit, dans le cas où la Constituante est incapable d'accoucher d'un texte, d'organiser des élections présidentielle et législatives et d'entamer une nouvelle transition de 18 mois. Mais la décision de prolonger le mandat est très contestée et elle peut dégénérer, comme le montrent les attaques de jeudi à Benghazi et à Tripoli. Un mouvement «Non à la prolongation» a été créé à Benghazi et réclame la dissolution du Congrès. La Cellule des opérations des révolutionnaires en Libye, une milice pro-islamiste officieusement sous la tutelle de l'armée, a soutenu la prolongation du mandat tout comme la puissante milice de Misrata. Mais d'autres milices, dont celle de Zenten, traditionnels rivaux de ceux de Misrata, ont promis de défendre le «mouvement populaire» contre le Congrès. DES COMMANDOS ALGERIENS EN «OPERATIONS PONCTUELLES» ? Alors que la situation politique et sécuritaire est délicate, le ministre nigérien de l'Intérieur, Massoudou Hassoumi, a estimé mercredi qu'il était «tout à fait légitime que la France (et) les Etats-Unis interviennent pour éradiquer la menace terroriste dans le sud de la Libye». Le ministre nigérien a affirmé que les «puissances qui sont intervenues en Libye pour renverser le colonel Kaddafi, à la suite de quoi la Libye est devenue aujourd'hui le principal sanctuaire terroriste, doivent faire le service après-vente». Cet appel est à lier aux déclarations du directeur des services de renseignement américains James Clapper qui a qualifié le Sahel d'incubateur pour les groupes extrémistes. Pour le ministre nigérien, le responsable américain aurait dû être plus précis et dire que «le Sud libyen est un incubateur de groupes terroristes». Des informations se multiplient dans les médias occidentaux sur un engagement de plus en plus important des services spéciaux occidentaux en Libye. Le Canard Enchaîné a affirmé que des «commandos algériens ont eux aussi franchi la frontière libyenne» mais pour des «opérations ponctuelles uniquement». |
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