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Réactiver l'axe Alger-Abuja-Pretoria

par Kharroubi Habib

Les relations bilatérales entre l'Algérie et l'Afrique du Sud dont le président est arrivé hier à Alger en visite officielle sont qualifiées «d'excellentes» par les autorités des deux pays. La coopération entre les deux Etats se densifie en effet d'année en année marquée par les conclusions d'accords commerciaux et d'échanges de plus en plus nombreux et diversifiés. Leur entente est tout aussi notable au plan politique et diplomatique, l'Algérie et l'Afrique du Sud partageant des positions communes sur les questions africaines et régionales y compris comme l'a déclaré le ministre adjoint sud-africain des Relations internationales, Ebrahim Ebrahim, concernant «la résolution du conflit au Mali par le dialogue, la lutte contre le terrorisme et le crime organisé dans la région du Sahel ainsi que sur la décolonisation du Sahara Occidental».

Motivés par l'excellence des rapports de leurs Etats, le président Bouteflika pour l'Algérie et ses homologues sud-africains, Thabo Mbeki d'abord, son successeur Jacob Zuma ensuite, ont travaillé à la constitution d'un axe géopolitique et économique entre Alger et Pretoria auquel s'est intégré le Nigeria alors dirigé par l'ex-président Obasanjo et maintenant par son remplaçant Goodluck Jonathan. Si l'entente a caractérisé les rapports entre Bouteflika, Mbeki et Obasanjo et leur a permis de donner corps à cet axe Alger, Pretoria et Abuja dont le poids pèse indubitablement sur la scène africaine, il ne semble pas qu'elle soit aussi présente dans le trio constitué de Bouteflika, Zuma et Goodluck.

Il est vrai que la situation dans les trois pays pose à leurs présidents en exercice des problèmes d'ordre intérieur qui les ont contraints à se consacrer à la recherche de leurs résolutions et à moins s'impliquer dans la consolidation de l'axe géopolitique s'étant esquissé entre les trois pays. Pour autant, cela ne signifie pas que les trois Etats ont renoncé à ce projet dont l'aboutissement ferait d'eux les incontestables «locomotives» du continent africain et cela à tous égards vu les richesses de leurs ressources naturelles, les potentialités économiques qu'ils recèlent et la densité de leur peuplement respectif.

Jacob Zuma est arrivé à Alger dans l'intention de réactiver le projet d'axe esquissé entre les trois pays. Il trouvera une oreille attentive et intéressée auprès de Bouteflika car celui-ci n'est pas sans ignorer qu'un autre axe africain s'est forgé dont le Maroc est l'architecte qui a pour objectif de réduire l'influence de l'Algérie au sein du continent et de ses instances unionistes. D'Alger, Zuma se rendra dans le même but à Abuja où il rencontrera Goodluck Jonathan qui ne semble pas aussi intéressé et actif à conforter l'axe Alger, Abuja et Pretoria que le fut son prédécesseur Obasanjo.

Au plan bilatéral entre l'Algérie et l'Afrique du Sud, la visite de Jacob Zuma à Alger coïncide avec la tenue de la réunion de la sixième commission mixte de coopération dont il est attendu qu'elle se conclut par la signature entre les deux pays de plusieurs accords économiques et autres.