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![]() ![]() ![]() ![]() Un clavier,
une connexion moyenne et un ego XXL : il n'en fallait pas plus pour qu'Amir DZ
s'imagine en cyber-justicier. Depuis son canapé d'exil douillet où il ne risque
ni la prison, ni une panne de latte, il bombarde la gouvernance avec la
subtilité d'un marteau-piqueur. Ni Camus, ni Snowden,
mais avec la passion d'un ado en pleine crise d'influence. Ses punchlines tombent comme des stories mal cadrées :
bruyantes, floues, et souvent à côté du sujet.
Mais derrière le masque pixelisé du résistant 3.0, les coulisses sont d'un autre genre. Plutôt que de faire tomber des régimes, il fait surtout monter les audiences sur ses sites pour adultes. Oui, pendant que certains lisent Chomsky, Amir optimise le référencement de vidéos classées X et revend des données personnelles comme on revend des chaussures sur Vinted. Plus start-up nation que révolutionnaire. La vérité ? C'est un abonnement premium. L'indignation ? Un algorithme bien huilé. Le courage ? Une connexion VPN. Il ne dénonce pas, il monétise. Il ne milite pas, il maximise. Bienvenue dans la résistance 2.0, où le QI fait du surplace pendant que les vues s'envolent. Et pendant que ce génie de la pensée low-cost se filme à la lumière bleutée d'un néon mal fixé, certains médias français - toujours en quête de leur Che Guevara en version YouTube - l'adoubent en nouveau Zola. Un « J'accuse » compressé en 60 secondes, avec incrustation d'emojis pour garder l'attention. C'est pratique, ça coûte moins cher qu'un vrai intellectuel, et ça ne cite jamais Marx (sauf par erreur). Pendant ce temps, Georges Ibrahim Abdallah continue de croupir dans une prison française, sans micro, sans filtre, sans buzz. Trop rouge, trop droit, trop cohérent : pas assez bankable pour les plateaux télé. On préfère Sansal, l'intello propre sur lui, laïc, francophone, made in salon du livre. L'arabe de service qui sait conjuguer ses idées en bon français. Et Amir ? Lui, c'est l'enfant roi du numérique. Le porte-voix des sans-nuance. Il parle vite, il pense peu, mais il filme tout. Il suffit d'un débit ADSL et d'un débit verbal pour devenir « conscience politique ». Il vend de l'indignation comme d'autres vendent du café soluble : instantané, insipide, mais ça réveille un peu. Orwell aurait vomi. Non pas à cause de la censure, mais du vacarme. Ce n'est plus le silence qui écrase la vérité, c'est le bruit, les likes, les montages TikTok. Chaque buzz est un verdict. Chaque hashtag, un substitut de pensée. Et nous ? Nous sommes là, accrochés à nos écrans, avalant nos colères comme on binge du divertissement. Des causes en kit, des héros à usage unique, des émotions jetables. On ne cherche plus le vrai, juste ce qui claque. Ce qui fait pleurer, liker, partager - avant de passer à autre chose. Si la justice avait encore un sens, Abdallah serait libre. Si la pensée avait encore un prix, Amir DZ serait resté coincé dans un onglet privé. Mais voilà : dans ce monde qui confond la lumière des projecteurs avec celle de l'esprit, il suffit d'un petit QI et d'une grande bouche pour s'inventer une légende. Alors, encore un épisode ? Bien sûr. Tant que le vide est divertissant. |
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